Après la Finlande, à la fin du siècle dernier, l'idée d'une journée de travail de 6 heures est expérimentée, avec succès, en Suède. Elle repose sur l'usage des applications collaboratives et la confiance pour l'abandon des activités personnelles sur le lieu de travail. Comment conjuguer vie professionnelle et vie privée, trouver un nouvel équilibre en réduisant la durée de la journée de travail, et pourtant continuer de gagner en productivité ? Une expérience est menée depuis la mi 2014 en Suède, par la ville de Göteborg et des PME locales, et elle rencontre un réel succès.

De la Finlande à la Suède

L'idée n'est pas nouvelle, elle a été expérimentée entre 1995 et 1998 par une vingtaines de municipalités en Finlande, frappées par la crise qui a secoué l'économie de ce pays. A l'époque, l'idée était d'appliquer une réduction du temps de travail, et donc des charges municipales, compensée par une amélioration de la vie privée obtenue via un meilleur équilibre vie professionnelles et vie privée. Le modèle d'exécution reposait sur un 6+6, à savoir une équipe travaille 6 heures, puis une seconde prend la relève durant 6 heures, soit une amplitude d'activité de 12 heures. Menée durant 3 ans, l'expérience n'avait pas été renouvelée, malgré son succès. Il est difficile de changer les habitudes culturelles, en particulier sur les conditions de travail. Et l'époque n'était pas encore suffisamment technologique, rencontrant un Internet émergeant et embryonnaire. Presque 20 ans après, le monde du travail a bien changé, même s'il continue de reposer pour beaucoup sur des modes d'expression archaïques. Ainsi les temps de travail demeurent figés, à l'exemple du 8 heures par jour français. Alors qu'aujourd'hui les méthodes et les outils ont largement évolué, en particulier au travers des IT et de la mobilité.

Mobilité, outils collaboratifs et confiance

Autre constat, nous l'avons déjà évoqué en plusieurs occasions (lire « Les Français accros à l'email y consacrent la moitié de leur temps de travail »), nous consacrons/perdons beaucoup de temps sur les réseaux sociaux ou les emails, pas toujours, loin s'en faut, destinés à un usage professionnel, et qui nous font perdre en moyenne 3 heures par jour. Le projet mené par la ville et les entreprises de Göteborg repose donc sur trois axes :
  • La mobilité, pour plus de flexibilité et de liberté.
  • L'usage des outils collaboratifs, comme Evernote, Dropbox et Google Drive, pour augmenter la productivité. Et des réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter ou YouTube, mais optimisés pour apporter services et valeur à l'entreprise.
  • La confiance, les salariés qui bénéficient de la réduction à 6 heures du temps de travail s'engagent à travailler plus durant cette période, et en contre partie à abandonner tout ce qui relève des activités personnelles, l'usage des réseaux sociaux n'étant cependant pas interdit.

Et ça marche…

En Suède, l'expérience marche. Culturellement, les Suédois sont habitué à un temps de travail inférieur à la moyenne européenne – 36,5 heures hebdomadaires contre 38 en France -, donc le « travailler plus sur un laps de temps plus réduit » en laissant de coté des activités personnelles a séduit. Les entreprises elles même y trouvent leur compte, avec des améliorations financières. A l'exemple du géant Toyota, qui permet à ses ingénieurs d'aménager leur temps travail en fonction de leur vie privée, et qui par ce biais a augmenté son bénéfice de 25 % ! Le bénéfice pour les entreprises est donc réel, à la condition de s'adapter. C'est ainsi que le modèle finlandais du 6+6, en plus de réduire le temps de travail de 8 à 6 heures, permet à l'entreprise d'augmenter son temps de couverture, qui passe de 8 à 12 heures, ce qui devrait en particulier intéresser les entreprises qui travaillent à l'international. Une nouvelle fois les IT accompagnent la transformation digitale en se faisant le support de nouveaux modèles d'échange, de collaboration, et de mobilité. La condition étant de former les collaborateurs aux nouveaux outils collaboratifs, pour devenir plus productifs tout en étant moins distraits. Source : « La journée de travail suédoise de 6h à l’épreuve des nouveaux comportements en entreprises », par Alain Logbo, Directeur Commercial Entreprises EMEA de LogMeIn