Les entreprises industrielles qui ont structuré leurs données autour d’un système PLM adoptent l’IA plus vite, plus efficacement et avec un meilleur retour sur investissement. L’étude internationale publiée par Aras met en évidence un écart croissant entre les organisations disposant d’une continuité numérique maîtrisée et les autres. Au-delà des outils, c’est une nouvelle hiérarchie industrielle qui se dessine.
Les entreprises qui s’appuient sur une plateforme PLM (gestion du cycle de vie produit) ne se contentent pas d’archiver leurs données de conception. Elles construisent un fil numérique structuré entre la R&D, l’ingénierie, la production, la qualité, la logistique et la conformité. Ce fil conducteur, souvent désigné comme « digital thread », assure la cohérence, la traçabilité et l’exploitabilité des données tout au long du cycle de vie du produit. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle ne vient pas compenser une fragmentation, mais amplifier une organisation déjà rationalisée. Une étude publiée par Aras, le spécialiste de la gestion du cycle de vie des produits et des solutions de continuité numérique, révèle que 87 % des utilisateurs de PLM exploitent l’IA dans leurs processus de développement, contre seulement 59 % chez les entreprises non équipées. Cet écart reflète un facteur de performance structurel, et non un simple différentiel d’outillage.
Dans les industries soumises à des exigences réglementaires et environnementales croissantes, la donnée fiable et contextualisée devient un atout stratégique. L’étude souligne que 88 % des entreprises dotées de PLM se disent prêtes pour la directive CSRD et le passeport numérique des produits, contre 70 % sans infrastructure équivalente. Cette différence reflète la capacité à organiser, certifier et mobiliser des données conformes à la demande, condition sine qua non pour déployer efficacement des algorithmes de supervision, d’aide à la décision ou de prédiction. Le PLM devient ici un outil de transformation de la conformité : il permet non seulement de répondre aux obligations, mais aussi de convertir la contrainte réglementaire en levier de compétitivité par l’automatisation et la transparence.
Vers une IA embarquée dans les chaînes de valeur
L’étude met en lumière un autre facteur différenciant : la capacité des utilisateurs de PLM à résister aux chocs et à réagir aux perturbations. Cette résilience s’explique par la disponibilité immédiate de données fiables et mises en contexte, permettant à l’IA de produire des analyses pertinentes en temps réel. Loin d’être un simple support d’optimisation, le PLM joue un rôle central dans l’orchestration de l’intelligence opérationnelle. Il permet d’anticiper les ruptures, de réorganiser les flux et d’ajuster les modèles de production. À l’heure où les chaînes de valeur se complexifient, cette aptitude à réagir vite et bien grâce à une base de données maîtrisée donne un avantage concurrentiel qui s’amplifie dans le temps. Le PLM devient ainsi une condition d’agilité organisationnelle, bien au-delà de la seule ingénierie.
Selon Leon Lauritsen, PDG d’Aras, « les entreprises équipées de PLM ne se contentent pas de stocker de l’information. Elles orchestrent la prise de décision et génèrent une intelligence organisationnelle capable de s’adapter en temps réel aux dynamiques du marché ». Cette affirmation illustre un basculement stratégique dans lequel les solutions de gestion du cycle de vie produit ne sont plus des outils métiers isolés, mais des plateformes centrales d’articulation entre données, processus et acteurs. L’IA, dans ce cadre, agit comme un amplificateur d’une structure déjà pensée pour l’optimisation et la réutilisation des informations. Ce renversement de perspective appelle à revoir les priorités en matière d’investissement. Mieux vaut une architecture robuste qu’un empilement de technologies brillantes mais mal intégrées.
À mesure que l’IA devient omniprésente dans les discours industriels, l’écart entre les entreprises réellement prêtes à en tirer parti et celles qui en font un levier marketing se creuse. L’étude Aras montre que les leaders digitaux sont aussi ceux qui ont su miser tôt sur des architectures de données interopérables, connectées, évolutives. Loin d’être un simple préalable, le PLM devient un catalyseur de performance IA dans les domaines les plus critiques : innovation produit, conformité, maintenance, résilience, durabilité. Pour les dirigeants industriels, la question n’est plus de savoir s’il faut adopter l’IA, mais si l’organisation est en état d’en tirer un avantage. Selon Aras, la réponse passe de plus en plus par le choix d’un socle PLM mature, évolutif et intégré.