L’intelligence artificielle générative est devenue incontournable dans le paysage technologique actuel, stimulée par une adoption grandissante dans les entreprises et un engouement sans précédent du public. Dans ce contexte, une étude récente de Sopra Steria Next, le cabinet de conseil du groupe Sopra Steria, révèle une croissance exponentielle du marché, projeté à plus de 100 milliards de dollars en 2028, contre seulement 8 milliards de dollars en 2023. Cette expansion fulgurante correspond à un taux de croissance annuel moyen de 65 %, ce qui positionne clairement l’IA générative comme l’une des tendances technologiques distinctives de cette décennie.
Malgré une percée spectaculaire en 2023, le marché de l’IA générative s’est jusqu’ici principalement concentré autour des fournisseurs d’infrastructures cloud et des producteurs de processeurs graphiques, essentiels à l’exploitation des grands modèles. Selon Fabrice Asvazadourian, directeur général de Sopra Steria Next, « à l’instar de la ruée vers l’or, les premiers gagnants sont les vendeurs de pelles et de pioches ». Toutefois, 2024 marque le début d’une monétisation plus diversifiée de l’IA générative, portée à la fois par les grands acteurs technologiques, étendant leurs offres, et par une multitude de startups ciblant des cas d’usage spécifiques.
Trois phases d’évolution attendue
L’étude distingue trois phases distinctes dans l’évolution de l’IA générative sur les trois prochaines années. Actuellement et jusqu’en 2025, les entreprises privilégient une approche dite de « GenAI augmentée par l’humain », se focalisant sur des applications comme l’assistance à l’utilisateur, le marketing digital, le développement logiciel, le service client et la gestion des connaissances.Entre mi 2025 et fin 2026, une deuxième phase verra le déploiement massif d’applications personnalisées, exploitant les données propriétaires des entreprises. Cette période, baptisée « GenAI personnalisée par des données propriétaires », sera caractérisée par une hausse significative des investissements en compétences internes et infrastructures spécifiques à l’IA générative.
Enfin, d’ici trois à quatre ans, la troisième phase — la « GenAI appliquée au cœur des processus » — émergera avec des modèles multimodaux et spécialisés à la fiabilité renforcée, permettant une automatisation poussée de processus métier complexes. Cela ouvrira de nouvelles perspectives d’efficacité opérationnelle, notamment dans des secteurs industriels sensibles où la réduction des risques d’erreurs est impérative.
50 % d’utilisateurs payants, contre 15 % actuellement
Parmi les secteurs les plus concernés par l’adoption massive de la GenAI figurent les services financiers (25 à 30 % du marché en 2028), suivis par la santé, les biens de consommation et le commerce (15 à 20 % chacun), ainsi que les médias et le divertissement (10 à 15 %). En parallèle, le nombre d’utilisateurs devrait doubler, voire tripler, atteignant 400 à 600 millions de personnes en 2028, avec une proportion significativement accrue d’utilisateurs payants (près de 50 % contre seulement 15 % actuellement). Cette dynamique se traduira aussi par une augmentation spectaculaire du temps quotidien passé sur ces applications, estimé entre 30 et 60 minutes par jour, avec un revenu moyen par utilisateur payant compris entre 30 et 40 dollars par mois.Pour illustrer ces évolutions, Sopra Steria Next recense déjà une centaine de cas d’usage matures en 2024, capables d’offrir des gains de productivité allant de 7 à 10 % sur trois ans s’ils sont déployés à grande échelle. Par exemple, dans le domaine du marketing digital, la GenAI permet déjà une segmentation plus fine des audiences et une personnalisation poussée des contenus, comme l’a expérimenté un grand groupe de biens de consommation dans l’optimisation de ses dizaines de milliers de pages web. De même, dans l’ingénierie logicielle, les équipes de Sopra Steria observent quotidiennement des gains d’efficacité dans la génération, la revue et l’optimisation de codes, ainsi que dans la gestion du support utilisateur.
Enfin, le rapport souligne que les entreprises doivent désormais dépasser la fascination initiale pour adopter une stratégie programmatique rigoureuse, équilibrant innovation, maîtrise technologique et enjeux humains. Comme le résume Fabrice Asvazadourian, « la clé du succès réside dans une approche progressive où l’humain et l’intelligence artificielle s’augmentent mutuellement, au bénéfice d’une compétitivité durable des entreprises ».