Le rapport 2025 « The State of Enterprise AI » publié par OpenAI apporte un éclairage inédit sur les usages de terrain de l’intelligence artificielle en entreprise, le degré d’intégration des outils, les gains de productivité et les défis organisationnels que pose cette transformation.

L’intelligence artificielle, qui relevait encore récemment du registre expérimental ou ponctuel, façonne désormais en profondeur les processus métiers et les outils opérationnels. Le témoignage de milliers de salariés et de dirigeants met en lumière un une évolution dans les usages et des résultats : l’intégration structurée de l’IA apporte des gains de productivité concrets, mais l’écart se creuse entre pionniers et retardataires, faute de culture commune et d’encadrement organisationnel à la hauteur des enjeux.

Le rapport OpenAI montre qu’une grande majorité de salariés, tous secteurs confondus, attribue à l’IA une accélération de la production et une amélioration de la qualité des livrables. Plus d’une heure de travail est économisée chaque jour par les profils les plus avancés, qu’il s’agisse d’ingénieurs, d’équipes marketing ou de fonctions support, qui automatisent, planifient ou génèrent du contenu à grande échelle. Cette efficacité se diffuse à l’ensemble des métiers, du développement de code à la gestion des campagnes, et favorise une reconfiguration profonde de l’organisation du travail.

L’écart se creuse entre utilisateurs experts et usages dispersés

OpenAI franchit la barre symbolique du million de clients professionnels, signe d’une diffusion généralisée de ses outils dans la vie des entreprises. Ce chiffre traduit la transition de l’IA du statut d’innovation ponctuelle à celui d’infrastructure critique, soutenue par une multiplication exponentielle des requêtes et des usages.

Le rapport révèle que les gains de productivité ne profitent pas de manière homogène à tous les salariés. Les utilisateurs intensifs, capables d’exploiter l’IA sur un large spectre de tâches, engrangent des bénéfices majeurs et consolident leur expertise. À l’inverse, la majorité se limite encore à des expérimentations isolées ou à des usages opportunistes, faute d’accompagnement et de formation ciblés.

L’entreprise qui réussit à orchestrer l’appropriation de l’IA par l’ensemble de ses collaborateurs construit un avantage concurrentiel durable, selon OpenAI. À l’opposé, la dispersion des initiatives, sans gouvernance ni structuration, génère un plafond de verre et accroît la fracture interne entre pionniers et suiveurs.

La gouvernance et la structuration déterminent la réussite

Les conclusions du rapport insistent sur la centralité de la gouvernance et de l’organisation interne. Le pilotage des accès, l’identification des flux, la maîtrise des outils et la conformité réglementaire structurent la capacité à transformer l’expérimentation en valeur durable. Beaucoup d’organisations, freinées par le manque de visibilité sur l’usage effectif de l’IA, ou par l’absence d’encadrement, peinent à passer à l’échelle.

Le développement d’une “shadow IA” lorsque les salariés s’emparent d’outils non référencés ou non supervisés traduit ce déficit de gouvernance. Sans une politique de formation, de suivi et de pilotage adaptée, l’IA devient source de risques pour la sécurité, la conformité et la cohérence opérationnelle.

Transformer l’IA en brique d’infrastructure

L’intégration de l’IA ne concerne plus seulement les services informatiques. Santé, industrie, administration ou services financiers voient émerger des cas d’usage structurants, comme la rédaction automatisée, la génération de code, l’analyse avancée, la gestion proactive de la relation client, la planification intelligente, les agents conversationnels personnalisés.

Les entreprises les plus avancées transforment l’IA en brique d’infrastructure, capable de s’adapter aux exigences spécifiques de chaque métier et d’accompagner la transition vers des modèles organisationnels plus agiles. Cette évolution s’accompagne d’une industrialisation des outils : l’IA devient une ressource partagée, intégrée dans les workflows quotidiens, avec des impacts tangibles sur la productivité, la fiabilité et la capacité à innover.

Le rapport OpenAI met en garde contre la tentation d’une diffusion non pilotée de l’IA. La généralisation des usages suppose une gouvernance centralisée, un accompagnement des collaborateurs et un suivi rigoureux de la performance et des risques. Les organisations qui investissent dans ces dimensions construisent une culture commune, réduisent les fractures internes et maximisent le retour sur investissement.

En l’absence de structuration, la productivité reste concentrée entre les mains d’une minorité, l’innovation se dilue et les risques réglementaires ou sécuritaires s’accroissent. L’élargissement des compétences à tous les niveaux devient une condition essentielle pour faire de l’IA un facteur de transformation collective.

La création de valeur dépend du pilotage

Les enseignements du rapport invitent les entreprises à s’engager dans une transformation systémique. L’IA s’impose comme une composante centrale de l’architecture opérationnelle, mais sa valeur dépend d’une stratégie d’adoption cohérente, d’un investissement continu dans la formation et d’un pilotage agile. Les organisations capables d’intégrer ces dimensions créeront une dynamique durable d’innovation, de productivité et de résilience, affirme le rapport.

Le passage de la promesse technologique à la réalité industrielle, tel que le décrit le rapport d’OpenAI, nécessite d’aligner l’IA sur les priorités métiers, de décloisonner les compétences et de faire émerger une gouvernance adaptée. Cette condition devient le critère déterminant pour convertir l’élan technologique en avantage concurrentiel concret.

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