Une étude conduite par Adobe auprès de plus de 16 000 créateurs, dont 2 006 en France, révèle que 83 % des créateurs français utilisent l’IA générative et la perçoivent comme un moteur de croissance. L’attention se déplace désormais vers les agents IA, capables d’apprendre un style personnel, mais l’exigence de contrôle et de transparence demeure centrale. Entre enthousiasme technologique et exigences stylistiques, une nouvelle phase s’ouvre pour l’économie de la création.

Dans l’écosystème numérique, les outils façonnent autant les usages que les modèles mentaux. La création de contenu, en particulier, évolue rapidement sous l’effet des technologies d’IA générative. L’étude menée par Adobe et Harris Poll en septembre 2025 permet de mieux comprendre les attentes et les pratiques des créateurs français, notamment en matière de performance, de personnalisation et de maîtrise. Si les bénéfices sont indéniables, l’exigence de contrôle humain reste un marqueur fort des usages en devenir.

L’enquête explore les logiques d’adoption, les usages réels, les limites perçues et les critères de sélection technologique. Ce portrait multifacette de l’économie de la création numérique dessine une trajectoire hybride, entre rationalisation des processus, affirmation des styles personnels et recherche d’outils respectueux de la propriété intellectuelle.

Une technologie perçue comme un accélérateur de croissance individuelle

L’adoption de l’IA générative ne relève plus de la nouveauté expérimentale. En France, 83 % des créateurs l’utilisent régulièrement. Pour 70 % d’entre eux, cette technologie a directement contribué au développement de leur activité ou de leur communauté. L’IA est perçue comme un levier pour gagner en visibilité, produire plus efficacement et élargir sa portée sans renier sa créativité.

Trois domaines concentrent les usages actuels. La retouche et l’enrichissement visuel, la génération d’images ou de vidéos, et la phase d’idéation. Cette extension du périmètre fonctionnel s’accompagne d’un changement de posture. L’IA est intégrée au processus de création comme outil de productivité, d’exploration et de différenciation. Dans un contexte où la régularité de production conditionne la visibilité, elle devient un facteur clé de croissance individuelle.

Des attentes fortes envers les agents IA mais avec une supervision humaine

Les créateurs ne se contentent plus de fonctionnalités ponctuelles. Ils attendent désormais des systèmes capables d’apprendre leur manière de travailler. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’IA agentique. Cette nouvelle génération d’outils vise à exécuter des tâches complexes tout en s’adaptant au style de l’utilisateur. En France, 77 % des créateurs se disent prêts à utiliser un agent IA capable d’imiter leur identité créative. Plus de 60 % d’entre eux se déclarent enthousiastes ou optimistes à l’égard de ces évolutions.

Mais cet intérêt va de pair avec une exigence de supervision. Pour une majorité de répondants, l’agent doit assister sans remplacer. Les cas d’usage attendus sont révélateurs. Proposer des idées, automatiser des tâches répétitives, fournir des indicateurs de performance. L’agent est perçu comme un assistant contextuel plutôt qu’un créateur autonome. La créativité reste l’apanage de l’humain.

Une exploration technologique active mais conditionnée à la confiance

La curiosité des créateurs s’accompagne d’un comportement exploratoire. 60 % déclarent avoir utilisé plusieurs outils d’IA générative ces trois derniers mois, dans une logique d’essai comparatif. Cette fluidité révèle une maturité grandissante. Les créateurs savent ce qu’ils cherchent, testent, comparent et se forgent une opinion sur la base de critères précis.

Trois facteurs freinent néanmoins l’adoption massive. Le coût, la qualité des contenus générés et l’opacité des mécanismes d’entraînement des modèles. Cette dernière dimension suscite une inquiétude particulière. En France, deux créateurs sur trois redoutent que leurs productions soient utilisées pour nourrir des modèles sans leur consentement. Une telle perspective contredit l’ambition de reconnaissance qui motive nombre de créateurs. La transparence devient donc une condition non négociable de confiance technologique.

La création mobile devient une norme mais ne change pas les attentes qualitatives

Les appareils mobiles s’imposent comme outils de création à part entière. En France, 74 % des créateurs déclarent produire régulièrement sur mobile. Pour 71 % d’entre eux, cette tendance va s’accentuer dans l’année à venir. Le smartphone n’est plus un simple outil de captation, mais un véritable studio de création embarqué, du repérage à la publication.

Cette évolution technologique impose une double exigence aux éditeurs de solutions. Assurer la portabilité fonctionnelle sans perdre en précision ni en maîtrise. Et proposer des interfaces capables de conserver la même finesse d’exécution, quel que soit le support. Les agents IA devront également répondre à cette attente de fluidité et de performance, tout en s’intégrant dans des environnements mobiles contraints.

Une économie de la création en quête d’alignement entre technologie et style

L’étude menée par Adobe met en lumière un glissement des attentes. La rapidité d’exécution ne suffit plus. Les créateurs veulent des outils capables d’accompagner leur style, de respecter leurs choix esthétiques, de valoriser leur identité numérique. La performance technologique est valorisée à condition d’être contextualisée, personnalisable et respectueuse de la singularité de chacun.

L’agentification offre un potentiel réel pour réconcilier automatisation et créativité. Mais cet avenir reste conditionné à des engagements clairs. Transparence sur les données, adaptation stylistique, contrôle permanent. Les créateurs ne veulent pas céder leur main, mais prolonger leur geste. Ce compromis exige une nouvelle génération d’outils, à la fois intelligents, discrets et fidèles. Une trajectoire qui s’annonce autant culturelle que technologique.

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