L’intégration du commerce direct dans ChatGPT se concrétise à travers un partenariat entre OpenAI et Instacart, ouvrant la voie à des achats d’épicerie entièrement réalisés au sein de la conversation. Ce développement marque une évolution attendue du commerce en ligne, faisant de ChatGPT non plus seulement un assistant virtuel, mais un canal transactionnel, appuyé sur un protocole ouvert spécifiquement conçu pour les agents IA.
La conversation guidée par une IA s’impose désormais comme un canal d’achat complet. Grâce à l’accord OpenAI–Instacart, les utilisateurs peuvent concevoir un menu, ajouter les ingrédients nécessaires à un panier, payer et planifier la livraison sans jamais quitter l’interface de ChatGPT. L’agent conversationnel sélectionne les produits auprès d’enseignes locales, constitue un panier optimisé, puis déclenche la commande. Le paiement s’effectue via Instant Checkout, un mécanisme sécurisé, conçu avec Stripe, pour finaliser l’achat en quelques clics.
Pour que ces opérations puissent s’enchaîner de manière fluide, sécurisée et respectueuse des contraintes des commerçants, OpenAI a conçu l’Agentic Commerce Protocol (ACP). Cette spécification ouverte qui définit les échanges entre trois entités, l’utilisateur, l’agent conversationnel et le fournisseur de biens ou de services. À la différence d’une API transactionnelle classique, l’ACP repose sur une logique déclarative : le marchand publie les actions que l’agent est autorisé à exécuter (afficher, proposer, finaliser), selon un cadre précis, qui garantit la conformité réglementaire et l’intégrité commerciale.
Une démonstration sur un cas d’usage du quotidien
Cette approche permet aux vendeurs de conserver leurs outils de paiement, leurs systèmes de livraison et leur relation client tout en déléguant à l’agent IA la phase d’interaction initiale. Elle ouvre ainsi la voie à une orchestration intelligente du commerce, sans rupture d’infrastructure. Le protocole est conçu pour être simple à intégrer, compatible avec de nombreux environnements techniques, et extensible à d’autres cas d’usage comme la réservation, l’abonnement ou le support contextuel.
Instacart, acteur majeur de la livraison de courses aux États-Unis, devient le premier partenaire d’envergure à démontrer l’opérabilité de ce dispositif dans un domaine à forte fréquence d’achat. Avec plus de 1 800 enseignes partenaires, la plateforme dispose d’une base logistique solide pour tester les limites fonctionnelles de l’intermédiation par IA. Les utilisateurs de ChatGPT peuvent désormais décrire un besoin, par exemple un dîner d’anniversaire pour quatre personnes, et voir automatiquement les ingrédients correspondants ajoutés à leur panier, avec possibilité de substitution selon les stocks locaux.
L’intérêt stratégique de ce cas d’usage tient à sa banalité : les achats alimentaires sont réguliers, simples à modéliser et très sensibles aux frictions. L’élimination des étapes intermédiaires (navigation, recherche, ajout manuel, authentification répétée) offre un levier direct sur la satisfaction client et les taux de conversion. Instacart y voit un moyen de renforcer la fidélisation, en devenant le bras opérationnel d’un assistant personnel intégré à la vie quotidienne.
ChatGPT en plateforme transactionnelle
Avec cette évolution, OpenAI franchit une étape décisive vers une économie agentique, dans laquelle les interfaces conversationnelles ne se contentent plus de répondre ou d’informer, mais déclenchent des actes, d’achat en l’occurrence. Le lancement de l’Instant Checkout en septembre 2025 avait ouvert la voie à ce type d’usage, en permettant à certains marchands d’initier des ventes directement dans ChatGPT. Le partenariat avec Instacart concrétise cette ambition sur un marché à grande échelle, et en conditions de production.
OpenAI précise que l’agent IA agit toujours avec l’accord explicite de l’utilisateur, dans un cadre sécurisé. Le panier reste visible, modifiable et soumis à validation. Aucune transaction ne peut être initiée sans consentement, et les marchands peuvent restreindre les types de produits proposés. Cette gouvernabilité est au cœur de l’architecture de l’Agentic Commerce Protocol, qui sert autant les impératifs commerciaux que la protection du consommateur.
Une nouvelle donne pour l’e‑commerce
Pour les commerçants, ce nouveau canal représente une opportunité d’accéder à des flux d’achat sans changer d’architecture ni dépendre d’une plateforme fermée. Le protocole ACP autorise une intégration souple, y compris sans Stripe, en s’adaptant à des systèmes existants. Le modèle proposé par OpenAI diffère des places de marché traditionnelles : l’agent agit comme un prescripteur guidé, et non comme un comparateur aveugle ou une interface de catalogue. Le contenu transactionnel est contextualisé, personnalisé, aligné sur la demande réelle.
Pour les utilisateurs, l’expérience s’enrichit sans se complexifier. Ils peuvent poser une question, obtenir une réponse utile, déclencher un achat et programmer une livraison dans une seule interface. Cette continuité permet de passer d’un besoin diffus à une action concrète sans rupture cognitive ni logistique. La simplicité du parcours réduit le taux d’abandon et élargit potentiellement le spectre des usages, jusqu’ici limités à la consultation ou au support.
La recherche, la recommandation et l’acte d’achat assistés
Avec ce mouvement, ChatGPT ne se limite plus à concurrencer les moteurs de recherche traditionnels sur la pertinence des réponses. Il capte aussi une part de l’intention commerciale. Ce repositionnement impacte potentiellement les plateformes de recommandation, les comparateurs de prix, les sites de e‑commerce et les applications mobiles marchandes. Si l’usage se généralise, l’agent conversationnel deviendra un point de passage incontournable pour les achats du quotidien.
Cette centralité révèle aussi des enjeux réglementaires, concurrentiels et éthiques. Qui contrôle la visibilité des produits proposés par l’agent ? Quelles garanties sont offertes aux commerçants moins visibles ? Quelle part de la chaîne de valeur est captée par OpenAI ou ses partenaires techniques ? Autant de questions qui se poseront avec d’autant plus d’acuité que le modèle s’étendra à d’autres secteurs que l’épicerie — billetterie, santé, transport, services financiers…
La phase actuelle reste expérimentale et géographiquement limitée. Mais elle préfigure une réorganisation profonde des parcours d’achat et des équilibres entre distributeurs, plateformes et éditeurs d’IA.
Vers une architecture ouverte et distribuée
La grande force d’OpenAI dans cette initiative réside dans l’ouverture du protocole ACP. À l’inverse des écosystèmes propriétaires ou fermés, cette approche encourage l’interopérabilité, la diversité des implémentations et la reprise en main technique par les commerçants. L’ACP peut être étendu à des agents tiers, utilisé dans d’autres agents conversationnels que ChatGPT, ou intégré dans des systèmes hybrides. Cette logique d’architecture distribuée favorise une adoption plus large et limite les risques de dépendance unilatérale à une seule plateforme.
L’extension future à d’autres domaines (services, contenus numériques, abonnements, vente B2B…) dépendra de la capacité de l’écosystème à s’emparer de ce protocole et à construire des expériences cohérentes. Dans tous les cas, les acteurs qui maîtriseront les standards transactionnels de l’IA conversationnelle seront en position de force pour modeler l’économie agentique émergente.
À court terme, les bénéfices métiers attendus sont une accélération des décisions d’achat, l’augmentation du taux de conversion, la réduction du coût d’acquisition client, et optimisation des parcours et différenciation concurrentielle. Pour les clients professionnels, il s’agit désormais de tester ces usages, d’évaluer leur pertinence dans les contextes métiers, et d’anticiper leur intégration dans des architectures omnicanales ouvertes.























