Par Jean-Paul MOCHET, Chief Architect Certified Level 3

Forwarder Sectorial Offer Logistics and Supply Chain Traceability within IOT and Blockchain Technologies

Dans un monde de plus en plus connecté, où les objets souvent en mouvement captent et délivrent une information sensible, les réseaux remontent la donnée en masse vers les systèmes d’information. Quid des organisations parties prenantes de ces écosystèmes de plus en plus collaboratifs ?

Sécurité, confiance et responsabilité au sein d’une chaîne de valeur complexe et distribuée

Des capteurs aux objets connectés, l’IoT (Internet des Objets) et sa branche industrielle l’IIoT (Industrial IoT) figurent parmi les grandes tendances du moment, de celles qui participent à la transformation numérique des organisations et qui apportent de la valeur. Supply Chain, logistique, transport, les usages professionnels des objets connectés « intelligents » et des informations captées se multiplient. Aujourd’hui, les ressources se déplacent, et les informations sont consolidées afin d’être analysées et dégager des tendances pour accompagner la prise de décision et l’automatisation.

Le monde étant de plus en plus connecté, et soumis au temps réel, l’IoT et les réseaux doivent se faire toujours plus performants, fluidifiés et sécurisés, car ils transportent et traitent des données sensibles. Il ne s’agit pas seulement de savoir où l’objet se situe et s’il est disponible, mais également de disposer d’autres informations temps réel (données physiques, physiologiques, …) pour automatiser intégralement la chaîne de valeur.

Chaine de valeur et confiance

L’IoT est porteur de nouveaux paradigmes qui réinventent le périmètre classique de l’entreprise et de son système d’information. Les projets IoT doivent se poser de nouvelles questions dont, par exemple, la prise en compte de la responsabilité et de la confiance dans une chaine de traitement complexe composée en majorité d’acteurs techniques. La traçabilité parfaite des données critiques pour le métier comme les mouvements, le monitoring de règles réglementaires HSEQ[1] ou encore les transactions devient un sujet incontournable.

Prenons comme contexte de travail la supply chain, domaine qui se développe dans un nombre important de secteurs. L’équipement des produits, de leurs emballages et des conteneurs, avec les capteurs « intelligents » offre la possibilité de disposer en temps réel de la visibilité sur les mouvements et les états des produits dans les entrepôts, durant le transport, et ce jusqu’au dernier kilomètre. L’entreprise dispose de la capacité de remonter un stock avec ses indices de qualité en tout lieu et à tout moment, et d’optimiser en flux tendu son approvisionnement en limitant les risques de rupture.

Dans le cadre de notre exemple, imaginons que le produit suivi soit des poches de collecte de sang. C’est un produit fragile qui demande une veille permanente sur l’hygrométrie et la température,informations faciles à collecter en plus de la géolocalisation. Quand l’IoT optimise le flux tendu, en réduisant les stocks de réserve, alors il est nécessaire d’étendre la démarche à l’ensemble de la chaine de valeur afin d’en garantir la finalité. Dans ce contexte, la traçabilité et la preuve deviennent des informations de référence pour assurer cela.

Blockchain et pilotage des risques

Les événements recueillis par les objets connectés sont autant de données que les réseaux remontent dans un hub intégrateur destiné à consolider l’information. Ils représentent autant de traces qui peuvent servir à gérer les risques et organiser les responsabilités. Si nous reprenons notre précédent exemple, le capteur détecte une augmentation de la température dans l’entrepôt où est stocké le sang : cette information de localisation/température permet d’améliorer efficacement le procédé industriel et garantir la finalité attendue.

La définition des responsabilités nécessite de pouvoir opposer une preuve irréfutable. C’est là qu’intervient une autre tendance forte pour les prochaines années, l’économie collaborative sous-tendue par les contrats et technologies blockchain. Celle-ci fonctionne comme un grand livre - où les transactions sont scellées dans la chronologie enregistrée - distribuée sur l’ensemble des nœuds constituant une forteresse de données probantes imprenable et hautement disponible par construction et avec lesquels interagissent les parties prenantes de la chaîne de valeur. La blockchain permet ainsi d’ancrer de manière irréfutable la détention, voire l’état de l’objet, de sécuriser la preuve en la rendant infalsifiable, et de justifier des transferts de la responsabilité. Dans le domaine logistique, en permettant aussi la désintermédiation, la blockchain se montre redoutablement efficace : elle permet en effet à chaque partenaire d’inscrire les changements d'état correspondants à une pièce, de sa conception à sa maintenance, et de partager ces interventions avec le donneur d’ordre et ses prestataires, sans avoir recours à un tiers de confiance et à un système centralisé.

L’atteinte de ces enjeux requiert de mailler plusieurs technologies qui ont dépassé le cadre de l’expérimentation depuis plusieurs années. Et s’il est possible de lier assez aisément IoT, Blockchain, BigData dans cette construction d’architecture cible, n’oublions pas que les réseaux IoT sont aussi maillon technique de référence pour atteindre l’objectif. A date, cela peut constituer un frein à la généralisation car les continents ne sont pas équipés de manière homogène et les enjeux de la sécurité sont également posés, les IoT représentant une nouvelle surface d’accès au système d’information de l’entreprise. Mais cela n’empêche pas de grands acteurs du marché, à l’image des grands ports maritimes, des armateurs (Rotterdam, Anvers, Newark, Maersk, CMA CGM, Maritime Silk Road, HAROPA-Le Havre, Norlink Ports, …), de la grande distribution (Carrefour, Walmart, …), du luxe (everledger) ou encore de l’industrie (Michelin, Airbus…), de se lancer dans le développement de ces nouveaux cas d’usages.

A quand la maturité d’un IoT en toute confiance ?

Tout cela n’est pas négatif, seulement la démonstration que les entreprises qui adoptent les objets connectés évoluent dans des domaines nouveaux, dominés par l’expérimentation et les PoC (Proof of Concept), où la chaine de l’IoT peut manquer de maturité industrielle.

Les environnements où l’IoT évolue doivent également s’adapter. Si la supply chain citée en exemple accélère sur ces technologies, et marque un fort intérêt pour la blockchain, l’information n’est pas encore partout, et des points de rupture peuvent encore subsister. Les expériences menées par Amazon ou son concurrent chinois Alibaba, qui profitent d’effets de masse, montrent toute la valeur que nous pouvons tirer de l’information. Mais également, elles indiquent la précision qu’il faut apporter à la production, la faiblesse des moyens de transport terrestres, et la nécessité de mobiliser les équipes.

Il ne faut pas négliger le changement, ni hésiter à embarquer dans les projets des professionnels, qui sont souvent porteurs de bonnes pratiques. Pour tirer de la valeur, il faut dès la conception étudier tous les éléments, identifier via les cas d’usage les valeurs pour les métiers, puis multiplier les capteurs en passant sur une grande échelle – le ROI des transformations IoT en dépend –, faire appel à des experts en ingénierie radio et facteurs humains par exemple afin d’anticiper les changements dans les infrastructures et dans les processus de travail opérationnels. Et analyser dès le départ les besoins d’interactions entre les organisations afin de les automatiser et les fluidifier en s’appuyant in fine sur des capteurs et des transactions certifiées/distribuées via la blockchain lorsque cela s’avère nécessaire et en prenant en compte l’angle juridique souvent sous-estimé afin de pouvoir objectiver la responsabilité et ainsi assurer la confiance.

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[1] Hygiène Sécurité Environnement Qualité