Conceptualisée par le psychologue américain Howard Gardner, la révolution cognitive numérique bouscule les processus et les modes de travail dans tous les domaines. C’est une révolution non seulement systémique mais aussi existentielle, car il faudra s’y adapter ou mourir.
L’année 2019 aura été celle du pragmatisme pour beaucoup de responsables d’organisations aux prises avec la dette technologique et la transformation de leurs entreprises, tout en maintenant les objectifs opérationnels et commerciaux. Selon un rapport de Forrester, sobrement intitulé Predictions 2020, « En 2019, de nombreux dirigeants ont pris du recul et ont démultiplié le travail acharné de construction d’une base stratégique, opérationnelle et technique capable de s’adapter. Ils l’ont fait tout en dirigeant l’entreprise pour maximiser la valeur pour les clients, les finances et les actionnaires ».
Des technologies, qualifiées de prometteuses il y a peu, sont à présent devenues des réalités, dans un monde où ce que nous appelons la transformation numérique n’est qu’une strate de plus dans l’évolution perpétuelle des outils et des méthodes de travail de l’être humain. Le changement étant la seule constante dans l’Univers, ce n’est pas le processus en lui-même qui est révolutionnaire, c’est son contenu : la révolution cognitive ou cognitiviste, selon l’expression du psychologue américain Howard Gardner.
L’analytique n’a pas encore délivré tout son potentiel
Il est vrai que 2019 s’inscrit dans la continuité d’une décennie pleine de rebondissements technologiques disruptifs. Une décennie charnière, qui aura vu l’avènement du cloud et de l’analytique, utilisant la donnée comme matière première et l’IA comme outil d’extraction et de raffinage. Avec comme caractéristique principale, et fortement perturbatrice, l’ubiquité et la versatilité, l’analytique n’a pas encore délivré tout son potentiel. Pour la première fois de son histoire, l’Homme est sur le point de créer son double numérique, avec tous les risques et les potentiels immenses que cela suppose.
2019 est une année de conversion, non pas à la reconnaissance des bénéfices de la technologie, mais celle de la vision stratégique qui se mue en pragmatisme et en programmes stratégiques d’évolution effective. Certes, comme le constate Deloitte dans son rapport Deloitte TechTrends 2019, « Les investissements qui sont faits sont souvent départementaux et de portée limitée. De même, dans certaines entreprises, les initiatives axées sur l’analytique, le cloud et le numérique sont disjointes, voire concurrentes ».
Mais même freinées par un silotage organisationnel — et bien souvent un silotage dans les esprits aussi —, et la nécessité d’allouer des ressources de plus en plus importantes pour comprendre et intégrer ces technologies, tout en maintenant des objectifs opérationnels et commerciaux, les entreprises n’ont eu d’autres choix que de suivre le mouvement ou se condamner à dépérir. L’entreprise est un organisme qui évolue dans un environnement donné, et ce début de 21e siècle est placé sous le signe des technologies cognitives.
Des entreprises éco-socio-responsables
Alors que le consommateur est à la recherche de sens, les préoccupations collectives, entendre par là planétaires, se concentrent principalement sur l’Environnement et les troubles sociaux. Les deux seuls problèmes qui ne peuvent être réglés qu’à l’échelle de la planète. En cela c’est une première dans l’histoire de l’humanité et la technologie peut y contribuer.
Nous sommes loin de ceux qui, avec un esprit commercial propre à l’homme du 20e siècle, ne voient que les nécessités marchandes. En 2020, l’entreprise devra, en plus de l’efficacité commerciale certes, être écologiquement et socialement responsable pour toucher un public qui sera de plus en plus sous l’empire des milléniaux et de leur filiation. Après la révolution cognitive due à l’évolution des capacités cérébrales de l’espèce Homo, l’IA est la deuxième révolution cognitive de l’Histoire humaine. Mais au-delà de l’intelligence, naturelle ou synthétique, l’année 2020 sera-t-elle celle de la sagesse pour sapiens-sapiens ?
Source : diverses