Alphabet a lancé récemment un nouveau site web de dépistage du coronavirus, approuvé par Donald Trump. Cette plateforme est actuellement gérée par Verily, une des filiales du groupe. Malgré le fait que cette initiative constitue une avancée majeure dans la lutte contre le coronavirus, son fonctionnement rend la plupart des utilisateurs sceptiques.

Le programme pilote COVID-19 de Verily prend la forme d’un test de dépistage qui demande des informations sur les symptômes de base des utilisateurs. Si une personne présente des signes reconnaissable du virus, elle sera tout de suite envoyée dans une clinique locale pour faire un test. Toutefois, ce service n’est disponible qu'en Californie, et  dans deux comtés seulement. De plus, la plateforme est actuellement sujette à de multiples critiques.

Verily n’inspire pas confiance aux patients pour plusieurs raisons. La nécessité de s’inscrire avec un compte Google uniquement pour accéder à ces soins potentiellement vitaux a été fortement critiquée par la plupart des internautes. Certaines personnes pensent que les données recueillies par Google pourraient être utilisées pour profiter ensuite à l’industrie des soins de santé. La principale question concernant le site web de Verily est de savoir si les données collectées seront utilisées à des fins commerciales ou non.

Ce n’est pas la première fois que Verily s’intéresse aux données de santé publique. Il y a quelques années, Verily a mis en place la plateforme « Project Baseline » qui permet aux gens de contribuer à la carte de santé humaine et de participer à la recherche clinique. C’est cette même plateforme qui est actuellement utilisée pour l’étude COVID-19. Baseline constitue un effort ambitieux pour la cartographie de la santé humaine, mais le souci réside dans la manière dont ils vont exploiter les données.

Avant la propagation du coronavirus, Verily a déjà souligné que les données collectées dans le cadre du projet Baseline étaient strictement confidentielles pour les fabricants de médicaments impliqués dans chaque cas. Toutefois, les fabricants de médicaments ont une approche différente de la situation. En effet, l’un des représentants de Sanofi, l’un des géants de l’industrie pharmaceutique partenaire de l’initiative 2019 de Verily, a déclaré que son entreprise serait prête à partager les résultats de ses recherches avec les autres entreprises du secteur, et vice-versa. Cette initiative permettrait selon lui de développer la plateforme de Verily et de l’améliorer. En d’autres termes, cette situation montre que quand Verily collecte des informations sur la santé des gens, rien ne garantit que les sociétés pharmaceutiques liées à chaque étude gardent ces données confidentielles. De plus, certaines rumeurs indiquent que la recherche sur le COVID-19 de Baseline est soutenue par le géant Big Pharma.

Face aux critiques, l’un des représentants de Verily a indiqué dernièrement que son entreprise n’utilisera pas les données d’un individu au-delà des fins du programme COVID-19 sans son consentement. Par contre, les données collectées pourront être utilisées par Verily, les laboratoires cliniques en charge des tests et par les autorités de la santé publique comme la California Department of Public Health.

Même si Verily assure que les données ne seront pas utilisées à des fins commerciales, la politique de confidentialité du Project Baseline sous-entend qu’ils ont le droit de les utiliser pour créer des produits commerciaux. De plus, les autres sociétés affiliées à Baseline comme Alphabet, Otsuka, Pfizer et Sanofi n’ont pas précisé s’ils comptent se partager les données collectées dans le cadre de l’étude. Même si les informations recueillies permettent de mettre au point de nouveaux produits pharmaceutiques, les critiques n’excluent pas le fait qu’elles puissent aussi être utilisées pour générer des bénéfices sous une autre forme.

À lire aussi Microsoft propose un tableau de suivi d’état du coronavirus (COVID-19) sur Bing