À cause de la pandémie, les chaînes d’approvisionnement sont à l’arrêt ou ont fortement ralenti. Les secteurs du retail, de l'électronique et de l'automobile semblent avoir été les plus touchés. De nombreuses organisations n’ont pas anticipé cette crise…

Tous les secteurs sont impactés fortement. Et la pandémie met à rude épreuve les professionnels de la supply chain et leurs clients. La plupart des fabricants ont épuisé les stocks qu'ils avaient cumulés pour les vacances de l'année et les stocks de sécurité ont rapidement atteint leurs limites.

Toutes les chaînes d'approvisionnement sont touchées.  C’est le cas en particulier dans l’automobile où les chaînes d'approvisionnement sont très longues avec de nombreuses étapes dans le processus de production.

Près de 75% des entreprises signalent des perturbations de la chaîne d’approvisionnement en raison de restrictions de transport liées aux coronavirus, selon une étude de l’Institute for Supply Management (ISM).

Le risque sanitaire pas pris en compte

Cette association professionnelle américaine a réalisé cette enquête entre le 22 février et le 5 mars auprès de 628 professionnels représentant principalement des entreprises manufacturières américaines et non manufacturières, dont 81% ont des revenus inférieurs à 10 milliards de dollars .

Plus de 80% pensent que leur organisation subira un certain impact en raison des perturbations COVID-19. Parmi celles-ci, une entreprise sur six compte ajuster ses objectifs de revenus à la baisse de son chiffre d’affaires.

« Le risque sanitaire n’est pas pris en compte par les responsables de la supply chain, car il s’agit d’un risque qui n’est pas vraiment identifiable et qui a une faible probabilité d’occurrence », explique Laurent Giordani, associé fondateur du cabinet de conseil en management et gestion de risques KYU Associés.

« Comme le coronavirus s'est répandu dans le monde entier, nous constatons des effets comparables à ceux de la crise de 2008 ou au ralentissement de l'économie après le 11 septembre », indique Vidya Mani, professeure en administration des affaires et experte en gestion des technologies et des opérations à la University of Virginia Darden School of Business.

Et les mauvaises nouvelles pourraient s’accumuler. La demande étant en baisse, le niveau des liquidités devrait se tarir dans la chaîne d'approvisionnement. Principale conséquence : les PME et les fournisseurs ne pourront pas payer leurs propres fournisseurs.

Ensuite, ils risquent de ne pas pouvoir écouler leurs anciens stocks et ils devront trouver de la place pour les nouveaux approvisionnements…

Pas de Plan B…

« Ces effets seraient similaires aux répliques d'un tremblement de terre : nous continuerons à voir l'effet de retour entre les contraintes de l'offre et de la demande. Ils devraient néanmoins s’estomper dans le temps », avance Vidya Mani.

De nombreuses entreprises dans le monde, ont déjà annoncé des pertes de bénéfices en raison de perturbations de l'approvisionnement. Cette pandémie obligera les entreprises à revoir leur politique d’approvisionnement.

Celles qui sont conscientes du risque de rupture d'approvisionnement ont mis en place des chaînes d'approvisionnement résistantes en utilisant des stocks et des fournisseurs d'urgence.

Mais, de nombreuses entreprises espèrent encore que de telles ruptures ne se produiront pas. L’étude de l’Institute for Supply Management (ISM) indique que plus de 44% des personnes interrogées n’ont pas de plan B pour faire face aux ruptures d’approvisionnement en Chine.

Résultat, six répondants sur 10 (62%) connaissent des retards dans la réception des commandes de la Chine…

« Si elles ne disposent pas d'une chaîne d'approvisionnement résiliente, elles perdent des ventes et doivent donc sortir des sentiers battus », précise Florian Lücker, maître de conférences en gestion de la chaîne d'approvisionnement à la City University of London.

Source : Institute for Supply Management