Le succès des entreprises qui sont orientées données et analytique n’est pas toujours exclusivement attribuable à l’exploitation des données. Sans la maturité organisationnelle, humaine, et des outils, son usage peut aboutir à une surcharge d’information qui entrave les décisions.

D’après une étude, Unlocking Growth, réalisée par Oracle Netsuite, « de nombreuses organisations se sentent étouffées par les données dont elles disposent ». Bien qu’elles « comprennent que les données sont essentielles à la prise de décision, elles sont dépassées par le volume de données qui circulent dans l’entreprise. Dans certains cas, les personnes interrogées admettent que les bons outils ne sont pas toujours à leur disposition », explique le rapport.

Nombre de répondants indiquent même qu’ils « font confiance à leurs collègues pour les conseiller sur les décisions importantes de l’entreprise par rapport aux machines. Cela varie selon les régions et les secteurs d’activité ».

L’étude a pour but d’examiner ce qui alimente et ce qui freine la croissance des entreprises dans la région EMEA. Exception faite des moteurs traditionnels de la croissance des entreprises, le rôle de la donnée occupe une place de choix parmi les facteurs étudiés. Un tiers des organisations se disent « guidées par les données », en ce sens qu’elles prennent des décisions basées presque exclusivement sur les données commerciales dont elles disposent.

La donnée peut être un facteur de croissance, mais…

Les résultats de l’étude sont mitigés si l’on se réfère aux seuls chiffres. Dans la catégorie de celles qui dépassent leurs objectifs de croissance, 57 % affirment être fortement axées sur les données commerciales et seulement 4 % ignorent ces données. À l’inverse, 50 % de celles qui n’atteignent pas leurs objectifs de croissance ne connaissent pas leurs données commerciales et seulement 25 % sont fortement axées sur les données commerciales.

En clair, un peu plus de la moitié de celles qui sont fortement orientées donnée attribuent cette réussite à leur modèle décisionnel reposant sur la donnée. Alors que 25 % de celles qui ne réussissent pas sont fortement axées sur les données commerciales. C’est quelque peu déconcertant si l’on considère que beaucoup d’études attribuent au seul usage de la donnée, et sans distinction aucune, les raisons de la croissance des entreprises qui réussissent.

… les compétences et l’organisation comptent aussi

C’est faire fi de facteurs qui influencent grandement les performances des entreprises orientées données. Les secteurs dans lesquels évoluent les entreprises étudiées en est un exemple. On sait bien que les secteurs financiers et e-commerces bénéficient plus des apports de la donnée que les secteurs industriels par exemple.

Par ailleurs, le facteur humain reste prépondérant lorsqu’il s’agit de confronter l’intuition et l’expérience des décideurs aux suggestions des machines. L’étude d’Oracle révèle que des « 43 % des organisations qui se déclarent plus axées sur les données au cours des 12 derniers mois, 59 % d’entre elles se classent uniquement dans la catégorie des organisations data aware », ce qui signifie que leurs décisions ne reposent pas exclusivement sur la donnée : elles prennent en compte les données et aussi l’intuition de la direction générale. De plus, 8 % admettent ne pas prendre en compte les données de l’entreprise, suivant ainsi exclusivement l’intuition de la direction générale.

Le stress de la surcharge d’informations

L’exploitation de la donnée génère par ailleurs un stress qui commence seulement à émerger dans les différentes études. Celle d’Oracle Netsuite révèle que presque tous les cadres (94 %) sont submergés de données au cours du processus décisionnel. Les cadres en France (99 %) ont signalé les plus gros problèmes avec les données, tandis que les cadres au Royaume-Uni (92 %) en ont signalé le moins.

Ce stress qui vient de la surcharge d’informations est-il l’effet d’un manque de compétences, de maturité des outils, ou de l’organisation inadéquate pour exploiter la donnée ? Sans doute un peu de chacun. Nous avons tous eu ce vertige face à la multitude et la variété des réponses retournées par les moteurs de recherche par exemple. D’un autre côté, le rush des entreprises sur l’analytique ne doit pas aller sans une réorganisation data oriented, des compétences adaptées et une stratégie derrière tout cela.

L’avantage d’utiliser les données est indéniable, mais la data ne peut produire toute sa quintessence que si l’organisation et les humains qui l’utilisent, ainsi que leurs outils, ont atteint la maturité pour ce faire. Tout comme les premiers utilisateurs face aux réponses à « large spectre » des moteurs de recherche, les pionniers de l’analytique défrichent des terres encore vierges, avec le regard effaré de ceux qui mesurent l’ampleur du chemin qui reste à parcourir.

Source : Oracle Netsuite