Une récente étude menée par le Bureau of Labor Statistics a souligné que le coût de possession (TCO) d’un poulet variait de façon significative – et à la hausse, selon si on le considérait en différents morceaux ou dans sa globalité. Bien que non conventionnel, cet enseignement n’est pas réellement surprenant si on prend en compte le travail spécifique réalisé pour préparer chacune des parties du poulet et les présenter de façon appropriée au client.

Si on applique ce raisonnement à une plateforme de gestion de données, il semblerait que le coût d’une solution complète soit relativement prévisible et stable par rapport à une solution dédiée à une fonctionnalité particulière. Autrement dit, les TCO associés aux solutions spécifiques les plus populaires – comme la protection de données – seraient plus importants.

Solutions de gestion de données : l’aile ou la cuisse ?

Les charges de travail virtuelles dans le monde de la protection des données d'entreprise sont particulièrement répandues, comme le sont les ailes pour le poulet. La plupart des fournisseurs de solutions de gestion et de protection des données consacrent une part non négligeable de leurs ressources et de leurs produits à cette charge applicative. D’ailleurs, certains d’entre eux se sont parfois tellement spécialisés qu’ils ont donné le nom même de ce workload à leur structure, et vont même jusqu’à considérer que ces mêmes charges de travail sont suffisantes pour couvrir les besoins des entreprises. Cependant, dans les faits, les entreprises se reposent sur bien plus que de simples charges de travail virtuelles (ou des ailes de poulet pour continuer la comparaison).Les solutions partielles ne suffisent donc pas à les satisfaire alors pourquoi se contenter de solutions parcellaires ?

L’environnement des grandes entreprises se compose généralement d’une large variété d'applications essentielles à la continuité de leur activité et à leur croissance. Au même titre que les éleveurs, certains fournisseurs qui vendent principalement des fonctions de support des charges de travail virtuelles (et donc des ailes de poulet), peuvent également vendre d’autres fonctionnalités (de protection, par exemple) afin de toucher une clientèle plus large. Cependant, certains besoins restent insatisfaits. Selon cette logique, il faudra donc faire appel à encore plus de fournisseurs pour couvrir les autres besoins.

À mesure que les entreprises ajoutent des solutions pour protéger les différentes charges de travail, de nouveaux problèmes surgissent. Par exemple, seuls quelques fournisseurs considèrent la déduplication de l’ensemble des données de sauvegarde comme un élément indispensable. Par ailleurs, avec une stratégie multifournisseur, il est difficile de s’y retrouver en matière de facturation: lorsqu’un fournisseur facture au poids (basé sur le FETB – Front-endterabytes), d'autres peuvent facturer à la quantité (c'est-à-dire sur le nombre de VM à couvrir –virtual machine). C'est précisément pour cette raison que le coût total de possession prévisible représente un problème.

Développement technologique et TCO : une combinaison à prendre en considération

Certaines technologies sont communes à différentes solutions éditées par différents fournisseurs. Ce socle commun peut parfois contenir des failles de sécurité critiques ou d’autres types de problèmes impactant alors inéluctablement les solutions développées à partir de ces technologies. La vulnérabilitéLog4jen est d’ailleurs un parfait exemple. Il ne fait aucun doute que les éditeurs de protection virtuelle et les éditeurs de solutions NAS vont rapidement corriger le problème. Néanmoins, ça ne sera pas suffisant pour les grandes entreprises.

De plus, procéder à ces correctifs représente des coûts. Pour les charges applicatives les moins populaires, ceux-ci risquent d’être répercutés sur les solutions de base. La technologie sera alors meilleure mais donc plus coûteuse. Par conséquent, les grandes entreprises devront assumer financièrement les frais additionnels engendrés par le correctif sur une seule technologie : ils seront répercutés non pas une seule fois, mais plusieurs fois par différents fournisseurs. C’est comme si le prix du pétrole brut augmentait de 40 centimes et que le client final payait son essence 4 euros plus cher à la pompe, uniquement parce que chaque étape de la chaîne de traitement du pétrole et de l’approvisionnement en essence, additionnerait cette augmentation de prix à chacune des étapes. Un fournisseur proposant des services de données complets réduit donc l'augmentation du coût total de possession due à tout pivot ou changement de la technologie sous-jacente : même si le prix augmente, les clients supportent ce coût dans une proportion de « 1 pour 1 », et non de « 1 pour plusieurs ».

Si cette logique est inacceptable pour les particuliers, pourquoi serait-elle admise pour les entreprises ? En matière de planification des TCO, il est aujourd’hui indispensable de comparer les coûts globaux entre une stratégie mono ou pluri-fournisseurs– sachant que disposer d'un budget plus prévisible et durable est bénéfique pour les entreprises quelle que soit leur taille. Les composants d’une même solution de gestion de données qui contient plusieurs modules métier, conçue par un seul fournisseur, sont étroitement liés ; ce qui réduit les frais d'administration. Il n'en va pas de même pour les fournisseurs qui ne commercialisent que des solutions parcellaires.

En fin de compte, comparer simplement les devis n’est pas suffisant : les entreprises doivent aller plus loin et comparer les différentes stratégies. Habituellement, les décisions complexes de ce type s'appuient davantage sur le Machine Learning et l'Intelligence Artificielle. Mais à titre d'exception, il sera davantage question ici d’une approche plus humaine du processus de réflexion. Il est temps de prendre des initiatives et de sensibiliser les directions d’entreprises, et il est nécessaire de les aider à construire une stratégie robuste leur permettant de disposer d'un budget plus prévisible et durable.

Par Jean-Pierre Boushira, VP South, Benelux, and Nordics chez Veritas Technologies