Par Tanguy Charrier – IoT – CTO Agregio, filiale d’EDF (agrégation effacement énergétique)

Derrière la médiatisation des usages et des objets connectés se cache une autre réalité, beaucoup plus pragmatique, réelle, et industrielle, celle de rendre le monde physique 100% communicant.

Usages connectés : rendre le monde communicant

L’IoT par certains côtés tient lieu du mirage, celui d’un monde où chaque objet embarque la technologie qui en fait un objet connecté. Un monde où les données circulent, s’amoncellent dans les montages du big data, enrichissent la connaissance et la prise de décision (et les grands opérateurs de l’IA, l’Intelligence Artificielle), pour finir par prendre la place de l’homme promu à s’élever…

La réalité est quelque peu différente, et appelle à plus de pragmatisme. Que ce soit par exemple dans l’automatisation des entrepôts ou encore dans le relevé automatique de notre consommation électrique, l’IoT affiche la promesse d’interagir avec les systèmes industriels, d’automatiser l’espace entre la production et la distribution. Mais avant d’aboutir au « tout connecté », commençons par nous préoccuper de l’existant. Et constatons, en nous confrontant au réel, qu’entourés de riches parcs industriels non communicants, le chantier est immense, tout comme son potentiel en terme d’apport de valeur.

Langages, normes...

Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre que très vite émergent deux difficultés majeures : comment faire parler ensemble des systèmes qui ont été construits sur des principes différents et qui n’ont pas le même langage ? Et quels sont les enjeux de sécurité liés à l’exposition des systèmes industriels ?

Il existe des normes d’interopérabilité qui définissent des modèles et des protocoles d’échanges, ainsi que des niveaux de sécurité. L’IEC 61850, par exemple, est une norme internationale qui définit les protocoles de communication entre des équipements électroniques et électriques. Tous les acteurs sont concernés : du fabricant de capteurs et de composants embarqués à l’intégrateur de plateformes d’échanges.

L’apport d’une telle norme permet d’adopter un langage commun. La description d’un dictionnaire décrivant les systèmes électriques et leurs différentes grandeurs (ex : puissance instantanée, orientation de la nacelle d’une éolienne) simplifie la généricité des systèmes en amont. Pour un agrégateur de flexibilité, l’ensemble des assets est ainsi abstrait de la même façon, permettant ainsi d’adopter des stratégies de plus en plus complexes. Mais l’état du parc installé ne suit malheureusement pas l’évolution normative. Charge alors aux spécialistes de l’IoT de mettre en place les matériels et logiciels permettant une convergence vers la norme.

… et sécurité

Longtemps le parent pauvre des objets connectés, la sécurité des utilisateurs comme des données ou des réseaux a été relayée au second plan, surtout lorsque c’est le marché qui dicte sa loi et son rythme, et qu’il privilégie le « time to market ». Une dérive qui touche principalement les produits grand public.

Si l’industrie est en théorie moins encline à ces pratiques à risque, l’IoT rend la démarche sécurité plus complexe, à la fois par l’ajout d’une couche technologique et de communication, et par la multiplication des protocoles et des objets, entre ceux spécifiques aux systèmes et technologies, physiques mais aussi virtuels, et les protocoles plus anciens. Sans oublier que l’IoT est une chaîne de valeur et un parcours pour la donnée, dans lesquels figurent l’entreprise, ses équipementiers, et aussi ses partenaires.

Dans ce contexte matriciel et machine orienté, l’enjeu de la cybersécurité s’invite alors dans la réflexion avec à la clé la question de la responsabilité dans le cas éventuel (probable ?) d’une intrusion.

Osez l’IoT, les compétences sont là !

On oppose aussi souvent aux projets IoT, et plus largement de transformation numérique, le manque de compétences dans les entreprises. La réalité est autre, car les métiers de l’industrie affichent un réel intérêt pour l’intégration, les bases de données, le cloud et les analytiques. Et les compétences existent, nous disposons et formons d’excellents ingénieurs, multidisciplinaires et ouverts aux technologies. A l’entreprise d’assurer la proximité avec les besoins et métiers des clients et motiver ces entrepreneurs pour les garder ....

L’IoT permet d’avoir un lien avec des objets physiques. Par expérience, ce contact avec le réel offre de belles perspectives aux nouvelles générations en quête de sens. Les plateformes Cloud réconcilient les populations de développeurs provenant de l’informatique de gestion, de la data science et de l’informatique industrielle. On retrouve désormais de nombreux profils provenant du monde Java et de l’Open Source qui étendent leurs compétences vers ce domaine apportant un regard différent.

En fait, ce sont les habitudes qui sont un frein, et non pas la technique ni les compétences. Il faut oser jouer avec l’IoT, casser les vieilles habitudes, créer de la valeur rapidement. Adopter des approches différentes de l’interopérabilité, de la sécurité en imposant qu’il n’y ait pas de nouvelle technologie sans standardisation et sécurité. A ce titre, nul doute qu’IoT et blockchain sauront trouver ensemble leur chemin pour relever le défi.

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