Au 10 septembre 2019, il reste 1,54 million d’IPv4 publiques disponibles au RIPE NCC (le registre régional d'adresses IP, qui alloue les IP pour l'Europe et le Moyen-Orient). La transition vers l’IPv6 est indispensable. Toutes les parties prenantes doivent être conscientes des effets probables de l'épuisement des ressources sur les réseaux individuels et sur l'Internet en général.

L'épuisement d'IPv4 n'est pas une surprise. Il est annoncé depuis plusieurs années. En 2011, il devait être imminent. À l’époque, on s’appuyait notamment sur une étude du cabinet d’analyse Gartner qui indiquait qu’environ 1,6 milliard de téléphones mobiles, dont 19 % de smartphones, avaient été vendus dans le monde en 2010. Chacun possédant évidemment une adresse IP !

La date prévisionnelle d’épuisement des adresses IPv4 est maintenant au 6 novembre prochain (et non plus en mars 2020).Pourtant, les choses avaient bien commencé.

Le 8 juin 2011, pendant 24 heures, les plus gros acteurs du web (Google, Facebook et Yahoo ! notamment) avaient basculé tous leurs serveurs en IPv6. Certains fournisseurs français (comme Free et Nerim) avaient entamé cette migration.

Depuis, le passage à l’IPv6 ne se fait pas à haut débit ! Fin juin 2018, sur le réseau fixe, la moitié des clients Free et presqu’autant (45 %) des clients Orange étaient activés en IPv6.

Les taux s’élevaient à 2,5 % chez Bouygues Telecom et 0,9 % chez SFR. Sur le réseau mobile, la migration est encore moins entamée : 7 % chez Bouygues Telecom et 1 % chez Orange. Rien du tout chez les deux autres.

L'IPv4 utilise en effet un espace d'adressage 32 bits équivalant à 4 octets. Cela signifie que le nombre total d'adresses IP sur Internet peut aller jusqu'à 2 ^ 32.

La ressource IPv4 devenant de plus en plus rare (plus d’acheteurs d'IPv4 et moins de vendeurs), le prix des adresses devrait s’envoler en fonction de l'offre et de la demande.

Selon l’ARCEP, le prix des IPv4 sur le marché secondaire de l’achat des adresses IPv4 déjà allouées, par lequel des acteurs qui ont trop d'adresses IPv4 les vendent à ceux qui n'en ont pas du tout ou pas assez, devrait considérablement croître, du fait d’une demande plus forte, pour une offre de plus en plus faible.

Ce prix élevé est susceptible d’ériger une barrière à l’entrée significative à l’encontre des nouveaux acteurs du marché et augmentera le risque de voir se développer un Internet scindé en deux.

Que se passera-t-il après cet épuisement ? Le RIPE NCC (le registre régional d'adresses IP, qui alloue les IP pour l'Europe et le Moyen-Orient) – qui publie des statistiques hebdomadaires - cite quatre conséquences :

  • La taille de l'attribution passe de /22 à /24 (1,024 -> 256 adresses) ;
  • Le RIPE NCC continuera à récupérer un petit nombre d'adresses IPv4 dans un avenir prévisible ;
  • Toutes les nouvelles demandes IPv4 seront ajoutées à une nouvelle liste d'attente pour recevoir une allocation /24 d'adresses récupérées selon le principe du premier arrivé, premier servi ;
  • Seuls les LIR qui n'ont jamais reçu d'allocation IPv4 du RIPE NCC seront éligibles pour figurer sur la liste d'attente.

Cette rareté produira aussi plusieurs effets négatifs qui rendront complexe le maintien d’IPv4. Un certain nombre usages, l’accès à distance à des fichiers partagés sur un NAS ou à des systèmes de contrôle de maison connectée, certains jeux en réseau…, seront très pénalisés.

La transition vers l’IPv6 est plus que jamais une nécessité. Finalisé en 1998, ce protocole dispose en effet d'un grand espace d'adressage de 128 bits. Et le nombre total d'adresses uniques sont 2 ^ 128. Ainsi, la limite des adresses IP ne va pas être dépassée pendant de nombreuses décennies ou peut-être des siècles.

ar rapport à l’IPv4, l’IPv6 intègre des fonctionnalités pouvant renforcer la sécurité de bout en bout (protocoles cryptographiques, certificats d’authentification…) sur une connexion et optimiser le routage (ce protocole intègre une fonctionnalité appelée autodécouverte qui permet aux machines et aux routeurs sur un réseau de se trouver et de se parler).

Enfin, aucune préférence n'est accordée à une région particulière dans le monde. Actuellement, près de 50 % de toutes les adresses IP sont réservées aux États-Unis…

Source : ARCEP