L’humain n’aime pas être bousculé dans ses habitudes et encore moins remis en cause. C’est précisément ce que fait la technologie augmentée par l’IA. Aussi, pour éviter le tech-clash, il est impératif de « redéfinir dès maintenant les formes de collaboration Homme-machine », estime Accenture dans une étude.

Lorsque les premiers ordinateurs sont arrivés dans les entreprises, ils ont été accueillis avec enthousiasme. Car alors, ils aidaient les employés à remplir leurs tâches, simplifiaient et accéléraient les processus et remplaçaient des appareils, que nous considérons aujourd’hui comme archaïques. Il en a été ainsi pendant des décennies, où l’apport de l’informatique s’est développé, avec l’arrivée des réseaux et des applications partagées, avec l’approbation enthousiaste des employés.

Pendant toute cette période et hormis quelques secteurs où l’automatisation (gestion documentaire) et la robotisation (industrie automobile) faisaient sens, il n’a jamais été question que l’informatique remplace l’humain. Elle n’en avait pas les capacités et les infrastructures de traitement et de transport de l’information ne le permettaient pas. Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle et de l’algorithmie cognitive, l’évolution est devenue une révolution et le numérique a remplacé l’informatique, bousculant les usages et les humains.

L’IA : votre prochain collègue…et rival

Les utilisateurs commencent alors à voir le numérique comme un rival susceptible de l’éjecter de son poste pour prendre sa place. Les premières tensions sont alors apparuesrésumées dans la formule tech-clash. « L’amour des gens pour la technologie a permis aux entreprises de l’intégrer, et de s’intégrer dans nos vies, transformant ainsi notre façon de travailler, de vivre et d’interagir avec le monde. Mais cet amour inconditionnel commence à s’effilocher, et il est de plus en plus clair que les approches adoptées par les entreprises pour en arriver là ne les mèneront pas plus loin », estiment les experts d’Accenture dans le rapport Vision Technologique 2020.

En clair, il est temps de marquer une pause et de porter son attention sur les conséquences humaines de cette course échevelée vers « l’augmentation » par la technologie. Ceci avant que le rejet ne soit si fort qu’il se transforme en hostilité ouverte. Les générations actuelles, milléniaux en tête, regardent déjà les promesses d’une vie meilleure grâce à la technologie avec suspicion, ceci même si elles continuent à apprécier les apports de la technologie dans leur vie quotidienne.

De nouveaux modèles qui mettent l’accent sur le bien-être

Sous le regard effaré de leurs aînés et contrairement aux générations précédentes, celles d’aujourd’hui préfèrent réussir leur vie plutôt que de réussir dans la vie. La nuance est importante et mérite réflexion de la part de ceux qui prétendent influencer le cours de l’évolution sociétale, à marche technologique forcée. « Alors même que les attentes des gens pour leur avenir technologique continuent de croître, explique le rapport d’Accenture, les tentatives de nombreuses entreprises pour répondre à ces attentes sont rejetées ».

Surveillés, scrutés dans leurs moindres mouvements et analysés, aussi bien psychologiquement que physiquement, les utilisateurs et les employés atteignent un point de non-retour où la méfiance devient défiance. « La promesse d’un monde rendu meilleur et plus facile par la technologie est piégée derrière des modèles, des architectures et des structures de gouvernance qui n’ont pas réalisé leur plein potentiel ni créé une valeur adéquate, laissant les entreprises en décalage avec les besoins et les attentes des gens ».

Par conséquent, « les entreprises doivent construire une nouvelle voie pour l’avenir, en développant de nouveaux modèles qui mettent l’accent sur l’humain », propose le rapport.Il ne tient qu’à elles et au législateur de mettre en place les processus de régulation et les limites à ne pas franchir.

Du tech-clash au tech-crunch

Et c’est là que réside toute la difficulté, car la tâche doit se faire à l’échelle de l’humanité entière et nécessite la collaboration de tous les pays et des organismes internationaux existants et à créer. C’est l’impératif et l’ordre de marche que doivent s’administrer les gouvernants avant que le tech-clash ne se transforme en tech-crunch.

L’homme est à un carrefour décisif de son évolution. Il ne tient qu’à lui de rester maître de son destin ou de le remettre entre les mains d’une technologie (et des entreprises qui l’opèrent) qui augmenterait ses capacités, et prétendument son bien-être, au détriment de sa liberté.

Avant de clore cet article, nous voudrions rendre hommage au travail des experts d’Accenture, qui ne se contentent pas de chanter les louanges du numérique, en faisant miroiter les avantages pécuniers et les progressions à deux chiffres du business, consécutifs à l’adoption de telle ou telle technologie. Nous nous sommes plusieurs fois appuyés sur leursrecherches pour soulever dans nos colonnesdes questions discordantes, par rapport aux chants des sirènes entonnés par une industrie passionnée, et seschœurs sans discernement.

Source :Accenture