Le mouvement est engagé, pour compenser la chute de la livre sterling les prix de l’informatique devraient augmenter de 10 % en Grande-Bretagne, ainsi qu’en Irlande. Et en Europe ?

Dell a été le premier, HP Inc. vient de suivre, et HPE ne serait pas loin de rejoindre le mouvement. C’est un effet attendu du Brexit, le prix d’une indépendance face à l’Europe arrachée par les votes. La chute de la monnaie britannique, la livre sterling, commence à avoir des répercussions sur les prix en Grande-Bretagne. Et en Irlande...

L'informatique britannique en hausse de 10%

L’informatique est au premier rang des victimes de cet effet de bord. Une grande partie des composants des infrastructures et des postes de travail est importée, et le cours du change a une forte incidence sur les tarifs. Et plus les produits sont fabriqués à la demande, plus les tarifs seront révisés à la hausse, car l’effet de change est immédiat.

À ce titre, l’absence de stocks ne permet pas de jouer son rôle de compensation, comme nous l’avons vu lors de la crise des disques durs. Les effets de l’inondation d’une usine de production asiatique ayant entraîné une pénurie sur le marché des disques durs ont en effet été compensés dans un premier temps par les stocks des magasins et des grossistes, le temps que la concurrence se réorganise pour couvrir la demande.

L'informatique d'entreprise en première ligne

Rien de tout cela en Grande-Bretagne où la crise est économique. Et c’est pour cela que ce sont tout d’abord les prix des équipements informatiques professionnels qui sont touchés par la hausse. Et si Dell a été le premier à réagir, son modèle de fabrication et de supply chain qui permet de fabriquer à la demande est le plus touché. Idem chez HP Inc., où dans un premier temps ce sont les produits pour l’entreprise qui vont subir la hausse, mais ils seront certainement et rapidement suivis par les gammes grand public.

Côté services et cloud, la problématique est certes la même, mais la réaction pourrait être différente. Les géants AWS ou Microsoft Azure vont certainement se trouver contraints de revoir leurs tarifs à la hausse en Grande-Bretagne. En revanche, le modèle de paiement à la consommation pourrait jouer un rôle d’amplificateur et pénaliser plus fortement les acteurs du marché. Qui vont plutôt chercher des solutions alternatives pour compenser les hausses.

C’est ce que pourrait annoncer Amazon, qui sur son cloud public AWS pourrait chercher à réduire le contenu de certaines offres afin de compenser la dévaluation de la livre sterling sans trop pénaliser ses clients.

Et les datacenters ? Et l'Europe ?

La présence de datacenters en Irlande, où ils ont bénéficié d’une fiscalité favorable à leur implantation, pourrait également s’en ressentir. La fluctuation de la monnaie anglaise pourrait favoriser des implantations hors du territoire britannique, ainsi que les acteurs régionaux européens.

Quelles seront en revanche les répercussions sur le marché européen  Les géants américains pourraient être tentés d’étaler l’effet Brexit sur tout le territoire européen afin de moins pénaliser leurs partenaires britanniques et historiques, mais rien ne permet pour le moment d'étayer cette théorie. Plus sûrement, moins que la hausse qui semble inévitable, c’est l’ampleur de celle-ci qui reste l’inconnue. Ainsi que le cynisme des entreprises qui seront tentées par d’autres leviers que celui du prix, la réduction d’effectifs par exemple…

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