Annoncée depuis quelques temps, la loi russe dite de « l’internet souverain » est entrée en vigueur le 1er novembre dernier, après sa promulgation par le président Vladimir Poutine. Selon le gouvernement, cette nouvelle loi lui permettrait de faire fonctionner internet quand bien même une entité hostile (les Occidentaux ou des pirates informatiques) isolerait le pays du reste du monde. Mais selon la BBC, il s’agit surtout d’un outil aux mains du gouvernement lui permettant de bloquer les contenus en ligne qui ne lui conviennent pas, qu’ils proviennent de l’intérieur ou de l’extérieur du pays. Par ailleurs, le gouvernement russe, à travers son agence officielle Roskomnadzor, pourra procéder légalement à la surveillance de masse.

Bien entendu, les organisations de défense des droits de l'Homme s’alarment face à la nouvelle loi russe. C’est le cas de Human Right Watch qui déclare par la voix de sa directrice adjointe pour l’Europe et l’Asie centrale, Rachel Denber, que le gouvernement russe dispose désormais d’un moyen de censure puissant. À terme, cette loi pourrait compromettre la liberté d’expression des citoyens russes, toujours selon la responsable de HRW. De leur côté, certains spécialistes sont moins pessimistes. Ils pensent que la loi sera difficile à appliquer, quelle que soit l’intention des responsables russes. Selon David Belson, directeur d’Internet Research and Analysis chez Internet Society, l’existence de centaines de réseaux en Russie ne permettrait pas au gouvernement d’isoler internet. Il pense aussi que le déploiement d’un logiciel de suivi auprès de l’ensemble des fournisseurs de services internet dans le pays semble impossible. Ajouté à cela, il est difficile de prédire comment vont se comporter les internautes russes vis-à-vis des changements que l’application de la loi pourrait apporter.

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