La France, bonne élève de l'ouverture des données publiques ? Quelques coups de pouces lui ont assuré un bond de la 16ème à la 3ème place du classement mondial. Et après ?

La publication de l'Open Data Index sur la période novembre 2013 à novembre 2014 a révélé une bonne surprise pour la France, qui figure à la 3ème place après la Grande-Bretagne et le Danemark, suivie par la Finlande, l'Australie et la Nouvelle Zélande.

Le classement, réalisé par l'association Open Knowledge Foundation (OKFN) – créée en 2004 pour promouvoir l'Open Data -, est un indicateur du degré d'ouverture des données publiques dans 184 pays. La France figurait en bonne position, occupant la 16ème place du précédant classement. Elle réalise un bond étonnant qui vient la placer dans le trio de tête.

Les coups de pouces à l'Open Data

Le baromètre de l'OKFN mesure l'ouverture des données publiques dans dix domaines : la législation, les statistiques nationales, le budget de l'administration, les dépenses administratives, les cartes géographiques nationales, les résultats des élections, les émissions polluantes, les registres d'entreprises, les horaires des transports, et les codes postaux.

Dans ces domaines, la France s'est montrée vertueuse, notamment la Direction de l'Information légale et administrative (DILA) qui a mis à disposition des textes législatifs, l'Institut national géographique (IGN) qui a publié certaines données, de nombreuses communes qui ont publié des résultats électoraux, ainsi que la publication des codes postaux et des émissions de pollution.

Peut mieux faire...

On peut se féliciter de cette évolution, qui va dans le sens de plus de transparence pour le citoyen, et comme l'a souligné Thierry Mandon, secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat et à la Simplification, dans celui de l'engagement de l'Etat dans « un processus plus collaboratif avec la société civile ».

Cependant, de nombreuses voix se sont élevées pour minimiser l'évènement et constater que le bond a été réalisé plus sur des améliorations dans des domaines où parfois la France affichait un net et incompréhensif retard, que sur des domaines sensibles, sur lesquels administrations et collectivités demeurent en retrait. La liste des codes postaux, par exemple, qui figure sur la liste des données rendues lubliques, n'était pas accessible !

Encore un long chemin à parcourir

Si l'on reprend les 10 sujets retenus pour réaliser l'Open Data Index, la France est encore en retrait principalement sur les dépenses effectives de l'Etat, sur les registres d'entreprises, et dans une moindre mesure sur la législation et sur les horaires des transports en commun.

Emmanuel Frot, Vice-président de Microeconomix, a souligné l'effort de la France en matière d’accès aux données publiques, mais constate qu'il reste encore beaucoup à faire pour s’ouvrir sur des sujets plus sensibles et/ou à forte valeur ajoutée. « Il aurait été de bon ton, par exemple, de disposer d’une base de données des adresses en France, qui existe déjà a priori (La Poste ou IGN), mais dont l'accès libre est pour le moment refusé ». Il cite également les données portant sur les dépenses de l’Etat qui restent très difficiles d’accès. « C’est le seul poste à ne pas avoir été amélioré dans le classement Open Data Index entre 2013 et 2014 ».

La nomination récente de Henri Verdier au poste d'administrateur général des données, en charge du pilotage de la mission Etalab qui coordonne l'action des services de l'Etat et de ses établissements publics pour faciliter la réutilisation de leurs données, permettra-t-elle à la France de se maintenir dans le trio de tête dès le prochain classement l'Open Data Index ?