Les astronautes suivent un long apprentissage pour développer une forte aptitude physique et psychologique. Ils ont été spécialement formés pour garder leur calme dans différentes situations (même les plus dangereuses) tout en restant concentrés sur de longues périodes. Toutefois, le fait de vivre, de travailler et de dormir dans un espace confiné pendant un long moment peut s’avérer être très difficile. Les astronautes sont aussi soumis à différentes contraintes physiques lors des voyages dans l’espace comme les effets de la microgravité qui réduit la masse osseuse et musculaire, affaiblit le système immunitaire tout en provoquant des pressions douloureuses à la tête et aux extrémités du corps. D’après certains scientifiques, une Intelligence artificielle capable de reconnaitre les émotions humaines et de répondre avec empathie aux astronautes serait d’une aide précieuse lors des prochains voyages dans l’espace, notamment vers Mars. Une telle innovation permettra d’anticiper les besoins de l’équipage et d’intervenir si sa santé mentale semble en danger.

La NASA travaillerait déjà sur différents types d’assistants numériques qui pourraient accompagner les astronautes pendant leur périple dans l’espace. En effet, les astronautes de la station spatiale internationale ont récemment reçu une nouvelle version du robot émotionnel CIMON d’IBM (Crew Interactive Mobile Companion) dans le cadre d’une expérience d’une durée de 3 ans. Tom Soderstorm, le directeur technique du Jet Propulsion Laboratory (JLP) de la NASA, a déclaré que les robots actuels sont freinés par un manque d’intelligence artificielle émotionnelle. Cette situation a poussé le JLP à collaborer avec « Akin », une société australienne de technologie, pour développer une IA capable de fournir un soutien émotionnel aux astronautes lors de leur mission dans l’espace lointain. Liesl Yearsley, le PDG d’Akin, a indiqué que le principal objectif de son entreprise n’est pas seulement de créer une IA capable d’exécuter simplement des tâches ou de définir des rappels (comme Alexa et Siri) mais de développer un système capable d’agir comme un compagnon de voyage fournissant un soutien empathique. Le suivi de la santé mentale et émotionnelle des astronautes a toujours été important pour la NASA. L’équipage de l’ISS serait en contact permanente avec des psychologues se trouvant sur Terre. Les scientifiques estiment qu’une IA émotionnelle embarquée permettra de détecter et de résoudre rapidement les problèmes dès qu’ils surviennent. La collaboration de la JLP et d’Akin a déjà permis de développer une IA appelée « Henry the Helper ». Ce système d’IA exploite le deep Learning pour reconnaitre les modèles de la parole humaine ainsi que les expressions faciales liées aux émotions. Henry a ensuite été programmé pour répondre à ces signaux d’une façon appropriée et empathique. Akin lancera également cette année deux autres prototypes, « Eva » l’exploratrice et « Anna » l’assistante. Le fonctionnement d’Eva serait similaire à celui d’Henry, mais elle serait plus autonome. Cette IA est équipée de plus de capteurs permettant d’analyser les signaux subtils de la parole et de l’expression faciale tout en étant capable de participer à des conversations plus complexes. L’IA « Anna » quant à elle, fonctionnera comme une assistante de laboratoire autonome qui sera en mesure d’anticiper les besoins des employés du JPL en prenant des notes, en répondant à des questions, en résolvant des problèmes et en manipulant des outils. Dans quelques années, Akin prévoit également de concrétiser le développement de « Fiona » qui fonctionnera comme un système d’IA multiplateforme pouvant être intégrée dans un vaisseau spatial ou dans une habitation se trouvant sur la Lune ou sur Mars. Pour qu’une IA puisse fonctionner d’une manière autonome dans l’espace, elle devrait s’appuyer sur une technologie de pointe permettant de traiter une grande quantité de données sur un stockage local avec des empreintes énergétiques considérablement réduites. Malgré cela, certains experts estiment qu’une IA émotionnelle ne serait pas fiable à 100%. Lisa Feldman Barret, une psychologue à l’Université du Nord Ouest spécialisée dans les émotions humaines, a déclaré que la manière dont les entreprises de technologie entrainent actuellement une intelligence artificielle à reconnaitre les émotions serait profondément défectueuse. Selon elle, ces systèmes sont incapables de reconnaitre la signification psychologique, car ils analysent des mouvements et des changements physiques pour évaluer une signification psychologique, ce qui serait deux choses complètement différentes selon la scientifique. Toutefois, Lisa Feldman Barret a rajouté qu’un vaisseau spatial constituerait un environnement idéal pour former une IA émotionnellement intelligente, vu que le système devra interagir avec un petit groupe de personnes se trouvant à bord. L’IA sera en mesure d’apprendre la signification des expressions faciales de chaque individu et la manifestation des émotions par rapport aux mouvements du visage, du corps ainsi que dans le ton de la voix. Un milieu restreint permettra également à l’IA de comprendre comment les expressions peuvent changer dans le contexte et l’environnement d’une mission spatiale impliquant plusieurs astronautes.

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