Gérer la crise au quotidien en essayant de maintenir leurs entreprises à flot, ne doit pas empêcher les décideurs de penser à l’après-crise. Pour cela, il est salutaire de comprendre les mécanismes en cours et leur déroulement dans le temps.

Les quarantaines à l’échelle mondiale ont marqué un arrêt brutal de l’économie et enclenché une dynamique jamais vue dans l’histoire humaine. D’habitude, les crises surviennent suite à une altération brusque et profonde dans un secteur, une région du monde ou un état. La crise de 2008 par exemple a été consécutive à l’accroissement de la masse monétaire et aux baisses massives des taux d’intérêt. Le boom du crédit et l’endettement qui s’en est suivi ont créé une bulle qui a fini par éclater.

La crise actuelle est due à un arrêt brutal des échanges et fera sans aucun doute l’objet de dissections et de débats passionnés dans l’avenir. Pour l’heure, l’urgence pour les décideurs est de sauvegarder ce qui peut l’être et prévoir les prochaines décisions stratégiques. Dans un article intitulé Beyond coronavirus : the path to next normal, les analystes de McKinsey jettent un regard sur l’avenir proche et un peu plus lointain pour essayer d’entrevoir comment va évoluer la situation.

« Notre perspective est basée sur notre analyse des urgences passées et sur notre expertise industrielle, préviennent-ils. Il ne s’agit que d’un point de vue. D’autres pourraient examiner les mêmes faits et en ressortir avec un point de vue différent. Nos scénarii ne doivent être considérés que comme des probabilités parmi d’autres ».

Les étapes d’une crise généralisée et profonde

En observant les mécanismes de la récession qui s’enclenche, McKinsey la décompose en plusieurs étapes. La première étant celle que vous vivons actuellement et a débuté en gros au 1er trimestre 2020. « la dynamique auto-renforcée d’une récession s’est enclenchée et prolongera le marasme jusqu’à la fin du troisième trimestre, précisent-ils. Les consommateurs restent chez eux, les entreprises perdent des revenus et licencient des travailleurs, et le taux de chômage augmente fortement. Les contrats d’investissement des entreprises et les faillites d’entreprises s’envolent, exerçant une pression importante sur le système bancaire et financier ».

L’assouplissement de la politique monétaire, le quantitativizing massif et généralisé, des banques centrales n’aura que peu d’effet, « compte tenu des faibles taux d’intérêt en vigueur ». Les réponses budgétaires s’avèreront insuffisantes pour surmonter les dommages économiques au deuxième et au troisième trimestre, disent les analystes de McKinsey. Il faudra attendre le quatrième trimestre pour que les économies, européenne et américaine, connaissent une véritable reprise, prédisent-ils. Le PIB mondial en 2020 sera en certainement en baisse, sans que l’on puisse prédire son ampleur.

Les entreprises technologiques sur tous les fronts

Outre l’urgence de remettre en marche l’outil de production, les processus et les chaînes de valeur rompues par des semaines d’interruption, les entreprises devront faire face à un paysage B2B et B2C modifiés, peut-être même ravagé par les faillites d’intermédiaires, de fournisseurs et de clients qui n’auront pas survécu faute de liquidités. Dans ce futur concert de remise en état de l’économie, les entreprises technologiques seront en première ligne. D’un côté, elles seront soumises aux mêmes contraintes de remise en état et de redémarrage, et d’un autre elles devront profiter de la volonté des entreprises échaudées par la crise et désireuses d’accélérer ou d’accéder à la transformation numérique.

Quoi qu’il en soit, un choc de cette ampleur créera un hiatus, une discontinuité avec un avant et un après. Les préférences et les attentes des individus en tant que citoyens, employés et consommateurs vont changer, explique McKinsey. Ces changements et leur impact sur notre mode de vie, notre façon de travailler et notre utilisation de la technologie apparaîtront plus clairement au cours des semaines et des mois à venir. Ceci sans compter la reprise en main de l’économie par les états et leur volonté de réguler à tout va, technologies, économie, santé et société.