Par Richard Itzkowitch, Directeur Régional Axians Communication & Systems Île-de-France

Les universités seraient-elles contraintes de séduire leurs étudiants au même titre que les entreprises le font avec leurs clients ? A voir l’arsenal des outils digitaux qu’elles déploient (MOOC, classes virtuelles, outils de géolocalisation…), il est clair qu’elles mettent tout en oeuvre pour répondre aux attentes de la génération Z, celle qui investit aujourd’hui leurs cursus.

Depuis une dizaine d’années les universités ont entrepris le vaste chantier de leur digitalisation. Première pierre à cet édifice : la mise en place de plateformes d’apprentissage en ligne. Accessibles via le web, ces solutions proposent des contenus pédagogiques, permettent l’interaction et la communication entre étudiants, chercheurs et enseignants, offrent la possibilité d’organiser et de créer des communautés autour de cours ou de groupes de travail. A ce jour 75% des universités françaises sont équipées de Moddle, plateforme de référence créée en 2002 à l’Université de Curtin en Australie.

Les étudiants de plus en plus férus de classes virtuelles et cours en ligne

Chaque année, les universités voient croître leur nombre d’inscrits : 1 010 200 sont inscrits en cursus licence pour 2018-2019 soit une hausse de 1,2 % par rapport à 2016-2017 (source : Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation) Les amphis débordent et certains cours magistraux sont retransmis sur des écrans dans des salles annexes via des systèmes de visioconférence. Un contexte peu favorable à l’interaction entre enseignants et étudiants qui, au fil du temps, désertent la fac. Ainsi, nombre d’entre eux préfèrent suivre les cours en ligne, dispositif leur donnant toute latitude d’y accéder quand ils veulent et de prendre le temps nécessaire pour suivre un module. Ils apprécient de revoir un cours en streaming ou de consulter les documents selon le principe de l’acronyme anglo-saxon : ATAWAD, pour Any Time, Any Where, Any Device.

Que ce soit donc pour des raisons pratiques (manque d’espace) ou pour répondre aux nouvelles façons de se former, les établissements de l’enseignement supérieur doivent satisfaire les appétits digitaux des étudiants. Et en matière de digital, la génération Z, née avec le numérique et qui investit aujourd’hui les bancs des universités, est plutôt gourmande. Au point de juger la qualité de l’enseignement d’un établissement à l’aune de la modernité de ses équipements. Les universités sont donc, à l’instar des entreprises, soumises à l’impitoyable jeu de la concurrence où l’étudiant devient le client qu’il faut séduire et fidéliser. Ainsi, il est inconcevable pour ces digital natives de ne pas retrouver, au sein de leur environnement éducatif, les mêmes outils et la même aisance de connexion que ce qu’ils connaissent dans leur quotidien.

Les technologies déployées doivent répondre à un besoin

Délivrer une expérience étudiante performante, nécessite de la part des établissements de déployer de nouvelles fonctionnalités. Les projets doivent avant tout prendre en compte les usages. Car si de nombreuses technologies promettent monts et merveilles, elles seront inutiles si elles ne répondent pas à un besoin. Parmi les attentes exprimées, les étudiants souhaitent aujourd’hui davantage de services digitaux pour simplifier leurs démarches administratives. Avec leurs présences multi-sites, les universités doivent déployer des classes virtuelles et des outils collaboratifs intégrant le chat, la vidéo, le partage et l’annotation de documents, pour permettre aux étudiants, chercheurs et enseignants d’apprendre, d’échanger et de travailler ensemble de façon simultanée. Certains grands campus souhaitent, quant à eux, développer des outils de géolocalisation pour faciliter les déplacements des étudiants dans le dédale des établissements ou pour repérer les salles surchargées et réaffecter celles moins occupées.

Digitaliser nécessite de déployer des infrastructures performantes

Selon les choix des universités et leurs niveaux de digitalisation, les projets sont divers. Mais fournir un accès sans faille à des plateformes riches en contenus et en services nécessite des infrastructures ouvertes, robustes, sécurisées et dotées de fortes capacités de stockage et de calcul pour garantir une continuité de service permanent. Aujourd’hui les investissements digitaux pèsent de plus en plus lourd dans le budget des universités. Mais conscient que c’est un passage obligé pour faire des universités des lieux d’enseignement de qualité, l’Etat français - alloue dans le cadre de la loi du 22 juillet 2007 relative au numérique dans l'enseignement supérieur et la recherche - des budgets à ces projets. Par ailleurs, les modèles commerciaux du SaaS et du PaaS permettent d’imputer ces dépenses à l’Opex (dépenses d’exploitation) et non au Capex (dépenses d’investissements). Enfin, les universités, sont de plus en plus incitées par les pouvoirs publics à mutualiser leurs data centers entre elles pour rationaliser leurs coûts.

Si les universités ont su prendre le virage du digital, elles doivent sans cesse enrichir leurs offres et leurs services pour satisfaire les exigences toujours plus importantes des générations nées avec le numérique. Le digital est devenu un critère de réputation et de sélection !