Va-t-on vers la fin du management humain ? Pas dans l’immédiat, mais cela dépendra des compétences.

Nous évoluons vers un monde de ‘smart machines’, de machines intelligentes capables de prendre des décisions. Un monde peuplé de machines capables aujourd’hui de battre un joueur d’échec ou de go, de réaliser des tâches, et même de faire un diagnostic médical. Un monde où la prise de décision sera robotisée là où précédemment la décision appartenait au seul patron humain.

La question n’est pas de savoir si les smart machines prendront notre place, mais plutôt de savoir dans quels domaines, pour quelles tâches, et quand elles se verront confier la mission de prendre des décisions à notre place ? Selon Frances Karamouzis, vice-présidente et ‘distinguished analyst’ au Gartner, dès 2018, 3 millions d’employés seront supervisés par des ‘robobosses’, des patrons robots.

Les smart machines au pouvoir

Ces machines intelligentes ne reproduiront pas notre apparence. Elles seront présentes sur nos ordinateurs, nos tablettes ou smartphones. Et surtout, elles reposeront sur l’analyse des données issues de la performance des employés, avec des outils de machine learning pour détecter des corrélations, tester les hypothèses, et en déduire les directives qui vont alimenter une base de décisions et des incitations de gestion qui seront imposées à la production.

Cette vision réaliste se place à la croisée des chemins de l’Internet des Objets (IoT) et du Big Data analytics. En effet, la mesure de la performance des employés doit se faire de plus en plus fine, avec de plus en plus de données relevant d’activités et d’évènements trop petits et précis pour que le gestionnaire humain puisse les suivre. Seules les smart machines disposeront de la puissance et de la granularité pour consommer efficacement ces données.

La ‘Gig Economy

Un autre phénomène viendra également inciter à faire appel aux smart machines pour prendre des décisions : la ‘gig economy’. Elle concerne le recours à des travailleurs indépendants pour des missions courtes, autrement dit l’uberisation. Selon une étude d’Intuit, 40 % des travailleurs américains seront des indépendants en 2020. Au Gartner, peut-être plus enclin à l’exagération, ce sont 30 % de freelances professionnels qui alimenteront les forces de travail de l’entreprise dès l’an prochain.

Ce phénomène est lié à la fois à la digitalisation de l’entreprise, à la mobilité des nouvelles générations qui intègrent le monde du travail, et à la recherche d’un nouvel équilibre vie/travail. Mais surtout à la recherche permanente des entreprises pour réduire leurs coûts, qui pousse vers de nouveaux modèles, comme celui de l’uberisation, ainsi que les économies du partage, du don et du troc.

L’humain continuera de gérer la complexité… humaine

Même si la tendance va être au remplacement du décideur humain par des machines intelligentes, il est des domaines où le patron restera une femme ou un homme. Ce sont ceux qui font appel aux compétences non pas techniques, mais relatives aux relations humaines. Cela, aucune machine, aussi intelligente soit-elle, n’est encore capable de l’analyser.

Mais il ne faut pas se faire d’illusion, même dans le cadre de prises de décisions reposant sur la gestion de relations humaines complexes – relation de travail, leadership créatif, planification stratégique - le patron devra faire des machines intelligentes des partenaires.

Conclusion

Dans les prochaines années, les machines pourront remplacer les patrons lorsque la prise de décision portera sur des composants de gestion tactiques et quantifiables. Lorsque la prise de décision sera centrée sur les personnes, l’humain demeurera le décideur. Pour combien de temps encore ? Personne ne peut le dire, mais il est certain que le patron sera bientôt un ‘roboboss’.