L’augmentation du nombre d’employés travaillant à distance peut inciter les entreprises à les suivre de près via des applications de surveillance à distance. Mais cela aura-t-il une influence sur la productivité ? Pas si sûre.

La crise du Covid-19 a été un véritable déclencheur de transformation culturelle dans les entreprises. Ainsi, la généralisation du télétravail a engendré ses propres questionnements sur les méthodes de management, et parmi celles-ci, les moyens de contrôler la productivité quotidienne des employés. Si en France, les entreprises ont semble-t-il plutôt fait confiance à leurs employés, ce n’est pas le cas aux États-Unis, où les ventes de logiciels de surveillance à distance, ceux qui traquent l’activité sur les ordinateurs de l’employé, ont bondi pendant le premier trimestre de cette année.

Alors que l’usage de logiciels de surveillance est strictement encadré par la loi en France, aux États-Unis c’est beaucoup plus libre. La seule obligation de l’employeur est de prévenir ses employés. Mais au-delà de l’aspect légal, cette surveillance à distance pose la question de son effet sur le moral des employés et la relation avec l’entreprise et le management. Dans une enquête menée par Clutch, une plateforme de notation et d’évaluation pour les fournisseurs de services informatiques, de marketing et commerciaux, révèle que 21 % des employés sont suivis à l’aide d’un logiciel de surveillance. « les cadres pensent que c’est mauvais pour le moral, les départements des ressources humaines et les milléniaux ne sont pas d’accord », explique le rapport.

Surveillé ou pas, ça ne change rien pour la productivité

« J’engage des adultes, pas des enfants, et je leur fais confiance pour gérer correctement leur temps », expliquait un chef d’entreprise à l’un des enquêteurs. Ce n’est toutefois pas la position dominante si l’on en croit les résultats de l’enquête. Selon cette étude, environ la moitié des employés (49 %) a répondu qu’elle n’était pas surveillée pendant leurs heures de travail, et 30 % ne sont pas sûrs s’ils le sont ou pas. L’enquête a été menée auprès de 400 employés américains.

Les entreprises devraient examiner comment la surveillance des employés peut affecter négativement leur moral et leur attitude vis-à-vis de l’entreprise et du management. Ils sont une majorité de 72 % à déclarer que leur productivité ne serait pas affectée si leur entreprise utilisait un logiciel de surveillance à distance. Parmi les jeunes salariés, seuls 22 %, âgés entre 18 et 34, ans s’inquiètent du fait que leur employeur puisse accéder à des informations et à des activités personnelles à partir de leur ordinateur de travail.

« Les entreprises devraient se préparer à ce que leurs travailleurs soient de plus en plus avertis quant à l’utilisation appropriée des appareils de travail, car les jeunes constituent une part croissante de la main-d’œuvre », prévient le rapport. En somme, le recours aux logiciels de surveillance de l’activité à distance n’augmente pas le sentiment de responsabilité des employés envers leurs employeurs et n’affecte pas l’usage de leur temps de travail.