Outre l’acquisition d’un ensemble de qualités humaines résumées par « softskills », le manager augmenté post-crise est avant tout assisté par l’IA, même s’ils considèrent en même temps que l’IA est moins performante que l’Humain pour animer et créer de la cohésion dans les équipes ou pour être créatif.

Bien que le rôle du manager post-Covid-19 soit toujours le même — le pilotage de l’activité et la prise de décision-, les qualités que doivent posséder les managers se sont radicalement transformées en quelques mois. L’accélération des changements sociétaux, déjà à l’œuvre avant la crise pandémique, et l’introduction de nouvelles notions d’écoute, d’empathie et d’engagement pour le bien-être de ses collaborateurs ont augmenté les attentes des salariés, et par conséquent le rapport entre manager et managés. Selon ces nouveaux préceptes, le manager mandarin ou chefaillon devient un facilitateur au service de son équipe et de l’épanouissement au travail de ses collaborateurs.

C’est ce nouveau concept de manager augmenté qui permettra de faire face aux crises soudaines, à l’incertitude d’un avenir de plus en plus imprédictible, et aux problèmes de recrutement et de rétention des salariés. D’après l’étude annuelle d’Axys Consultants, outre ses qualités humaines, le manager augmenté s’appuie sur des outils technologiques pour accomplir sa tâche. Parmi ceux-ci, l’automatisation des tâches managériales passe en tête et fait un bond à 44 % des suffrages (vs 29 % dans l’enquête de 2021 qui le plaçait en 2e position).  

Les managers placent beaucoup d’espoirs dans les technologies

Avec un score de 29 %, les outils de collecte et d’analyse de données retombe à la 2e place (la 1ère en 2021 avec 34 %). Il est ex aequo avec une solution non proposée l’an dernier : le micro learning, fast learning et la gamification. Sur la 3e place du podium, on retrouve les moteurs de recherche sémantique, mais avec un score plus élevé qu’en 2021 (25 % contre 21 %).

En seulement un an, les managers placent beaucoup d’espoirs dans les technologies cognitives (IA, Big data…) que l’an dernier. L’automatisation des tâches conserve sa 1ère place, mais prend 23 % de réponses en plus que l’année dernière. Un bond de 44 % à 67 %, qui, selon le rapport, s’explique par l’adoption par près de la moitié des managers des outils d’automatisation (47 %). Dans le même ordre d’idées, les scores de l’application de l’IA et du Big Data pour aider le manager à prédire son activité et celle de ses équipes fait plus que tripler (41 % contre 16 %), tout comme pour celui de mieux anticiper les risques (35 % contre 13 %).

Vient ensuite la possibilité d’améliorer l’intelligence collective grâce à des outils collaboratifs, citée par plus de la moitié des répondants (53 %). Cette réponse n’avait pas été proposée en 2021 et les managers avaient placé sur la 2e marche du podium l’établissement de corrélations et de liens de causalité pour assister le manager dans sa prise de décision. Cet objectif a chuté à la 6e place en 2022 (avec un pourcentage pourtant plus fort : 33 % contre 23 %).  

L’acculturation au outils technologiques est nécessaire

Enfin, au chapitre des freins au développement des nouvelles technologies IA et Big Data, les répondants semblent bien plus sensibilisés aux enjeux et aux problèmes. Par exemple, le premier handicap cité reste l’insuffisance de la formation/acculturation des managers à ces outils, mais le nombre de répondants qui le citent a plus que doublé, passant de 33 % à 73 %. Le second frein, les coûts, est cité par 55 % des managers, contre seulement 11 % en 2021. L’an dernier, la 2e place était occupée par la crainte de ne pas pouvoir expliquer les résultats (effet boîte noire) des solutions comme l’IA. Elle est désormais à la 3e place du podium (37 % contre 6 %).

La question de l’éthique, qui était citée comme le 3e frein en 2021, rétrograde à la 4e place, mais avec un pourcentage plus élevé qu’en 2021 (35 % contre 21 %). Enfin, la crainte d’être remplacé par un robot est deux fois moins citée que l’année dernière, passant de 20 % en 2021 à 10 % en 2022. Cependant, même si une meilleure compréhension des technologies et de leurs usages a dissipé bien des malentendus, la technologie n’est pas considérée comme la panacée. Pour les managers, certaines capacités humaines ne peuvent pas être égalées par des machines, même « pensantes ».  

La plus-value des données pour anticiper

Ils sont près de trois quarts à estimer qu’une machine/IA sera moins performante que l’Humain pour animer et créer de la cohésion dans leurs équipes (73 %). De même, ils considèrent qu’elle lui est inférieures pour être créatif (65 %) et pour prendre des risques (55 %). En revanche, dès que la donnée est susceptible d’apporter une plus-value en facilitant et fiabilisant l’analyse et la prédiction, le rapport s’inverse. Les managers sont ainsi seulement 4 % à affirmer que les machines et l’IA sont moins performantes que l’humain pour apprendre de son expérience, 18 % pour prendre des décisions fiables, 20 % pour faire monter les collaborateurs en compétences et 35 % pour favoriser l’intelligence collective.

À la lumière des chiffres ci-dessus, il apparaît logique que plus de la moitié des répondants (57 %) plébiscitent les formations aux nouvelles technologies (IA, ML, Apprentissage automatique, Data science). Ils sont ensuite demandeurs, à 49 %, de coaching managérial pour développer certains softskills (créativité, prise de risque, entreprenariat, communication…).