Avant la crise et le confinement, les freins à la transformation numérique, poids du legacy et manque de compétences, ont quelque peu changé de nature nous a expliqué Patrick Rohrbasser, Regional VP Sud EMEA & Afrique chez Veeam lors d’une interview.

Avant la crise les arguments expliquant les freins à la transformation numérique se résumaient au poids du legacy et au manque de compétences. Selon les chiffres publiés dans le Veeam 2020 Data Protection Trends Report, près de la moitié des entreprises à travers le monde étaient freinées dans leur parcours de transformation numérique en raison de technologies anciennes et peu fiables. Mais les choses ont changé et l’argument principal en faveur d’une accélération de la transformation numérique après le Covid-19 est qu’en cas de pandémie, il sera vital de contenir les coûts, ce qui était, et reste, l’un des principaux objectifs de la transformation numérique. Il s’y est ajouté un autre impératif encore plus vital : celui de maintenir l’activité en cas de deuxième vague. 

 « Alors que les entreprises cherchent à optimiser la gestion de leurs activités, Veeam prévoit que les organisations chercheront à pousser plus loin et plus vite leurs initiatives de transformations, pour relancer leur activité en exploitant ou en réutilisant leurs données pour se développer et transformer l’entreprise, afin d’accroître l’intimité avec les clients (le résultat le plus souhaité de la transformation numérique) », affirme Patrick Rohrbasser.

La rupture des chaînes d’approvisionnement retarde le renouvellement du legacy

Mais, après la crise, les conditions des marchés de l’informatique ne sont plus tout à fait les mêmes. Même si le rêve de passer au tout numérique est partagé par la majorité des entreprises, se débarrasser du legacy en cette période post-covid risque d’être retardé pour deux raisons principales selon Patrick Rohrbasser : «  tout effort de modernisation informatique qui commence avec du nouveau matériel “en rack et en pile” est encore indéfiniment reporté ; non seulement parce que les professionnels de l’informatique ne sont pas encore revenus au bureau et dans les datacenters, mais aussi en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement des composants qui arrivent chez les fabricants, puis sont expédiés à la distribution, avant d’arriver chez les clients ».

Cependant, le tableau n’est pas si noir, car cette crise a précipité le recours aux technologies du cloud pour permettre aux télétravailleurs de continuer à besogner. « Par exemple, si une entreprise prévoyait déjà de déplacer un nombre mensuel de boîtes aux lettres ou de serveurs du système on-premise vers une plateforme SaaS ou IaaS, il ne serait pas surprenant de voir la migration multipliée par 2 ou 3.  Les projets où le professionnel de l’informatique peut être productif depuis son domicile ont continué à progresser, sans être entravés par des dépendances matérielles », explique Patrick Rohrbasser.

Le bouchon de la formation a sauté, mais les compétences vont-elles continuer à s’améliorer ?

En ce qui concerne les compétences et la formation, les entreprises étaient freinées par les procédures et le manque de temps pour mobiliser les salariés sur des formations. « La plupart des professionnels de l’informatique souhaitaient davantage de formations sur de nouvelles plateformes ou de nouvelles architectures, explique Patrick Rohrbasser, mais comme la plupart des organisations consacrent entre 68 % et 82 % de leur budget et de leurs ressources au maintien du statu quo, l’investissement de temps et de budget dans le “nouveau” a été un luxe ».  

Mais les choses ont rapidement changé lors du confinement. Une étude publiée à la mi-mai par Udemy, la plateforme d’apprentissage en ligne, a révélé une augmentation de +190 % des inscriptions en France pour la formation en ligne. Les entreprises ont bénéficié des mesures d’assouplissement des conditions d’accès à la formation, initiées par le gouvernement et élargies à tous les salariés. De leur côté, les salariés ont profité de cette période de baisse d’activité pour se former. « Du point de vue des compétences, de nombreuses organisations ont donné la priorité aux webcasts et aux possibilités d’apprentissage pendant la période de permanence à domicile, plaide Patrick Rohrbasser. Nous espérons donc que les compétences continueront à s’améliorer à mesure que les organisations continueront d’accueillir des travailleurs à distance et des flux de travail plus fluides ».