Les armes ont de tout temps été utilisées pour gérer les rapports et les conflits entre les espèces animales dont les Humains. Notre expert Julien Vimch, membre d’IT Social et CISO d’un grand groupe de luxe, nous brosse en une série de 5 articles/épisodes l’évolution des armes des origines de l’homme jusqu’aux cyber-armes. Aujourd’hui, des armes classiques aux armes humaines, en passant par les armes de destructions massives et les plus récente armes à énergie dirigée.

Les épisodes, publiés tout au long de la semaine, évoquent :

  • L'évolution des armes au fil du temps
  • Les cyber-armes
  • Le cyber-crime organisé
  • L’arme de la communication
  • L'arme de la communication pour gérer un conflit avec un hacker

Comme le dit Pascal Picq dans son livre "Un paléoanthropologue dans l'entreprise, aux éditions Eyrolles, il faut s'adapter pour survivre. Il décrit comment les animaux se sont adaptés (telle la girafe dont le cou grandit au fil du temps) ; la fonction crée l'organe.

Concernant les Hommes, le développement du cerveau leur a donné la capacité de faire évoluer leurs armes rapidement en fonction de la nature des conflits qu'ils ont eu à gérer. En parallèle, l'Homme, comme certains animaux, a développé une stratégie associée aux armes pour gagner les conflits qui sont devenus des guerres. Les armes utilisent une infrastructure, à l'opposé de la stratégie qui n'est que le fruit de la réflexion de l'Homme pour gagner les guerres. Cette stratégie sera d'ailleurs adaptée et améliorée en fonction des armes et de l’infrastructure qu'il utilisera.

Cette réflexion ne peut remplacer une étude complète ; elle a pour ambition de mettre en évidence la puissance de l'arme de la "communication" et de mieux anticiper l'évolution des systèmes d'armements que l'Homme développe en fonction de son environnement.

Les armes naturelles

Les animaux sont dotés d'appendices qui leur permettent de se défendre mais aussi de manger, vivre, et plaire dans la lutte pour leur partenaire de cœur. C’est, par exemple, la corne, le croc ; il arrive que ces armes soient aussi chimiques, ce sont les répulsifs de certains insectes, de la salamandre, etc.

L'Humain, bien que doté des mêmes appendices, a quant à lui utilisé son cerveau pour développer des nouvelles armes et devenir celui qui dirige le mieux son évolution à la fois personnelle (protection) et en tant qu'espèce. Il est devenu progressivement le maître de la Terre, étant capable de dominer tous les autres animaux en se positionnant au sommet de la chaîne alimentaire et de prédation. Seuls la nature et certains animaux tels le cafard (capable de résister à une bombe atomique), ou le climat, peuvent lui résister même s'il peut, par son intelligence, réduire l'impact de ces forces en anticipant les grands cataclysmes naturels.

Les armes de lutte unitaires

L'Humain, ainsi que certains animaux, a utilisé des outils pour se nourrir, comme des pierres pour casser des graines ou des fruits à coque dure, et des armes "blanches" comme des couteaux et des lances qui progressivement lui ont permis d'une part, d'attaquer "à distance" pour mettre ses ennemis hors de portée et éviter un combat corps à corps, et d'autre part, tuer des animaux plus forts que lui.

Durant la période mésolithique caractéristique des armes de luttes unitaires, il y a trois grandes époques de développement dans ces armes (lire ici) :

  • Les outils primaires : sans transformation, telles les pierres ou les feuilles, qui sont largement utilisées encore par les chimpanzés ;
  • Les outils secondaires : qui sont fabriqués avec l'aide d'un autre outil tel le percuteur qui permet d'aiguiser un silex ;
  • Et les outils composites : qui sont l'association de plusieurs éléments pour former une arme, tel l'arc.

Les armes ont évolué avec le temps passant de la pierre aux armes métalliques. Mais une découverte importante se révèle être le propulseur, qui a été privilégié à l'époque Paléolithique, particulièrement en Australie, et trouve un regain d'intérêt aujourd'hui. Cet outil décuple la puissance musculaire de l'Homme et lui permet d'atteindre des cibles éloignées. L'importance du propulseur (lire ici) a conduit au développement d'objets d'art que l'on peut retrouver lors des découvertes des sites archéologiques datant de -17.000 à -12.000 ans avant Jésus Christ.

Les armes de destruction massive

Les armes de guerre quant à elles, ont beaucoup évolué au fil du temps.

Depuis un simple arc ou une lance, à la découverte de la poudre, les armes de guerre sont pour certaines utilisées tous les jours pour détruire et pour d'autres, de donner de l'importance à son propriétaire ou de mettre à distance ses ennemis. Mais les plus grandes améliorations des armes et de la technique associée ont été développées pendant les phases de guerre dans le but d'obtenir un pouvoir de destruction presque sans limites.

Du simple fusil aux bombes, l'Homme possède tout un arsenal capable de porter une attaque fatale à son ennemi.

Cette impressionnante évolution des armes nécessite une infrastructure, composée de métal, d'énergie et de chimie, parfois très importante. C'est le cas du nouveau missile M51 lancé depuis un sous-marin atomique à l'autonomie quasi illimitée et porteur de plusieurs missiles composés chacun de quatre têtes nucléaires, d'une puissance de frappe pour chacune des têtes, plus importantes que celles utilisées au Japon lors de la Deuxième Guerre mondiale (Un groupe de militants s'opposent au lancement du tir d'essai du M51 le 16 juin 2016 : lire ici).

Ce type d'arme utilisée dans un conflit entraînerait la destruction du pays ennemi.

Mais, heureusement pour notre planète, les armes atomiques ne seront plus employées dans une guerre mondiale entre des pays l'ayant acquise par développement ou dans le cadre d'accord stratégique depuis 1945. Les dernières utilisations connues ont été en d'Irak ou de manière plus ponctuelle pour intoxiquer au polonium des anciens espions Russe (lire ici) ou dirigeants.

Les deux principaux pays ayant largement développé cette arme atomique sont les USA et la Russie … qui ont signé en 1968 un traité de destruction massive de leurs armes nucléaires respectives (qui n'est, comme on le sait, pas respecté ; il a simplement servi à renouveler le parc des armes atomiques qui n'était plus maîtrisable !).

Engagés dans cette escalade de puissance et de développement des armes atomiques, les limites sont sans doute atteintes, orientant ces armes dans un objectif dissuasif (A l'exception de la doctrine Bush telle qu'elle est définie - lire iciqui a été l'une des réponses suite à l'attentat du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis) ; à l'image de la déclaration de Kim Jung Un (lire ici) qui s'est engagé à n'utiliser la bombe atomique conçue par la Corée du Nord qu'en cas d'agression. La dissuasion, née de la détention d'armes à poudre surpuissante, est devenue une arme qui peut alors éviter des conflits dans le meilleur des cas. Le risque résiduel est que cette arme soit mal protégée contre le vol (scénario de Ian Fleming mis en images dans "Opération Tonnerre" de 1965 ou encore dans "Jamais Plus Jamais" en 1983).

Avec une vision positive, il est donc intéressant de voir que l'escalade de puissance pourrait trouver une limite. L'arme de destruction massive devient alors une arme de dissuasion.

Cependant, il reste beaucoup de conflits qui utilisent des armes à base de poudre, lesquelles ont pour objectif de tuer des Humains.

Les armes à énergie dirigée

Récemment développées depuis les années 2000, ces armes (lire ici) ont la caractéristique d'atteindre leur cible sans envoyer de projectiles.

Principalement utilisées pour détruire des missiles en vol, elles sont aussi utilisées pour disperser une foule ou pour brouiller des émissions hertziennes, comme des téléphones mobiles et autres missiles dont la cible est déterminée par orientation satellite.

Cette nouvelle forme d'arme pourrait être classée dans les armes défensives contre les drones armés que l'Etat Islamique utilise en Irak et sans doute en Syrie (lire ici).

Les armes humaines

Ce sont sans doute celles qui nous stigmatisent le plus, ayant un impact contraire à l'esprit de l'Homme qui est de vivre ou survivre.

  • L’arme humaine était initialement utilisée comme sacrifice pour lutter contre les événements naturels notamment en Asie du Sud-est et en Polynésie Française ; des prêtres envoyaient des femmes vierges s'immoler dans le feu des volcans pour tenter de limiter l'impact de l'éruption. Le sacrifice humain pouvait se comprendre devant l'ignorance des faits naturels. C'était des actions unitaires avec une volonté d'apporter le bien de la communauté.
  • De manière plus culturelle et toujours unitaire, d'autres exemples initiés par la religion Hindou sont constatés et ont donné l'idée à certains de mettre fin à leur vie à titre de protestation contre la société qui les entoure. Ces actes sont cependant à différencier des dépressions qui peuvent pousser au suicide.
  • La troisième évolution connue de cette arme a été dans le cadre de la Deuxième Guerre Mondiale, lorsque l'armée japonaise a développé des hommes-suicides : les Kamikazes. La volonté des militaires était de couler les navires de guerre de l'armée américaine.

C'est à des fins militaires que les fondamentalistes musulmans ont industrialisé cette arme, sacrifiant la vie de leurs guerriers contre des civils, ce qui est contraire aux principes de guerre où seuls des guerriers peuvent se battre entre eux.

Il ne faut pas oublier qu'il existe une grande différence entre un civil et un soldat. L'apprentissage du métier de soldat a aussi pour objectif d'envisager une issue fatale pour celui-ci. Aucun pourcentage de perte de soldats au cours d'un conflit n'a jamais été cité par les responsables militaires, mais en 1970, le chiffre de 7% a circulé dans les comités de soldats en France.

La mort est donc associée au soldat, mais en pourcentage faible ; ce qui n'est peut-être pas le cas des fondamentalistes musulmans...

A suivre : Les cyber-armes

Image d’entête 527876069 @ iStock vadimmmus