L’Internet des Objets est à nos portes, mais quel prix sommes-nous prêts à payer pour donner à l’IoT chaque bit de donnée de notre vie ?
L’avenir s’annonce connecté, une vision déjà bien engagée. L’Internet des Objets est porteur d’une idée simple : tout ce qui peut collecter ou créer de la donnée peut et doit être connecté, de la brosse à dent à l’automobile, en passant par le système d’ouverture des portes, le chauffage, et le bracelet de montre qui mesure nos pas, sans oublier nos smartphones. L’information reine impose sa loi.
Seulement, cette vision n’est pas sans inconvénients. Tout appareil qui communique avec notre réseau ou notre smartphone peut potentiellement être piraté, par une personne malveillante comme par une autre mandatée par un gouvernement. Et je ne suis pas certain de pouvoir définir celle qui peut avoir ma préférence…
Non seulement ces pirates, quelle que soit leur origine, peuvent voir et enregistrer les données collectées et stockées par nos équipements, mais ils peuvent potentiellement les utiliser comme des portes dérobées pour pirater notre réseau ou smartphone, et de là s’étendre vers d'autres appareils connectés. Et soudain, c’est toute notre vie qui s’expose, de nos habitudes à nos dérives éventuelles, jusqu’à nos identifiants et nos comptes bancaires.
L'IoT a créé LE réseau d'espionnage le plus vaste et le plus répandu jamais inventé, et nous, professionnels et consommateurs, l'avons accueilli chez nous et sans hésitation !
Vous ne me croyez pas ? En 2012, David Petraeus, alors directeur de la CIA, a déclaré que le gouvernement américain utilisait déjà l’IoT pour nous espionner. Et la même année, le FBI a indiqué qu’il était capable de détecter les affaires extra-conjugales en passant au crible ses métadonnées. Quant à Snowden, il nous a confirmé que la NSA espionnait et stockait nos courriels et nos échanges via nos téléphones cellulaires.
Désormais, la caméra devant laquelle nos enfants s’amusent à interagir avec un jeu vidéo, le robot ménager que l’on connecte à Internet pour télécharger des recettes, la brosse à dents qui enregistre nos pratiques d’hygiène buccale, ou le GPS de notre smartphone disent tout et plus encore (que nous pouvons imaginer) sur notre vie et nos pratiques.
Et ce n’est que le début ! Car si les cyberpirates recherchent des informations précises à exploiter, les gouvernements et organismes divers qui dépendent d’eux vont se retrouver dans une situation inédite et attirante, disposer de la capacité de collecter toutes les informations que nous produisons dans notre vie, en ligne et connectées, et passer ces données au crible de la recherche de nouvelles cibles. Voire de stocker toutes ces données indéfiniment afin qu'elles puissent rétrospectivement identifier ces cibles.
Big Brother n’appartient plus à la science-fiction. Les Big Data analytics et l'Intelligence Artificielle seront bientôt capables, à partir des données que nous produisons, de prédire notre potentiel à devenir un terroriste avant même que nous ayons eu une pensée antipatriotique, même fugace ! Elles seront capables de décrypter, identifier, reproduire nos habitudes, de prédire nos croyances, de signaler nos comportements, de connaître nos pensées secrètes. Pirates, GAFA et gouvernants main dans la main pour un monde meilleur, un monde connecté qui saura tout de nous, et mieux encore tout anticiper pour nous.
Image d’entête 639431988 @ iStock Matriyoshka