DAF, cessez de trop vous concentrer sur le rétroviseur, vos dirigeants craignent que cela conduise leur entreprise dans un fossé. Ils attendent de vous plus d’engagement et de support du digital.
Une majorité de chefs d’entreprise, 63 % dans le monde et 92 % au États-Unis, affirment que leurs directeurs financiers vont jouer un rôle plus stratégique au cours des prochaines années. Mais dans le même temps, ils sont un tiers à craindre que leur DAF ne soit pas préparé à affronter les défis à venir. Dans un monde où le business ne cesse de changer et d’accélérer, le PDG n’attend plus de leur responsable financier d’obtenir une vue, aussi précise soit-elle, du passé, mais au contraire de disposer d’un aperçu des opportunités du marché afin de les aider à piloter l’entreprise et à prendre les bonnes décisions.
Le DAF doit être le partenaire de la direction générale, qui attend en particulier qu’il soit l’entraîneur stratégique. Elle voit en lui la force motrice qui va entraîner l’entreprise derrière la stratégie globale de développement de la transformation digitale. Voilà pourquoi le DAF doit afficher un mélange de compétences analytiques et opérationnelles, et collaborer avec les métiers.
Les dirigeants attendent du DAF quatre domaines critiques d’expérience et de connaissances :
1Avoir une expérience variée et mondiale
La moitié des chefs d’entreprise estiment que leur directeur financier doit disposer d’une expérience globale, et en font l’attribut principal de la fonction. 45 % des PDG ont ainsi déclaré qu’il est important que le directeur financier puisse acquérir une expérience principalement en dehors de la finance, et impliquant la transformation des entreprises et l’innovation. Une vision qui intègre des compétences fonctionnelles ou techniques, ou encore une expérience de l’industrie. C’est ainsi qu’un passage à l’exploitation ou au marketing est souvent apprécié, ainsi qu’une vision de la stratégie commerciale et produits, des clients, et du management des équipes.
2Être à jour sur la technologie
70 % des dirigeants interrogés estiment que la technologie jouera un rôle important dans la mission du DAF de demain. En revanche, ils sont loin de penser que ce dernier est efficace pour la découverte comme la mise en œuvre des nouvelles technologies. Or, le PDG sait que son entreprise a besoin de changer, alors que leurs expériences dans les systèmes ERP, avec de lourds investissements dans des technologies aujourd’hui considérées comme désuètes, ne leur permet pas d’améliorer la vitesse et l’agilité de leur entreprise. Se pose également la question de l’intégration de multiples sources de données et de leur disponibilité en mobilité. Si 44 % des dirigeants envisagent d’investir les technologies pour venir en aide par l’analyse de leur business, une partie de ces investissements pourrait passer par l’amélioration des systèmes ERP. De quoi faire monter la pression sur la finance.
3Engager les bons talents
Quasi tous les chefs d’entreprise (97 %) estiment qu’attirer et retenir les talents de la finance est critique pour le devenir de leur entreprise. Certes, l’utilisation des technologies numériques et du cloud qui permettent l’analyse prédictive contribuent à attirer de nouveaux talents. Il manque cependant aux directions financières une stratégie de rotation des équipes vers les métiers, en particulier la vente, les opérations et le marketing, pour leur offrir une meilleure compréhension et une vision des perspectives de l’entreprise. Le PDG voit dans le DAF un partenaire avec une forte compétence, en charge de la collaboration et de l’harmonisation des services.
4Les attributs du leader
Le DAF était principalement attendu sur ses compétences dans la finance et le juridique, ainsi que sur leur attention au détail et au processus. Cette vision change, et aujourd’hui de plus en plus de dirigeants considèrent les qualités de leader de leur DAF comme l’attribut le plus important. Leurs attentes portent sur la conduite de la stratégie globale de la transformation, la perspicacité d’un chef de file sur la stratégie d’innovation, et le charisme nécessaire pour influencer les partenaires qu’ils soient internes ou externes. Par sa position dans l’entreprise, le directeur financier doit être le plus à même d’identifier et de mesurer les facteurs opérationnels clés de l’entreprise, et d’améliorer sa performance.
En conclusion
Le directeur financier doit continuer de réaliser l’analyse traditionnelle de l’histoire de l’entreprise. Mais ses dirigeants attendent également de lui qu’il leur indique les mesures qu’ils doivent prendre pour améliorer et changer les choses. Et pour cela, ils ont besoin d’un DAF qui communique clairement la stratégie de l’entreprise.
Un exemple de cette attente : plutôt que des rapports épais et des présentations PowerPoint, le DAF d’aujourd’hui sera apprécié s’il présente un aperçu rapide à la fois d’où en est l’entreprise et où elle va. De quoi ouvrir le dialogue, avec les dirigeants et avec les responsables métiers, et de changer la culture pour se tourner de plus en plus vers l’action.
Source : Analyse de Morris Treadway, responsable du Global Enterprise Performance Management Center of Excellence chez KPMG UK. Image d’entête 80564901 @ iStock drogatnev