La technologie Blockchain est une innovation qui devrait avoir un effet d’entraînement sur plusieurs secteurs importants, de la fabrication à la monnaie en passant par l’éducation. La France, qui veut être une nation de la blockchain, doit fédérer les écosystèmes pour y arriver.

La Blockchain est annoncée comme l’une des technologies les plus prometteuses et qui suscite l’intérêt de plusieurs secteurs. Les banques centrales envisagent son utilisation pour la création de monnaies numériques et divers secteurs peuvent bénéficier de ses apports comme l’industrie, le commerce, la chaîne d’approvisionnement… Une enquête annuelle de Gartner sur les fournisseurs de services Blockchain a révélé que 14 % des projets Blockchain d’entreprise sont passés en production en 2020, contre 5 % en 2019.

Cependant, la Blockchain nécessite un écosystème de technologies et de prestataires pour fonctionner. Ce qui, selon le rapport de la Direction générale des Entreprises (DGE),est loin d’être le cas en France. Présentée le 15 avril 2019, la stratégie nationale blockchain, qui vise à faire de la France une « nation de la Blockchain » pâtit d’un ensemble de « verrous » qui ont été identifiés dans le rapport Les verrous technologiques des blockchains publié par la DGE. Celui-ci est le fruit du travail confié par plusieurs ministères au CEA, à l’IMT et à Inria. Le rapport a permis d’établir une feuille de route d’actions nationales pour les années à venir.

Une collaboration entre différents acteurs est nécessaire

Parmi les chantiers futurs identifiés par les rédacteurs du rapport figurent le renforcement de la collaboration entre startups et recherche publique, une meilleure compréhension des processus de certification de produits et services Blockchain et une meilleure sensibilisation des acteurs privés et publics à la technologie. Également, pour soutenir le développement d’un savoir-faire compétitif des experts français, l’amplification des efforts de recherche en matière de vie privée (respect de la vie privée et du contrôle de l’accès à des données personnelles ou plus généralement à des données sensibles, dans le cas de données d’entreprises ou d’organisations) est une priorité soulignée par les rédacteurs, afin d’améliorer les méthodes de cryptographie et la conformité avec le RGPD.

Ils préconisent par ailleurs, la création d’une large bibliothèque d’outils d’aide à la conception et à la validation de solutions blockchain. Elle permettrait selon eux de faciliter la mise sur le marché de celles-ci. Enfin, citons également le souhait d’une création de nouveaux modules d’enseignements de la technologie au niveau Master et du développement d’une plus grande interdisciplinarité sur le sujet.

« Notre analyse positionne la majorité des verrous dans la phase “Design, Develop, Test”, expliquent les rédacteurs du rapport. Dans cette phase, le cadre théorique et des solutions existent, mais n’ont pas encore été appliqués à la Blockchain (applications qui sont évidemment non triviales). Cette phase est charnière, ici la levée d’un verrou nécessite un dialogue entre la recherche et d’autres acteurs de l’écosystème d’innovation, comme des startup, qui peuvent à ce stade incuber certaines solutions et les porter à maturation ».