Annonce après annonce, SAP qui est la plus grande entreprise européenne dans le secteur de l’édition logicielle, pousse ses clients à passer rapidement au mode cloud. Pour rappel, un ERP est une suite logicielle qui intègre les principales applications métiers d’où son aspect très structurant pour les organisations. En bref, il est difficile de le remplacer ce qui place donc ses clients en situation de dépendance. Face à SAP, l’écosystème de ses grands utilisateurs, dont l’USF en France ou la DSAG en Allemagne, réagit de manière précise et ferme aux pratiques de l’éditeur.
Le 20 juillet 2023, Christian Klein, Pdg de SAP a annoncé que les dernières innovations ne seraient disponibles que dans le cloud et notamment, dans son produit phare, la suite SAP S/4HANA Cloud. En clair, les clients sur site ne peuvent pas, par exemple, bénéficier d'innovations majeures telles que le machine learning, l'intelligence artificielle (AI) ou l’IA générative telle ChatGPT. Il en va de même pour les modules fonctionnels les plus importants et les extensions. Si les grands comptes et les PME veulent en bénéficier, ils devront mettre la main à la poche en payant 30 % de plus les frais de maintenance sur site. Plus précisément, cela signifie que les innovations prévues par SAP, par exemple, ne seront pas disponibles pour les entreprises qui utilisent un hyperscaler hébergé en dehors de RISE with SAP.
Jens Hungershausen, président du conseil d'administration de la DSAG, l’association des utilisateurs allemands de SAP, pointe la pression de l’éditeur sur ses clients pour passer du modèle classique de licences sur site au modèle cloud. "Nous pourrions comprendre la stratégie "cloud-first" de SAP. Cependant, le cloud-only n'est toujours pas une option de notre point de vue".
Pour Jens Hungershausen, le développement fonctionnel a toujours fait partie de la maintenance et ne saurait être facturé en plus. Par conséquent, SAP doit à nouveau se poser la question de la valeur équivalente des frais de maintenance sur site.
Les clients pensent que l’éditeur allemand privilégie la rentabilité au service client
Les augmentations de prix ne dépendent pas exclusivement de l’inflation des coûts de l’énergie et des services que connaissent les pays de l’UE, comme l’avait justifié SAP l’année dernière. De manière récurrente, les associations accusent SAP de prendre des décisions purement commerciales au détriment du service clients. Le dossier épineux des accès indirects à savoir l’accès à ERP par des éditeurs tiers, mentionné par l’USF depuis 2015, portait déjà sur une décision jugée abusive de la part des clients.L’annonce du Pdg de SAP Thomas Klein sur le volet payant des innovations pour son ERP on premise démontre que l’augmentation du prix de ses prestations constitue un moyen de pression financier pour une mutation rapide vers le cloud. Les clients qui ont déjà investi dans la version sur site de S/4HANA, peuvent maintenant avoir l'impression qu'ils ont gaspillé des millions d’euros en pure perte.