Enclenchée depuis longtemps, accélérée ces 5 dernières années et encore renforcée avec la digitalisation de l’économie et plus récemment avec la crise sanitaire, la migration vers le cloud est encore souvent opportuniste voire erratique. Une approche holistique, dans une démarche globale d’architecture d’entreprise, apporte au contraire cohérence, coûts maîtrisés et vision à long terme.
Migration vers le cloud : des tactiques connues et maîtrisées
Appréhendée depuis longtemps mais particulièrement mise en lumière par la crise sanitaire, ses confinements et autres couvre-feux, l’ouverture des systèmes d’information vers l’extérieur n’est plus optionnelle. Aujourd’hui, les liens digitaux avec son écosystème (prospects, clients, partenaires) ne suffisent plus : le télétravail, même partiel, s’impose comme une nouvelle norme. D’où un déport toujours plus important du SI on premise vers le cloud, qu’il soit privé, public, et bien souvent multi-dimensionnel (multi-cloud).
Outre leur maintien on premise ou leur retrait pur et simple du SI (quand c’est possible), les applications peuvent être portées dans le cloud de différentes façons, selon des degrés d’optimisation divers : Lift & Shift (déplacement à l’identique de l’application on premise vers le cloud), Replatform (Utilisation de certains services cloud, tels qu’une base de données), Repurchase (changement de l’appli pour une application commerciale dans le cloud) et enfin Refactor : un redéveloppement complet vers une architecture orientée services, et donc cloud.
Progressives, ces différentes tactiques de migration vers le cloud apportent chacune leurs lots d’avantages et d’inconvénients entre rapidité, coûts immédiats ou à plus long terme, et même révision du périmètre fonctionnel à l’occasion. Dans la majorité des organisations, toutes ces tactiques ont été ou continuent d’être utilisées de façon opportuniste, en fonction des applications concernées et des échéances du moment.
Mission EA : cartographie et dépendances
S’il reste possible de se poser la question de la tactique à adopter pour chaque application à mesure que les besoins se présentent, une certaine anticipation est généralement bienvenue, afin d’éviter les choix d’urgence le moment venu. Dans ce cadre, l’architecture d’entreprise trouve toute sa place.
Ce sont en effet les équipes d’architecture d’entreprise qui vont pouvoir cartographier l’ensemble du parc applicatif bien sûr, mais surtout les catégoriser afin d’attribuer à chacun les tactiques de migration vers le cloud (ou non justement) les plus adaptées en fonction de leur contexte, et de leur impact sur les capacités métiers.
Les principaux critères sur lesquels elles pourront s’appuyer sont le service que chaque application rend aux métiers, leur criticité dans la chaîne de valeur économique de l’organisation, la façon dont elles sont utilisées, mais également les technologies auxquelles elles font appel, les données qu’elles traitent et leurs dépendances dans le système d’information global.
Ensuite, en fonction des tactiques retenues pour chacune, différentes compétences de l’architecture d’entreprise seront sollicitées. Ainsi, si dans la plupart des cas, l’architecte métier interviendra sur les aspects fonctionnels globaux de l’application, les architectes systèmes travailleront notamment dans le cadre d’une « replateformisation » ou d’un redéveloppement complet des applications.
De l’opportunisme à des stratégies holistiques automatisées
Quels que soient les choix retenus pour chaque application, adopter une stratégie holistique est toujours une bonne idée, afin notamment d’optimiser les infrastructures cloud associées, et donc les coûts inhérents à la migration de tout ou partie du système d’information vers le cloud.
Une vision d’ensemble qui a en outre l’avantage de travailler en mode projet sur le long terme, afin de préparer au mieux et en amont les applications à leur future migration. En particulier via un redéveloppement en micro-services - au moins pour les applications les plus critiques, gage d’agilité et donc de compétitivité futures. Sans compter les gains liés à une gestion plus fine des services auprès des cloud providers, avec la possibilité de rehoster facilement et donc de se rendre plus indépendant vis-à-vis de ces derniers.
A terme d’ailleurs, et face à l’hyper complexité des catalogues tarifaires notamment des clouds publics, généralement incomparables entre eux, les architectes d’entreprise devront sans doute pouvoir s’appuyer sur des recommandations automatiques basées sur l’intelligence artificielle et le machine learning. Ils sont capables de prendre en compte l’ensemble des critères d’optimisation d’infrastructure pour chaque application, depuis le service rendu aux métiers et ses dépendances jusqu’à son besoin d’hébergement, en passant par la gouvernance, en particulier dans ses aspects économiques et réglementaires.
Par Alain-Gabriel GOMANE, Senior Product Marketing Manager, MEGA International