C'est l'"effet Nadella". L'annonce du licenciement de 18.000 personnes a enrichi les actionnaires de Microsoft, en particulier le premier Steve Ballmer, à l'origine de la situation dans laquelle se trouve le groupe, le second Bill Gates, et le nouveau patron Satya Nadella.
Tribune - C'est ce qu'on appelle désormais le « Nadella Effect ». Quelques jours après l'annonce par Satya Nadella, le récemment nommé CEO du groupe, du plan de licenciement massif (lire notre article « Le couperet est tombé, Microsoft va supprimer 18.000 emplois ! »), le titre Microsoft continue de s'afficher à la hausse. Rappelons qu'à l'annonce la bourse de Wall Street avait salué la décision de Satya Nadella en portant le titre à son plus haut niveau depuis 14 ans ! Depuis, les investisseurs affichent leur satisfaction en continuant de faire grimper le titre !
2,8 milliards $ pour Ballmer
Le principal gagnant de cette opération, qui concerne 18.000 employés dont la majorité aura quitté le groupe dans les 6 prochains mois, se nomme Steve Ballmer. Ses années de présidence à la tête de Microsoft, et le désengagement progressif de Bill Gates, ont fait de lui le premier actionnaire du groupe, avec 333 millions de titres.
Lorsqu'il a quitté le groupe en février dernier, l'action Microsoft valait alors 36,48 dollars. Depuis, le titre a pris 23 %, pour terminer à la clôture de Wall Street ce lundi 21 juillet à 44,83 dollars. Le portefeuille de Steve Ballmer est ainsi passé de 12,1 à 14,9 milliards de dollars. Le fait de s'être retiré, cumulé avec le plan de restructuration et de réduction d'effectifs, ont donc permis à Steve Ballmer de gagner... 2,8 milliards de dollars ! De quoi largement compenser l'achat de sa nouvelle danseuse, l'équipe des Los Angeles Clippers.
2,7 milliards $ pour Gates et 4,6 millions pour Nadella
Même s'il est plus ou moins retiré des affaires – il a récemment retrouvé un poste de consultant technologique dans la groupe – Bill Gates n'est pas en reste. Deuxième actionnaire de Microsoft, dont il est le co-créateur, son portefeuille ne s'élève plus qu'à 318 millions d'actions. Bill Gates vend régulièrement des paquets de 80 millions d'actions, en partie pour financer les actions humanitaires de sa fondation. La contraction des effectifs de Microsoft lui aura donc rapporté 2,7 milliards de dollars.
Satya Nadella fait 'petit joueur' face aux deux géants. Son portefeuille Microsoft s'élève à 554.000 actions, soit 0,2 % de celles cumulées par Ballmer ou Gates. Pour autant, sa valeur a progressé de 4,6 millions de dollars depuis son accession à la tête de Microsoft, portée à 24,8 millions ce lundi. Si l'on ajoute les 975.777 actions promises s'il occupe encore son poste dans 4 ans, le CEO de Microsoft est potentiellement assis sur un confortable portefeuille évalué à 43,7 millions de dollars. Que quelques coups de pouces pour de nouvelles réductions d'effectifs pourraient bien continuer de faire fructifier...
Ballmer, le grand gagnant de ses erreurs
C'est certes le fait de l'économie libérale, mais le plus surprenant ici est certainement que le grand gagnant de ce jeu d'équilibriste - qui consiste à considérer l'humain comme une simple valeur comptable et à jouer sur la masse salariale pour réduire la charge opérationnelle afin d'amplifier les gains financiers – est celui qui est à l'origine de la crise que rencontre l'éditeur et qui le contraint à se restructurer.
En effet, la stratégie de Satya Nadella consiste à abandonner en partie celle de son prédécesseur, Steve Ballmer. Une stratégie qualifiée de « devices and services » qui a consisté à miser principalement sur le grand public alors que Windows et le professionnel sont historiquement les activités les plus génératrices de marge de Microsoft. Un choix stratégique qui se traduit aujourd'hui encore par un retard de l'éditeur sur les grands mouvements technologiques que nous rencontrons, le cloud computing, la mobilité, le big data...
Nous pourrions donc dire que sans surprise le départ de Steve Ballmer à la tête de Microsoft a permis au groupe de s'écarter d'un carcans stratégique porté par un homme et qui pesait en partie sur sa rentabilité et sur son avenir face aux grandes tendances tehcnologiques. Ce qui aujourd'hui fait la fortune en particulier de celui qui l'avait placé dans cette situation... Au prix de dégâts collatéraux considérables, dont 18.000 vies professionnelles et divers écosystèmes de partenaires et sous-traitants à reconstruire !