Arnaud Montebourg ne déroge pas de sa ligne de conduite... Malgré l'annonce par le conseil de surveillance de Vivendi de l'entrée en négociations exclusives avec Altice/Numericable pour une période de trois semaines (lire notre article), le ministre du Redressement productif entend continuer de militer pour le retour à trois opérateurs. Donc pour le rachat de SFR par Bouygues Telecoms !
« Je crois que ce n’est encore pas terminé », a-t-il affirmé sur France 2.
Pourquoi un tel acharnement ?
Sur le papier, l'offre de Numericable est socialement plus engagée, ne prévoyant pas de licenciement – même si l'on sait le peu de valeur d'un tel engagement dans le temps ! A l'inverse, l'offre de Bouygues comporte un volet social avec réduction des effectifs pour limiter les doublons. Numericable marque un point, mais qui a peu de valeur dans ce type de négociation. L'entêtement du ministre ne serait donc pas lié au volet social... tout en souhaitant « qu’il n’y ait pas de casse sociale », ce qui en dit long sur son opinion quand au modèle financier monté par Altice/Numericable.
Si l'on se réfère à son discours, la raison principale de la prise de position d'Arnaud Montebourg porte sur la fibre optique. « Cela coûte 30 milliards d’euros d’investir en fibre pour équiper la quasi totalité des Français, et ces 30 milliards, nous voulons que ce soient les opérateurs qui payent, et non pas les opérateurs en levant des impôts ». Un motif stratégique qui tient la route, mais justifie-t-il d'entrer en conflit avec le conseil d'administration et les actionnaires de Vivendi ?
Les limites du gouvernement
Après plus d'une décennie de laisser-aller, et les dérives économiques que l'on connait aujourd'hui, l'Etat français fait mine de vouloir redevenir le stratège industriel qui était... lorsque l'environnement économique mondial et la puissance des banques et des industriels n'étaient pas ceux que nous connaissons aujourd'hui !
S'il appartient à chacun d'approuver ou de condamner cette stratégie, on pourra regretter ce qui peut être assimilé à une tentative d'ingérence dans les affaires d'une entreprise. Sauf que concrètement, c'est moins le fond que la forme qui est discutable. Alors que le gouvernement veut promouvoir son programme Nouvelle France Industrielle, le fiasco des interventions du ministre, et du gouvernement qui l'a suivi, ne peut que jeter le discrédit sur ce projet pourtant stratégique.
Le seul qui aura réussi à tirer profit de la situation, c'est Vivendi. Les pressions d'Arnaud Montebourg n'auront réussi qu'à faire grimper les enchères via un lobbying désastreux, ce qui arrange le vendeur mais ne fera que fragiliser le montage financier du repreneur...