L'intervention de Jacques Attali, économiste, professeur et écrivain fortement médiatique, accessoirement conseiller de nos grands politiques, était très attendue par les DSI qui ont participé au Gala. Même si ses idées ne font pas toujours l'unanimité, il demeure depuis plusieurs décennies un fin observateur des technologies et de leur évolution. Très en forme lors de son intervention, il a soufflé le chaud et le froid sur l'assistance.
Où va le numérique ? Jacques Attali a tout d'abord souligné l'accélération de la manipulation des données autour de trois axes : le cloud ; le web sémantique « qui va changer la nature de l'entreprise qui entrepose la donnée » - un discours récurant chez lui mais qui tarde à prendre forme dans les faits ! - ; et l'accélération des biotechnologies et des nanotechnologies. Il constate également « L'accélération de la confusion entre le temps de travail et le temps de vie ».
Le président de la société A&A et de l'organisation PlaNet Finance pour la microfinance s'est ensuite fait plus inquiétant en évoquant « L'impossibilité de mettre en place des contrôles, et de faire face à des attaques qui vont toujours plus vite. Je fais le pronostique de la bataille perdue d'avance sur la donnée personnelle. Nous risquons d'arriver à une tyrannie de la transparence ».
Répondant ensuite à une question sur le rôle du SI dans l'entreprise et le positionnement hiérarchique du DSI, un murmure de surprise s'est élevé dans l'assistance lorsqu'il a affirmé : « On ne sait pas démontrer l'impact du système d'information sur la croissance. Il n'y a pas de connections entre le monde des nouvelles technologies et le reste ». Avant de poser la question qui a satisfait son auditoire : « L'influence du DSI est grandissante, pourquoi n'est il pas au Comex ? ».
Quelle peut être la place de la France dans le concert des nations technologiques ? Selon une étude de Microsoft, la France serait le pays le plus réfractaire au changement. « Les logiciels propriétaires sont un obstacle à l'innovation. Mais l'innovation technologique finit par casser les rentes. La France est un pays très riche, même si elle n'arrive pas à contrer les menaces. Nous constatons la disparition des nations au profit des grandes villes. Et dans ce cadre, la France est un cas particulier qui tire avantage de la décentralisation. »