Plus d'une entreprise sur deux n'a tout simplement pas de projet Big Data Hadoop ! Et seulement 18 % projettent d'investir dans ce domaine dans les deux prochaines années...
Il arrive parfois qu'une étude vienne recadrer une tendance et les visions des acteurs du marché. Sur le Big Data en particulier, nous ne cessons de rappeler que le discours des éditeurs – que nous résumerons par « tout le monde veut faire du Big Data et les déploiements s'accélèrent » - est largement décalé, voire excessif par rapport à la réalité que nous constatons sur le terrain. Notre constat porte plutôt vers un intérêt prudent et des PoC dont une majorité ne sera pas suivie d'effet.
1/2 désintérêt + 1/4 intérêt
Le Gartner Research Circle, un panel composé de 284 membres décideurs IT et d'entreprise, appelle tout le monde à un peu plus de réalisme en publiant des chiffres qui nous semblent plus proches de la réalité… même si le profil des membres du panel est certainement plus proche des technologies que la majorité des dirigeants IT !
- 54 % des organisations n'ont pas de plan d'investissement dans Hadoop ;
- 26 % des organisations projettent d'expérimenter, déployer et piloter Hadoop.
- Dont 18 % le projettent dans les 2 prochaines années (11 % dans les 12 mois et 7 % dans les 24 mois).
L'engouement pour Hadoop est moins fort qu'il n'est claironné et largement médiatisé, constate Merv Adrian, vice-président recherche au Gartner.
Les motivations pour ne pas y aller
Passée la surprise, ou plutôt le retour à la réalité, intéressons-nous aux sources de ce désintérêt :
1 – Ce n'est tout simplement pas une priorité !
2 – Hadoop serait surestimé pour résoudre les problèmes auxquels les entreprises sont confrontées...
3 – … ce qui impliquerait des coûts d'implémentation d'Hadoop trop élevés par rapport aux bénéfices escomptés.
Nous constatons que les décideurs font preuve de plus de bon sens que certains analystes et leurs clients acteurs du marché. A croire que les premiers se complaisent à rendre une vision qui abonde dans le sens des seconds… C'est un autre débat !
« Le manque de plans à court terme pour l'adoption de Hadoop suggère que, malgré l'enthousiasme continu pour le phénomène du Big Data, la demande de Hadoop n'accélère pas spécialement », constate Merv Adrian.
Les challenges de Hadoop
Sans surprise, le rapport du Gartner Research Circle fait état de deux inhibiteurs dans l'adoption de Hadoop :
- 57 % - Manque de compétences ;
- 49 % - Des interrogations sur la façon de gagner de la valeur.
Il y a une ambiguïté dans la vision de Hadoop par les décideurs : avant d'élever les compétences de leur organisation, ils choisissent d'élever les compétences des utilisateurs les plus compétents… Tandis que les fournisseurs affirment que leur challenge est d'offrir ces compétences en interne, alors qu'ils souffrent des mêmes difficultés que leurs clients à recruter et élever les compétences de leurs équipes.
Peu d'utilisateurs, coûts en hausse et démocratisation en berne...
D'ailleurs, et c'est une déception car avec Hadoop devrait souffler un vent de démocratisation du traitement de la donnée, de la recherche d'information et des analytiques, les projets Hadoop déjà déployés ne profitent qu'à un petit, voire très petit nombre d'usagers :
- 70 % des projets Hadoop ne concernent que 1 à 20 utilisateurs ;
- 4 % des projets font état de 0 utilisateurs !
Que les projets Hadoop initiés ne concernent qu'un nombre limité d'utilisateurs s'inscrit dans une logique d'expérimentation. Une réalité qui met en cause le manque flagrant de compétences. Certes, mais ce qui est grave c'est qu'il semblerait que la stack Hadoop déployée sur ces projets ne puisse supporter de multiples utilisateurs en simultané. Si cela se révèle vrai, le Gartner Research Circle aura permis de pointer un problème plus grave qu'attendu…
En tout cas, même réputé pour son coût réduit par rapport aux infrastructures traditionnelles qui gèrent l'information, ramené au nombre d'utilisateurs réels cet argument ne tient plus, et c'est bien dommage. Hadoop pourrait-il échouer à tenir ses promesses, s'interroge le Gartner ? Cela mérite réflexion.