Le rapprochement de Sopra et Steria, qualifié d'amical et soutenu par leur actionnariat de référence, aboutirait à la création d'un groupe de dimension européenne au chiffre d'affaires de 3,1 milliards d'euros.
Nous évoquions récemment l'explosion du volume de chiffre d'affaires des acquisitions effectuées en France en 2013 (lire « IT françaises : une année 2013 marquée par l'explosion de la valeur des fusions-acquisitions »). Et bien l'année 2014 démarre en trombe avec le rachat de SFR par Numericable (lire nos articles) et l'annonce d'un rapprochement entre Sopra et Steria.
Le projet de fusion des deux groupes spécialistes des services informatiques (ESN, entreprise du secteur numérique) devrait passer par une OPE (offre publique d'échange) amicale lancée par Sopra sur son concurrent Steria, au taux d'une action Sopra pour quatre actions Steria.
Consolidation dans le paysage IT français
Voici déjà quatre ans que le rapprochement était attendu par le marché. Quatre ans que des rumeurs circulaient régulièrement d'une OPA amicale entre les deux groupes. Un mouvement qui attendait le moment propice pour se dévoiler, un coup d'éclat également pour le fondateur et président de Sopra, Pierre Pasquier, que l'on dit sur le départ depuis plusieurs années, mais qui continue de tenir fermement la barre de son groupe.
Le rapprochement de Sopra et Steria devrait donner naissance à un poids lourd des services informatiques en France, mais également en Europe. Présent dans 24 pays, l'ensemble emploierait 35.000 salariés et réaliserait 3,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires (1,35 milliard pour Sopra et 1,75 milliard pour Steria en 2013). A l'inverse, c'est Sopra qui pèse le plus lourd à la bourse de Paris, 1 milliard d'euros contre 500 millions pour Steria.
Complémentarité et synergies
Plus que dans les offres de services et de solutions proposées par les deux groupes, c'est dans leur implantation principalement européenne qu'il faut rechercher la complémentarité annoncée par Sopra et Steria. La première est très présente en France tandis que la seconde est mieux implantée en Europe. C'est donc véritablement un groupe de dimension européenne et aux ambitions mondiales qui devrait se dessiner.
Le communiqué confirmant le projet annonce par ailleurs « une opération créatrice de valeur qui s'appuie sur des synergies de revenus significatives et des économies opérationnelles annuelles de 62 millions d'euros ». Des économies qui cependant ne devraient pas intervenir avant 2017.
Pour confirmer l'aspect amical de l'OPE, Pierre Pasquier devrait assurer la Présidence du Conseil d'administration de la future ESN, et François Enaud, gérant exécutif de Steria, la Direction Générale du groupe.
Comment vous réagir les salariés de Steria ?
C'est un nouveau mouvement majeur dans la consolidation du secteur IT français qui s'annonce, après le rachat d'Euriware, filiale d'Areva, par Capgemini fin 2013. Attention, cependant, même s'il dispose de l'accord des conseils de surveillance des deux groupes, le rapprochement de Sopra et Steria reste soumis à l'accord des salariés de ce dernier, ceux-ci étant le premier actionnaire de Steria avec environ 20 % du capital de l'ESN.
L'opération reste donc soumise à une nouvelle structuration de l'actionnariat du nouvel ensemble, et à un pacte d'actionnaires entre Sopra GMT pour environ 22 % du capital et Soderi qui représente les anciens et actuels salariés de Steria pour 10 % du capital.