Les chauffeurs américains d’Uber et de son concurrent Lyft annulent deux fois plus les courses demandées par des clients dont le nom à une consonance raciale !
Malgré l’engagement des géants de l’Internet à lutter contre les discriminations, il est des pratiques que l’on peut qualifier de racisme qui ont la vie dure...
Ainsi une étude réalisée conjointement par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), de l'Université de Stanford et de l'Université de Washington, a démontré qu’à Boston comme à Seattle, tant chez Uber que chez son concurrent Lyft, les demandes provenant de personnes dont le nom a une consonance ethnique noire voient leur course deux fois plus annulées que les autres.
Les afro-américains victimes de leur nom
L’étude a été menée pendant 6 semaines. Quatre assistants de recherche bancs et quatre noirs, équitablement répartis entre hommes et femmes, et dont l’apparence et le nom rendent plausible une appartenance raciale, ont passé plus de 1500 appels aux services de VTC, passant commande en affichant leur photo. La dissonance et la disproportion entre les courses pour des afro-américains et celles pour des personnes dont le nom est à consonance blanche est plus que nette, puisque le taux de refus va du simple au double.
Une différence notable existe entre Uber et Lyft. Chez ce dernier, le taux d’annulation est plus faible que chez Uber, mais les chauffeurs répondent moins aux demandes. Comme sur Lyft le nom du client s’affiche dès la demande, les chercheurs soupçonnent les chauffeurs de filtrer les passager noirs. Chef Uber, le nom n’est montré que lorsque le chauffeur a accepté le client. En revanche, le temps d’attente se rallonge… il est deux fois plus long que chez Lyft pour les personnes de couleur !
Le peu d’effet de la lutte contre la discrimination
Les travaux de sensibilisation aux problèmes liés à la discrimination menés par les acteurs du marché n’affichent pas non plus beaucoup d’effet. Airbnb, par exemple, a publié un rapport détaillé sur les privilèges raciaux sur son site, accompagné de recommandations. Le service de location entre particuliers a fait évoluer la formation de ses hôtes. Il a même envoyé des e-mails à ses ‘clients’ du week-end, les avertissant qu'ils doivent accepter de ne pas discriminer s’ils souhaitent continuer d’utiliser le site, et cela dès le mois prochain.
Mais, même avec la meilleure des bonnes volontés, il y a des choses qui passent mal. Ainsi de nouveau Airbnb qui, malgré les demandes des opposants à la discrimination, a laissé sur sa plateforme les photos des invités et des hôtes. Et pourtant, le modèle de l’uberisation a un mérite : dans les zones urbaines où les taxis et les transports en commun ne se risquent plus, les chauffeurs Uber sont toujours présents. C’est toute l’ambiguïté de ces pratiques, porteuses de discriminations, mais aussi de lutte contre cette même discrimination…
Racisme, sexisme… et des solutions radicales
Dernier constat observé par l’étude, non plus racial mais sexiste : lorsque le client d’un chauffeur Uber ou Lyft est une femme, les bavardages du chauffeur se multiplient, les courses s’allongent, certaines intersections sont franchies plusieurs fois. Et les clientes sont plus amenées à être exposées à des coûts de ‘voyage supplémentaire’. Le prix du flirt en quelque sorte !
Tous les acteurs de l’internet sont préoccupés par ces phénomènes de discrimination, et cherchent des solutions pour les réduire à défaut de les supprimer. Ils n’oublient pas que l’image de marque des services peut être fortement impactée par ces pratiques. La formation des chauffeurs est un premier axe de sensibilisation. L’application de ‘tarifs initiaux‘ sans possibilité d’en déroger en est un autre. Mais pour Uber, la solution pourrait bien être plus radicale, lorsque ses recherches sur les véhicules autonomes auront abouti, il n’y aura plus de chauffeur…
Image d’entête 87319045 @ iStock Aleutie