Pure Storage annonçait récemment avoir enregistré une forte adoption de son programme de consommation flexible Pure as-a-Service. Nous avons interrogé Gabriel Ferreira, son directeur technique France, pour savoir pourquoi.
IT Social : Comment se porte le marché du stockage vu par Pure Storage ?
Gabriel Ferreira : Le marché stagne, voire recule pour certains acteurs en termes de revenus. Ça veut dire que nous leur faisons du mal, nous leur prenons des clients et des parts de revenus. Ça reste quand même un gros marché : le stockage primaire c’est à peu près 50 milliards. Ce qui nous fait plaisir comme acteur dernier né, ça fait onze ans que Pure Storage existe, c’est de voir nos concurrents venir sur nos plates-bandes. Ils s'aperçoivent que les clients veulent utiliser différemment et consommer différemment et ils viennent sur l’Evergreen (consommation du stockage as a service, NDLR), que nous avons porté sur le marché. Ça nous fait plaisir.
ITS : Qu’est-ce qui fait que Pure as-a Service, selon votre dernier communiqué, a connu un sursaut pendant la crise du Covid-19, est-ce la tendance naturelle du marché ou est-ce l’urgence qui l’a soutenu ?
C’est un peu des deux. Quelles que soient les circonstances, on a toujours besoin de l’IT pour faire tourner la boutique. Certains secteurs d’activité, comme la finance et les banques marchent très bien pour nous. De nos jours, pour ces entreprises l’IT c’est leur usine, donc si elle s’arrête l’activité s’arrête. Dans d’autres secteurs comme le secteur manufacturier, ils consomment beaucoup moins d’IT, car ce n’est pas leur métier. C’est moins stratégique pour eux et ne l’est pas devenu pendant le Covid. En tout cas, nous avons vu un engouement certain pour l’opex et pour Pure as-a-Service.
Quant au facteur Covid, il a certainement contribué au dynamisme du marché. Quand de grands groupes demandent à leurs employés, du jour au lendemain, de travailler de la maison, il faut leur créer des postes virtuels. L’IT a dû investir en urgence sur certaines infrastructures. On a vu beaucoup de VDI (Virtual desktop infrastructure, NDLR). Au-delà de l’infrastructure, nous avons surtout vu une montée en charge de certaines applications.
ITS : Quels ont été les besoins urgents des entreprises pendant cette crise du Covid-19 ?
Les clients se demandaient si leur réseau, leur VPN ou leurs applis allaient tenir. Globalement, oui, ça a tenu, mais ils ont dû renforcer certaines plateformes de données qui étaient un peu justes. Enfin, un peu juste, je devrais être plus précis : certaines plateformes de données n’ont pas tenu. L’augmentation de la charge a révélé des défaillances dans les infrastructures qui avaient été mises en place. En fait, il y avait un problème de dimensionnement. Les entreprises se sont aperçues qu’elles ont déployé des systèmes qui arrivent à leurs limites, et pour les remettre à niveau, il leur faut tout reconstruire. Elles n’ont plus d’autres solutions que de tout jeter à la poubelle ou d’installer quelque chose à côté. Elles se rendent compte qu’il faut changer de modèle pour adopter un modèle à la Pure Storage, où l’on commence petit pour évoluer et croître sans contraintes et à l’infini.
Quelles sont les raisons qui ont fait que Pure as-a -Service a bien marché pendant le premier semestre de cette année ?
Pure as-a-Service a encore mieux fonctionné pendant la période du Covid pour deux raisons : d’abord parce qu’il est la continuité du modèle Evergreen et, en second, il présente moins de risques, car, je me permets ici une petite pique contre nos confrères, ce n’est pas du leasing masqué. C’est une véritable offre de services où le client dispose exactement de la même expérience que le cloud public. Il provisionne selon ses besoins, peut ajuster à la hausse ou à la baisse et paie à la consommation. Il ne paie que ce qu’il consomme : s’il a commandé 100 To et ne consomme que 50 To, il ne paiera que pour 50 To, alors que dans un modèle leasing le client paie des loyers quelle que soit sa consommation. Et puis il s’engage sur une durée sinon il doit négocier un avenant, tout ça c’est très contraignant au final. Pure as-a-Service c’est la flexibilité maximale.
Nous sommes sur une approche de flexibilité maximale. Et si au bout de six mois, la période du Covid est passée, et le client a à nouveau une meilleure visibilité, il peut réinvestir en mode capex. Il arrête le service parce que le contrat le permet. En matière de risque, c’est optimal pour le client. Même en France où les gens sont plutôt conservateurs, nous avons été étonnés de constater qu’il y a eu de la demande sur ce produit.
Pure as-a-Service n’est que l’évolution d’Evergreen, qui était déjà là il y a dix ans. C’est la genèse de Pure Storage. En fait, nous avons regardé comment les clients consommaient le stockage : les entreprises définissent un besoin, disons 50 To, elles achètent un équipement pour 5 ans en essayant de deviner leurs besoins sur les 5 ans, puis ils achètent 200 To en se disant qu’elles vont consommer 150 To de plus. Mais, cette prévision au doigt mouillé sera de plus en plus difficile, car le monde bouge tellement vite. Si aujourd’hui les DSI ont une visibilité à six mois c’est déjà bien, alors une visibilité sur plusieurs années, non.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur la progression de Pure as -a -Service pour le premier semestre de cette année ?
Malheureusement, je ne peux pas vous communiquer de chiffres. Nous sommes en train de rédiger des cas clients, que j’espère pouvoir vous fournir rapidement. Nous avons introduit Pure as-a-Service en France l’année dernière. Il était marketé sous un autre nom, mais si je devais donner des chiffres ils n’auraient pas de sens, car nous partons d’une situation quasiment vierge. Ça a explosé d’un coup, et sur une échelle aussi petite il faut attendre encore un an pour voir vraiment la tendance.