Le cloud privé est désormais considéré comme aussi stratégique que le cloud public, porté par une meilleure prévisibilité des coûts, les exigences liées à l’IA générative, et la confiance en sa capacité à répondre aux enjeux de sécurité
et de conformité.


Le rapport « Private Cloud Outlook 2025 », réalisé par Broadcom met en lumière une profonde évolution dans la stratégie cloud des entreprises. Basé sur une enquête menée auprès de 1 800 décideurs IT à travers le monde, dont 600 en EMEA et 200 en France, il révèle un net rééquilibrage entre cloud public et cloud privé. Ce changement, qualifié de
« cloud reset », reflète une volonté accrue des entreprises de reprendre la main sur la sécurité, la maîtrise des coûts, la conformité réglementaire, et l’intégration des charges de travail issues de l’intelligence artificielle générative.

En France, 49 % des répondants désignent comme priorité pour les trois prochaines années la création de nouvelles charges de travail dans le cloud, qu’il soit privé ou public. Par ailleurs, 62 % prévoient de rapatrier certaines charges du cloud public vers le cloud privé, une tendance déjà concrétisée par un tiers des entreprises. Cette évolution n’est pas un retour en arrière, mais un recentrage stratégique sur des environnements maîtrisés, performants et adaptés aux nouveaux usages technologiques.

Exigences réglementaires

Le cloud privé prend une place stratégique dans les cas d’usage modernes. En effet, 65 % des décideurs français privilégient le cloud privé ou hybride pour les applications basées sur des conteneurs ou Kubernetes. De même, 54 % préfèrent le cloud privé pour les traitements liés à l’IA (entraînement, ajustement, exécution de modèles). L’étude montre qu’aujourd’hui, les workloads IA sont presque autant exécutés en cloud privé (54 %) qu’en cloud public (55 %), illustrant un équilibre nouveau entre ces deux modèles.

La sécurité et la conformité sont au cœur de ce basculement. 92 % des décideurs français considèrent que le cloud privé répond mieux à leurs exigences réglementaires. À l’inverse, 64 % déclarent être préoccupés par la conformité dans le cloud public, poussant à une réévaluation des choix d’infrastructure. Concernant l’IA générative, la principale crainte reste la protection des données (48 %), ce qui explique en partie la montée du cloud privé dans ce domaine.

Le rapport met aussi en avant la recherche de visibilité budgétaire comme facteur clé de cette transformation. 88 % des répondants français apprécient la transparence financière offerte par le cloud privé. En revanche, 93 % reconnaissent du gaspillage dans leurs dépenses cloud public, et 47 % estiment que plus de 25 % de ces dépenses sont inutiles. Ce constat alimente l’intérêt croissant pour des environnements plus prévisibles
et optimisés.

Cependant, deux obstacles majeurs freinent l’adoption à grande échelle du cloud privé : l’organisation en silos (37 %) et le manque de compétences internes (31 %). Pour y remédier, 80 % des entreprises françaises ont engagé une transformation organisationnelle en structurant leurs équipes techniques autour d’un modèle de type « platform team », facilitant la collaboration et la montée en compétence.

En somme, le cloud privé, autrefois perçu comme une alternative défensive, devient aujourd’hui une plateforme stratégique de modernisation, répondant aux nouveaux défis de sécurité, de conformité, d’IA et de maîtrise budgétaire.