Face à la vue sombre de la nature humaine qui privilégie les intérêts personnels, les scientifiques de l’Université de Pennsylvanie ont démontré qu’il est possible de favoriser la collaboration.

De nombreux concepts et théories sur l’humanité dépeignent une vision sombre de la nature humaine, et considèrent l’homme comme le maillon faible de l’univers. Une vision partagée en particulier par la majorité des responsables de la sécurité et des DSI.

Une de ces théories, celle de la « tragédie des biens communs » (Tragedy of the Commons), a été popularisée par le biologiste Garrett Hardin à la fin des années 60. Elle décrit un phénomène collectif de surexploitation d’une ressource commune que l’on retrouve en économie, en écologie, en sociologie, etc. Pour résumer, la compétition pour accéder à une ressource limitée crée un conflit et aboutit à un résultat négatif ou en dessous des attentes. À l’exemple de nombreux projets informatiques…

Comment favoriser la coopération ?

Les chercheurs de l’Université de Pennsylvanie ont tenté de démontrer qu’un ensemble complexe de traits peut favoriser l’évolution de la coopération. Leurs recherches ont été publiées dans la revue Scientific Reports.

Pour déterminer les stratégies d’évolution vers la coopération, ils ont mis en place des jeux avec des scénarios qui imposaient aux joueurs d'adopter des stratégies en réagissant aux comportements et stratégies de plusieurs autres joueurs, donnant un ensemble d’interactions sociales probablement plus représentatif de la complexité du comportement humain.

Les joueurs peuvent choisir de coopérer ou non, et ainsi de comprendre dans quelles circonstances augmenter la générosité face à l’égoïsme. Pour augmenter la complexité, le joueur peut décider de contribuer à un projet avec une certaine quantité d’une ressource personnelle. Mais les joueurs les plus généreux risquent de perdre des ressources face aux joueurs égoïstes. Le second niveau de complexité a été de sélectionner des joueurs ayant déjà rencontré d’autres joueurs et donc d’associer leur mémoire à la prise de décision. Enfin, dans un troisième niveau, la latitude d’évoluer a été laissée aux joueurs aux résultats les plus élevés, c’est-à-dire de renseigner les plus faibles.

Les trucs pour que ça marche !

Les résultats obtenus démontrent que :

  • Plus la taille d’un groupe augmente, plus les perspectives de coopération baissent. Et défections et resquilles se multiplient.
  • À l’inverse, la mémoire du jeu sur au moins 10 cycles a permis l’élaboration de plus de stratégies, et surtout de stratégies de coopération plus solides.

Les travaux réalisés par les chercheurs ont montré que les petits groupes dont les membres disposent de plus de souvenirs, en particulier des actions menées par les autres membres du groupe, étaient les plus susceptibles de coopérer en société. Ce qui signifie que la puissance de la capacité de mémoire de l’être humain nourrit sa capacité à coopérer.

Comment appliquer ces résultats dans l’entreprise ? Tout d’abord en évitant de créer de trop grands groupes, et en leur donnant le temps de se mieux connaître, cela semble évidant. Les chercheurs conseillent également de tenter de favoriser des circonstances qui permettent l’emballement d’une boucle de rétroaction afin de promouvoir des souvenirs, ce qui favorise une plus grande coopération. Ce qui favorisera également le passage de systèmes simples à des systèmes plus complexes.

Du côté des chercheurs, ils continuent leurs travaux.

Image d’entête 82715147 @ iStock rafyfane