Le troisième opérateur télécoms français est l'objet de toutes les attentions. Après le rachat raté de SFR, et la rumeur d'un dégraissage, c'est au tour du ministre de l'Economie de se pencher sur le devenir de Bouygues Télécom.
Bouygues Télécom va mal, à moins qu'il ne cherche à nous le laisser croire ! Le troisième opérateur télécoms français est le principal perdant de la création de Free, il aurait perdu environ 2000 clients au cours des deux dernières années, ce qui aurait entrainé une chute de son chiffre d'affaires de l'ordre de 26 %.
L'opérateur a également essuyé une sacrée déconvenue avec l'échec de l'acquisition de SFR. Vivendi lui a préféré Numericable (lire notre article « SFR : exit Bouygues, Vivendi a retenu Numericable »). Et cela malgré l'appui du gouvernement, en particulier d'Arnaud Montebourg.
Le ministre prend position
Dans ces conditions, la rumeur d'un dégraissage – Bouygues Télécom pourrait chercher à réduire sa masse salariale de 23 % en se séparant de 1500 à plus de 2000 employés – se fait de plus en plus insistante. Même si la cession d'Alstom à l'américain GE (General Electric), voire éventuellement à l'allemand Siemens, pourrait rapporter 12 milliards d'euros au groupe Bouygues, l'avenir de la filiale télécoms demeure l'objet de nombreuses questions.
C'est le moment qu'à choisi Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie, pour évoquer de nouveau ce dossier. Et appeler à la consolidation du secteur en invitant au mariage de deux opérateurs, dont Bouygues. « Le gouvernement se bat depuis deux ans pour obtenir la consolidation du secteur et le renforcement des entreprises. Il est parfaitement possible aujourd'hui à deux opérateurs de fusionner et M. Bouygues est parfaitement en mesure d'imaginer des solutions avec d'autres que SFR. »
Comment Bouygues Télécom va-t-il faire face ?
C'est donc l'incertitude qui demeure. D'abord par ce qu'il s'agit pour partie de rumeurs, que le groupe n'a pas encore confirmées. Cela ne saurait tarder... Ensuite parce que si beaucoup s'agitent autour du dossier, l'opérateur lui-même n'a pas encore clarifié sa position. Enfin parce que les déclarations et prises de position émanant du gouvernement sont loin d'avoir montré leur efficacité... n'en déplaise au ministre de l'Economie.
Deux choses sont certaines : Bouygues Télécom ne peut continuer à maintenir sa position, il va falloir que le groupe réagisse ; et la consolidation du secteur des télécoms en 3 et non plus 4 opérateurs semble inévitable. Plusieurs scénarios sont envisageables : Bouygues Télécom reste seul, limite la casse financière en réduisant la voilure, au groupe de BTP d'assurer ses arrières ; ou l'opérateur se rapproche d'un autre opérateur.
Free ? Pourquoi pas...
C'est Free - agressif avec succès, mais qui souffre de la faiblesse de son infrastructure réseau télécoms, alors qu'il s'agit d'une des forces de Bouygues – qui est le plus souvent évoqué. Surtout que le support de l'opérateur sur le réseau Orange est une épée de Damocles qui pèse sur Free. La piste SFR s'est tarie... Et Orange a certainement d'autres ambitions que d'affronter les autorités de la concurrence s'il augmente ses parts de marché par cette acquisition !
Même avec un entremetteur de la pointure d'Arnaud Montebourg, un mariage arrangé n'est pas la garantie du succès d'un couple. Et Martin Bouygues n'a certainement pas l'intention de se marier sans obtenir des garanties. Mais l'affaire n'est pas irréaliste. La valorisation de Bouygues Télécom ne serait 'que' de 4,4 milliards d'euros...