Dans la guerre des projets spatiaux privés, Google a finalisé une participation de 1 milliard de dollars dans le projet SpaceX d'Elon Musk (Tesla Motors). Se profile en objectif le contrôle de la plateforme internet du futur.

La conquête privée de notre proche espace attise l'attention des nouveaux géants des IT. Vitrines des projets en cours, Virgin Galactic s'est faite remarquer avec sa navette qui décolle portée par un avion - qui s'est pris une claque récemment après l'échec d'un vol qui a coûté la vie à son pilote d'essai – et SpaceX, des lanceurs commerciaux Falcon et un cargo Dragon, que la NASA exploite également afin de limiter son recours aux fusées soviétiques Soyouz.

L'après tourisme spatiale

Ces projets ciblent aujourd'hui le tourisme spatial. Malgré un risque estimé à 1 % des vols sub-orbitaux habités, les candidats de bousculent pour être parmi les premiers à connaître l'apesanteur à 100 kilomètres de la terre ferme. Les nouveaux conquérants de l'espace se limitent en effet à la zone de décrochement de l'atmosphère, située entre 80 km (pour la NASA) et 100 km (station ISS). Les sensations d'apesanteur sont bien là, et l'atmosphère raréfiée mais encore présente permet la combustion du carburant des moteurs fusées.

Mais voilà que d'autres projets émergent, qui n'ont rien à voir avec un loisir coûteux. Emmenés par Google et Facebook, leur but est commercial et se cache derrière le projet philanthropique de rendre l'internet accessible jusque dans les zones les plus inaccessibles... et souffrant d'une désertification numérique car non rentables pour les grands opérateurs télécoms.

Les projets en cours

Faisons le point sur les projets en cours et se qui se cache derrière, à savoir connecter la planète avec de l'internet haut débit satellitaire :

  • SpaceX


Le projet l'Elon Musk bénéficie d'un partenariat avec la NASA, qui a passé une commande pour 1,6 milliard de dollar pour alimenter la station ISS. Le créateur des voitures électriques Tesla envisage de déployer 700 microsatellites (4.000 dans le projet final) de 115 kg chacun, peu coûteux.

  • Virgin Galactic


Richard Branson travaille sur le projet OneWeb avec Qualcomm. Objectif : projeter 648 satellites en orbite à l'aide de son vaisseau LauncherOne, reconverti du tourisme à la livraison sub-spatiale.

  • Internet.org


Le projet de Marc Zuckerberg et Facebook repose sur des avions électriques à énergie solaire, sans pilote, qui couvriraient des zones délaissées – appelées 'le dernier milliard' en référence au milliard d'êtres humains qui ne sont pas couverts par des opérateurs - en volant plusieurs mois entre la zone des vols des avions de ligne et celle des 100 km, de manière autonome. Un projet qui, comme le suivant, a la particularité de chercher à offrir un internet à un prix très abordable.

  • Loon


Le projet de Google repose sur des ballons à air chaud ou à l'hélium, alimentés à l'énergie solaire, flottant dans la même zone que le projet Facebook, et répondant aux mêmes contraintes financières pour un internet à bas prix, pour couvrir en particulier des zones blanches. Un site pilote a été lancé en Nouvelle-Zélande. Et un partenaire prestigieux a rejoint le projet, le CNES, le centre spatial européen.

Google a également fait l'acquisition du fabricant de drones Titan Aerospace et commencé tester des drones relais internet. Et en riposte Facebook a fait l'acquisition de son concurrent Ascenta.

Connecter la planète

On le constate, l'objectif ici n'est pas la conquête de l'espace lointain, que nos entrepreneurs privés laissent bien volontiers aux organisations gouvernementales. Il est le proche espace, où le tourisme spatial s'efface au profit de l'exploitation commerciale des lanceurs (fusée et avion fusée) et des porteurs (ballon et avion solaire) pour couvrir la planète avec internet.

Chez les nouveaux géants de l'internet, la création d'un système global de communication ne peut être envisagée si les 2/3 de la planète ne sont pas couverts. Et si la population d'une part de zones fortement peuplées, mais trop pauvres pour être couvertes par les opérateurs, et d'autre part des zones reculées ne peut disposer d'une connexion.

Google investit dans SpaceX

La guerre des projets spatiaux pourrait bien prendre une nouvelle tournure avec l'annonce de l'investissement par Google d'un milliard de dollars dans le projet SpaceX. Avec une échéance pour l'accomplissement des projets de moins de 5 ans.

Larry Page, le co-fondateur de Google, avait déclaré lors d'une conférence TED que s'il abandonnait sa fortune à Elon Musk, celui-ci en ferait un meilleur usage que s'il la donnait à n'importe quelle œuvre de charité (!). Charité bien ordonnée commençant toujours par soi-même, le premier effet de cet investissement a été de valoriser SpaceX à 10 milliards de dollars.