Jeudi dernier, le cours du Bitcoin a montré des fluctuations particulières, enregistrant une baisse importante avant de rebondir subitement. La valeur de la cryptomonnaie a baissé de plus de 25 % à 5678 dollars avant de remonter à 6550 dollars en quelques heures. Ce mouvement en yoyo intervient dans un contexte financier morose sur les principaux marchés financiers. Pendant que le Bitcoin baissait avant de reprendre, les indices boursiers mondiaux ont fortement chuté. Le DAX et le FTSE 1000 ont au moins cédé 6 %, et une chute historique de 12% pour le CAC40. C’est également le cas des contrats à terme sur le S&P 500 (-4.5 %). Sur le marché asiatique, ce n’est pas mieux. L’indice Nikkei a également perdu 4.5 %.
Cette tendance à la baisse sur le marché financier mondial s’explique en grande partie par la pandémie actuelle de coronavirus qui a tendance à raviver la tendance à l’aversion au risque. De plus, la décision de Donald Trump de fermer les frontières des États-Unis avec l’Europe continentale ne répond pas aux attentes des investisseurs pour une relance budgétaire. Par ailleurs, les autres valeurs refuges comme l’or ne dégagent pas assez de marges. Le cours du métal jaune n’a pratiquement pas bougé, passant à 1642 dollars l’once après avoir observé une baisse allant jusqu’à 1630 dollars. Les obligations du Trésor américain ont également chuté, ce qui a poussé les rendements à la hausse. La vente massive observée à Wall Street n’a donc pas réussi à endiguer le phénomène. Le rendement du Trésor a augmenté de 10 points à 0.89 %, parallèlement avec la baisse du Dow Jones Industrial Average de 5.9 %.
Les difficultés rencontrées par les valeurs refuges s’expliquent en partie par l’action des investisseurs institutionnels qui sont en train de liquider des positions sur des actifs. C’est une opération prise en compte pour financer les appels de marge. Le rappel de marge est activé lorsqu’un investisseur n’arrive plus à maintenir la valeur du compte de levier en dessous d’une marge minimale fixée. Il va ainsi apporter davantage de capital ou de titres pour atteindre cette valeur. L’investisseur de Messari, Qiao Wang, admet que le marché boursier rencontre actuellement un problème de liquidité institutionnelle. Ce qui explique, selon lui, l’incapacité des bons du Trésor américain et l’or à soutenir la baisse du S&P.
Pour sa part, Jonathan Ferro de Bloomberg Markets pense que mercredi dernier a été la pire des journées pour les dernières semaines sur le marché financier. Il confirme que la baisse de la valeur des actions et le comportement des bons du Trésor expriment l’actuel stress de liquidité. Selon certains investisseurs, cela expliquerait le comportement du Bitcoin, cette dernière étant considérée comme une nouvelle source de liquidité. Selon le milliardaire et PDG de Galaxy Digital, Michael Novogratz, en cas de crise sur le marché, comme celle qui se passe actuellement, les investisseurs ont tendance à diminuer leur effet de levier pour compenser leurs pertes. C’est ce qui explique la baisse de 13 % du Bitcoin fin février, au moment même où le S&P 500 a observé une baisse à deux chiffres. Les chiffres du marché semblent confirmer ses paroles. En effet, les intérêts ouverts sur les marchés mondiaux ont diminué considérablement au cours des dernières semaines de tension, passant de 5 à 3.8 milliards de dollars en deux mois, indiquant un ralentissement des apports en liquidités institutionnelles. D’ailleurs, le volume des négociations des contrats à terme et l’intérêt ouvert ont aussi observé une baisse sur le Chicago Mercantile Exchange. Pourtant, c’est un des plus importants marchés de liquidités à terme. L’intérêt ouvert est, effectivement, passé de 338 à 171 millions de dollars en un mois sur ce marché (entre le 6 janvier et le 14 février). Arcane Research pense que les investisseurs institutionnels observent une pause vis-à-vis du Bitcoin à cause du coronavirus.
Dans tous les cas, cette situation risque de perdurer, étant donné que la pandémie n’est pas près d’être jugulée. Les stocks de liquidité vont continuer à baisser, mettant davantage de pression sur le Bitcoin. Certaines informations non confirmées prétendent que la Réserve fédérale américaine va baisser les taux d’urgence pour remettre en selle la disponibilité des liquidités. Néanmoins, la baisse des taux ne serait qu’une solution ponctuelle à cause du comportement naturel du marché pour lequel un assouplissement ne va pas systématiquement relancer l’économie.
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