Alors que les entreprises se demandent comment intégrer l’IA dans leurs processus métier, les dirigeants considèrent de plus en plus l'IA comme le moteur de la prochaine grande expansion économique. De nombreux pays ont élaboré des stratégies pour améliorer leurs capacités. Voici un état des lieux dans sept pays industrialisés.

Dans les années à venir, l'IA aura un impact énorme sur le développement économique et la nature du travail. C'est pourquoi de nombreux dirigeants estiment que l'avenir de leur pays est en jeu. Le rapport Future in the balance ? How countries are pursuing an AI advantage, évalue l'état de préparation et la maturité de l'intelligence artificielle dans sept pays dont la France.

L'Australie rattrape son retard

Les organisations australiennes ont une vision positive de l'importance stratégique de l'IA pour leur succès. Soixante-dix-neuf pourcents croient que l'IA sera « très » importante ou « d'une importance critique » pour leur entreprise d'ici deux ans. Malgré l'optimisme, 50 % des primo-adoptants de l'IA en Australie déclarent qu'elle les aide à « rattraper » ou à « ne pas se laisser dépasser » par la concurrence, plutôt que de faire la différence. C’est le taux le plus élevé parmi tous les pays. Il semble y avoir un décalage entre les niveaux perçus d'urgence et l'état de préparation.

Le Canada avance à pas comptés

Le Canada adopte une approche prudente, avec seulement 25 % des premiers adoptants du Canada indiquant qu'ils intègrent actuellement l'IA dans leurs produits et services, soit le taux le plus bas de tous les pays. Pourtant, au niveau national, le Canada déploie des efforts concertés pour renforcer ses capacités collectives en matière d'IA. C'est particulièrement vrai pour les talents, où le gouvernement a mis en avant des politiques visant à faciliter les formalités d’immigration pour les étrangers qui possèdent des compétences liées à l'IA.

La Chine accorde la priorité à la R&D

Voulant placer la Chine dans la chaîne de valeur de l’IA comme un fournisseur incontournable, le gouvernement chinois investit massivement dans la R&D sur l'IA. Quatre-vingt-cinq pourcents des répondants de Chine s'attendent à ce que dans deux ans, l’IA sera très importante pour le succès de leur organisation. C’est le niveau le plus élevé à l'échelle mondiale. Les organisations chinoises montrent des signes de maturité stratégique en mettant en place des politiques, des procédures et des mesures pour réussir dans l'IA. Près de la moitié (46 %) indiquent qu'ils disposent d'une stratégie globale à l'échelle de l'organisation pour l'adoption de la IA.

La France en manque de talents

Malgré le concert de lamentations des pleureuses qui se désolent de voir la France prendre du retard, celle-ci ne se classe pas si mal dans le concert des nations. Le gouvernement français fait du développement de l'IA une priorité, à la fois au niveau national et en travaillant largement avec l'Union européenne. De plus, Soixante-seize pourcent des primo-adoptants français croient que l'IA augmentera les capacités humaines. Mais l'enquête révèle également que les entreprises françaises ont du mal à trouver des talents et à intégrer l'intelligence artificielle dans les processus de leur organisation.

L'Allemagne mise sur la formation

Le gouvernement allemand cherche à accélérer l'adoption et le développement des technologies d'IA, mais les primo-adoptants semblent davantage aux prises avec les préoccupations éthiques entourant l'IA. Leurs principales préoccupations concernent l'utilisation de l'IA pour manipuler l'information et créer des inexactitudes et des suppressions d'emplois potentielles. Cependant, les préoccupations de la main-d'œuvre se sont traduites par une approche plus holistique pour combler le manque de talents en IA : les répondants d'Allemagne sont plus susceptibles que leurs homologues d'autres pays de mettre l'accent sur la formation.

Le Royaume-Uni accélère la cadence

Confronté à un éventuel trou d’air, dû aux incertitudes entourant le Brexit, dans sa marche vers l’IA, le Royaume-Uni fait montre d’une politique volontariste. Avec un démarrage rapide et de lourds investissements gouvernementaux, le Royaume-Uni est un participant enthousiaste à la révolution mondiale de l'IA. Quarante-cinq pourcent des répondants du Royaume-Uni affirment que l'IA sera d'une importance cruciale pour leur succès à court terme et 60 % prévoient d'augmenter leur investissement en IA de plus de 10 % l'an prochain. Il s'agit du taux le plus élevé parmi tous les pays étudiés.

Les États-Unis craignent les failles sécuritaires de l'IA

Les États-Unis continuent d'être un chef de file dans la recherche publique et privée sur l'IA, mais ce volontarisme s’accompagne de craintes concernant les défis sécuritaires de l’IA. La cybersécurité est l'une des principales préoccupations des cadres supérieurs aux États-Unis, après le risque concurrentiel chinois. Quarante-sept pourcents des répondants États-uniens s'inquiètent du vol de données sensibles et 45 % craignent que des personnes de l'extérieur influencent les modèles d'IA.

Source : Deloitte