La crise a été un révélateur à plus d’un titre, notamment en ce qui concerne le télétravail qui a révélé le fossé entre ceux qui peuvent accomplir leurs tâches professionnelles à distance et ceux qui ne le peuvent pas. D’après l’étude Oracle Odoxa, si le télétravail a été vanté pour permettre à plusieurs millions de salariés de continuer leurs activités, 54 % des Français estiment ne pas pouvoir télétravailler, quand seulement 10 % jugent qu’ils peuvent le faire à plein temps.
« C’est en y regardant de plus près que l’on peut mieux saisir cette disparité, estime Oracle dans un communiqué. La généralisation du télétravail n’a fait que renforcer les inégalités entre les cadres d’un côté, et les salariés, les indépendants et les ouvriers de l’autre, très souvent obligés de se rendre sur leur lieu de travail pour exercer leurs métiers ».Sans surprise, ce sont les cadres (67 %) qui sont favorisés pour télétravailler contre 21 % des employés et 7 % des ouvriers.
Un changement de culture s’impose
La validité du télétravail dans une période comme la crise actuelle n’est plus à démontrer pour la continuité de l’activité, mais malgré cela les barrières culturelles persistent. C’est ce qu’estime l’étude en affirmant qu’aujourd’hui, ce sont les entreprises qui doivent s’assurer que le télétravail peut se mettre en place efficacement. En effet, si 57 % des actifs jugent que leur entreprise est prête, sur le plan technologique, à permettre aux salariés de télétravailler, ils sont paradoxalement majoritaires (51 %) à considérer qu’elle n’est pas prête sur le plan culturel.
D’autres différences sont également à souligner, notamment générationnelles avec 36 % des 25-34 ans contre 22 % des 50-64 ans qui estiment que leur travail peut être effectué à distance. Sur les plans territoriaux et économiques, les différences sont manifestes : 40 % du travail des habitants de l’agglomération parisienne peut être réalisé à distance, de même que 33 % de celui des habitants de grandes métropoles, contre uniquement 19 % du travail des habitants de communes rurales. Les membres des foyers plus aisés (revenus mensuels supérieurs à 3 500 €) effectuent aujourd’hui 38 % de leurs tâches professionnelles à distance, contre uniquement 20 % des membres des foyers dits défavorisés (moins de 1 500 € mensuels).
Pour Caroline Elbaz, directrice des ressources humaines chez Oracle France : « La crise a incontestablement bouleversé les conditions de travail de chacun. D’un point de vue sociétal, la généralisation du télétravail plus massive en entreprise nécessite, de manière urgente, d’adapter le droit du travail à ces nouveaux modèles organisationnels, et impose ainsi de repenser l’entièreté des lois en vigueur qui s’appliquent au droit du travail ».