Si les années 2020 à 2022 ont été celles de la gestion de la crise et de ses suites, avec la prise de conscience de l’utilité du numérique pour la résilience, l’innovation et l’attractivité, les difficultés à l’horizon de l’année qui vient risquent de poser de nouveaux défis aux DSI. Durant la crise et après, ils sont montés au créneau non seulement pour résoudre les problèmes quotidiens sur les réseaux, les systèmes et aider les télétravailleurs, mais aussi pour préparer les entreprises à réussir dans un monde post pandémique.

D’après SaberLaabidi, expert Technology Strategy et Transformation chez Magellan Consulting, « les IT leaders et les DSI définissent leurs objectifs prioritaires pour 2023 en trois grands points : soutenir la consommation en hausse du cloud ; transformer les opérations pour fluidifier les interactions des équipes d’exploitation avec le reste des départements et automatiser ce qui est fait autour des infrastructures ; travailler en étroite collaboration avec les métiers, démontrer la valeur commerciale et, de manière plus opérationnelle, détecter la demande entrante à laquelle vont faire face les métiers afin de préparer, de façon proactive, les équipes cloud et opérations ».  

« L’inflation peut plomber les budgets »

Le tout dans un environnement financièrement plus contraint, car « l’inflation peut plomber les budgets », estime le spécialiste de chez Magellan Consulting. Les CEO et les CFO débloqueront-ils les budgets alors que l’incertitude d’un ralentissement économique plane sur l’ensemble des régions du monde ?D’après l’étude Gartner 2022 Leadership Vision for Infrastructure & Operations, de bonnes et de mauvaises nouvelles sont à retenir en ce qui concerne les budgets informatiques. La bonne : plus de 80 % des DSI déclarent qu’ils voient une augmentation du budget informatique l’année prochaine, et 24 % d’entre eux s’attendent même à une augmentation à deux chiffres.

Mais que se passera-t-il si le ralentissement économique est pire que prévu ? L’inflation et la montée des taux des banques centrales resserrent les conditions financières et réduisent la portée des budgets déjà alloués. Combiné à la pénurie de compétences, ces défis risquent d’obérer les opérations. Pour y faire face, SaberLaabidi estime que « le moyen de sortir de cette pénurie de talents n’est pas d’arracher les talents à la concurrence, mais de former et de faire grandir les compétences en interne, sans relâche ».  

Étoffer les équipes cloud et opérations

« Les entreprises doivent être créatives sur la façon de trouver et de recruter les talents, estime-t-il. Si les personnes possédant les compétences exactes recherchées restent introuvables, les recruteurs devraient s’orienter vers des compétences adjacentes ». Les entreprises doivent maintenir leurs efforts de transformation pour migrer des SI historiquement inadaptés, mais aussi pour adopter les technologies de nouvelle génération. « Elles ont besoin de personnes dans les équipes cloud et opérations qui soient capables de construire, de gérer et d’exploiter la prochaine génération de technologies de plateforme. Les équipes informatiques doivent fondamentalement repenser leurs hypothèses sur la disponibilité des ressources, les performances ainsi que la consommation d’énergie lorsqu’elles déploient une infrastructure en périphérie ».

L’un des moyens pour y arriver est d’opter pour les technologies de plateformes : « l’un des thèmes les plus importants observés au cours des deux dernières années, affirme-t-il, est la création d’équipes d’ingénierie de plateforme qui travaillent directement avec les développeurs pour permettre un libre-service aux développeurs ». Cela inclut la connaissance de Git, CI/CD, GitOps et un nombre croissant de technologies de calcul et de compilation émergentes. « Pensez aux conteneurs, Kubernetes, aux fonctions Serverless. Ce sont les technologies de plateforme de nouvelle génération sur lesquelles les développeurs construisent leurs applications, les applications cloud natives ».  

Automatisation et libre-service sont prioritaires

Enfin, l’automatisation et le libre-service constituent le chantier prioritaire pour soulager les équipes informatiques, en dégrossissant le travail de fourmi et en introduisant de l’intelligence dans les processus. Dans les équipes cloud et opérations il faudra surtout des nouvelles personnes orientées automatisation. « Désormais, il faudra considérer l’infrastructure comme un code, il faudra penser au GitOps, au scripting et à l’ordonnancement. Il s’agira de gérer de manière approfondie non seulement l’approvisionnement de l’infrastructure, mais tout le cycle de vie de l’infrastructure », affirme SaberLaabidi.

Dans ce contexte, les entreprises auront besoin de plus de talents ayant des compétences cloud : en ingénierie cloud et en opérations cloud, de personnes pour faire la supervision et l’observabilité, non seulement pour surveiller l’infrastructure, mais aussi pour surveiller les services et les applications. Elles auront en outre besoin de toutes les compétences orientées « opérations de plateforme ».