Le quotidien L'Opinion a relancé la rumeur du développement d'un système d'exploitation français, voire européen, souhaité par le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. Rien de bien neuf au soleil de France...
Le ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique Arnaud Montebourg serait favorable à la création d'un système d'exploitation (OS) « made in France », affirme le quotidien L'Opinion. L'objectif serait de résister à la « colonisation numérique » en provenance des Etats-Unis.
Largement reprise par la presse française, l'information n'apporte pourtant rien de nouveau. L'idée de la création d'un OS français, voire européen, n'est pas nouvelle. Au delà des travaux communautaires et scientifiques principalement orientés Linux, elle a été relancée il y a quatre ans par le PDG d'Orange, qui réunissait autour de lui les quatre géants européens des télécoms, Orange, donc, Deutsche Telekom, Telefonica et Vofafone. Un projet qui à notre connaissance est resté sans suite.
Pourquoi un tel projet ?
D'un coté, prise dans son acceptation classique, la création d'un OS localisé devrait répondre à des objectifs géopolitiques et sécuritaires. Mais d'un autre coté, il semblerait qu'elle réponde plutôt à des objectifs purement mercantiles. En effet, l'idée soutenue par Orange serait plutôt de dépouiller l'OS open source Android de Google de ses composants les plus américains, pour les remplacer par des composants renvoyant vers un contenu contrôlé par Orange et ses partenaires.
Ce seraient donc plutôt les places de marché et app-store des constructeurs qui seraient visés. Tout ce qui passe par ces app-store enrichit le constructeur et non pas l'opérateur. En imaginant un OS propriétaire qui équiperait les smartphones vendus à ses clients, Orange entend les détourner du miroir aux alouettes des applications et services qu'ils vont actuellement chercher chez Apple, Google ou Microsoft ! Un marché énorme puisque les clients des opérateurs européens sont proches du milliard d'individus...
Les OS non américains existent !
L'article de L'Opinion évoque également le développement d'une infrastructure locale, plus sûre et respectueuse de l'utilisateur. Pour autant, ces infrastructures existent déjà, et les projets d'OS localisé ne sont pas nouveaux. Ajoutons à cela que les ministères multiplient les licences open source, en particulier GNU/Linux, que les opérateurs soutiennent également. Ainsi Deutsche Telekom, Telefonica et Telecom Italia ont retenu Ubuntu (Linux) et Firefox.
Alors si l'idée d'un OS français et européen n'est pas nouvelle, et si des travaux ont déjà été engagés dans ce sens, ils s'affichent sans grand résultat médiatique, et demeurent concrètement difficile à mettre en place. La diversité linguistique de l'Europe n'est pas simple à gérer et demande beaucoup de ressources pour localiser les produits et les services. Et puis, même si Android reste open source, c'est Google qui continue de tenir la barre. On a fait mieux en matière d'indépendance...