Face à Dell et EMC ou encore Cisco et Ericsson qui font figure d'exception, la majorité des entreprises IT qui se heurtent à la disruption et au risque de l'uberisation préfèrent se concentrer, quitte à réduire leur taille, plutôt que jouer la carte de la méga-consolidation.
C'est un phénomène qui prête à réflexion : d'un coté, certains pensent qu'il vaut mieux être deux et voir plus grand pour affronter la concurrence ; de l'autre, des géants font exactement le contraire, se divisent, réduisent la voilure, se délestent de ce qui n'est pas assez rentable, et concentrent leur attention.
- D'un coté, nous avons Dell qui se lance dans le rachat d'EMC (et de VMware) ; Cicsco qui se rapproche d'Ericsson dans le but de créer un partenariat stratégique ; et même Microsoft qui passe un accord contre nature avec Red Hat pour vendre Red Hat Enterprise Linux sur Azure.
- De l'autre, nous avons Symantec qui essaime Veritas ; eBay qui pourrait se séparer de PayPal ; et surtout HP qui se divise en deux sociétés distinctes, HPE (Hewlett Packard Enterprise) et HP Inc., qui tranche dans son cloud en mettant fin au cloud public Helion, et qui cède TippingPoint.
Plus grand pour faire plus… et mieux ?
Deux têtes valent mieux qu'une ! Pour lutter contre les disruptions du marché, certains acteurs, et pas des moindres, cherchent donc à se regrouper. L'idée n'est pas nouvelle, et elle entre clairement dans une certaine vision des marchés financiers, celle de la consolidation.
Mais ici elle prend une tournure différente, car il ne s'agit plus de créer des géants de l'industrie, mais de trouver une réponse à une autre tendance du marché, celle de l'uberisation. Prenons un exemple : le rapprochement de Cisco et d'Ericsson a pour objectif de créer un marché de 1 milliard de dollar. Dans le même temps, les jeunes pousses de l'uberisation ciblent le même chiffre, en devenant des licornes, c'est à dire des entreprises dont la valorisation boursière dépasse le milliard de dollars.
L'enjeu est considérable, deux complexes industriels (Dell/EMC, Cisco/Ericsson) ou produits majeurs (Azure/RHEL) vont à la pêche de ce que des structures de 50 à 100 personnes font, tout en contentant les marchés financiers…
Plus petit pour être plus agile… ou pour attirer l'attention ?
Certaines entreprises, et là encore pas des moindres, font tout le contraire, et affirment qu'être plus petites les rendra meilleures. La première étape du programme est simple : réduire la taille, se rapprocher du client, avec moins de bureaucratie (cela reste à démontrer!) et plus d'agilité. Et la seconde tout aussi : concentrer ses ressources sur ce qui est le plus rentable en se délestant du reste. Voire parfois, comme HP avec Helion, tuer ce qui s'annonçait rentable… et reconnaître par là même qu'Amazon AWS a gagné !
Ce mouvement s'accompagne de la volonté - pour lutter contre ceux qui ont l'outrecuidance de venir marcher sur leurs platebandes avec le succès qu'on leur connaît - de se concentrer d'avantage sur leur coeur de métier.
Avec un nuage (cloud) qui change les règles du jeu et les dynamiques du marché, et des entreprises qui bousculent les business models jusqu'à la rupture, chacun cherche les moyens de faire face au changement. Nous sommes dans un véritable laboratoire grandeur nature, dont les résultat des expérimentations demeurent incertains. Ce qui est certain, en revanche, c'est que demain ne sera pas comme aujourd'hui. Mais qui survivra à la transformation ?
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