Le Syntec Numérique peut se féliciter des résultats du secteur IT - dont un 'record' dans les recrutements - pour un bilan final côté emploi qui en réalité se révèle déséquilibré et décevant.
Vu du coté des entreprises du secteur, éditeurs et intégrateurs membres du Syntec Numérique se félicitent des résultats obtenus, des créations d’emploi de 2014, des résultats de 2015 et des prévisions pour 2016. 12.000 créations nettes d’emplois en 2014, 2,2 % de croissance en 2015 et 2,6 % prévus pour 2016.
Certes, sur un plan macro économique les chiffres présentés sont bons. Surtout qu'ils s'accompagnent d'un nombre important de contrats en CDI (93,9%), et d'une proportion de cadres exceptionnelle (69,3%). Seulement à y regarder de plus près, le chômage des informaticiens ne cesse d'augmenter, et pour 12.000 emplois créés en 2014, ce sont environ 45.000 chômeurs recensés fin 2015 par Pôle Emploi qui restent sur le bord de la route.
Que se passe-t-il ?
Face au « record des recrutements », l'organisation concède « un petit bémol ». Doux euphémisme pour évoquer les dizaines de milliers de chômeurs, des salaires qui n'évoluent pas, une pyramide des âges complètement écrasée sur sa base, une mixité qui reste à construire malgré de réelles actions pour tenter de séduire les femmes. Auxquels s'ajoute « un manque d'attractivité » qui fait peur !
Plusieurs raisons viennent justifier ces faits. Pour Godefroy de Bentzmann, président de la commission Social du Syntec Numérique et candidat à la succession de son président Guy Mamou-Mani, les SMACS (Social-Mobile-Analytics-Cloud) porteraient une lourde responsabilité en créant des métiers nouveaux qui réclament des compétences nouvelles, comme le cloud, les analytiques, DevOps ou la sécurité. D'ou un déséquilibre entre des compétences 'anciennes' qui ne trouvent plus preneur et des besoins nouveaux qui faute de connaissances acquises ne sont pas servis.
Accusées de jeunisme pour baisser les prix
Le reproche n'est pas nouveau, les entreprises du secteur sont accusées depuis longtemps de jeunisme. Plus précisément, elles recruteraient des jeunes afin de baisser leurs prix au détriment des plus âgés donc expérimentés. En président de la commission Social du Syntec Numérique, Godefroy de Bentzmann répond en constatant que pour la première fois en 2013, la tanche des 35/39 ans est passée devant celle des 25/30 ans. Pour autant la pyramide des âges du secteur demeure fort déséquilibrée. Totalement écrasée sur les tranches les plus jeunes – les plus de 45 ans ne représentent que 25 % des effectifs – et une féminisation qui, en grattant jusque du coté des fonctions supports, doit se contenter d'un piètre 27,1 % !
Derrière les déclarations d'intention, les entreprises du secteur IT ont encore un gros effort à consentir avant de pouvoir redresser la barre et se montrer plus exemplaires en matière d'emploi. Une mission difficile car, comme l'a évoqué Godefroy de Bentzmann, avec moins d'un jeune sur deux et à peine 10 % des femmes qui affichent une connaissance du secteur, celui-ci souffre véritablement d'un manque d'attractivité. Et certainement de volonté, car pourquoi ne recruter que 16 % de cadres de 11 ans d'expérience ou plus, un chiffre nettement en dessous des pratiques nationales ? C'est toute l'ambiguïté de l'emploi IT !
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