Nvidia pourrait reprendre l’expédition de ses processeurs H200 vers la Chine d’ici la mi-février 2026. L’information, révélée par Reuters, signale une nouvelle phase dans le dossier complexe des GPU d’intelligence artificielle entre Washington et Pékin. Derrière cette perspective commerciale, il y a plusieurs années de restrictions, de contre-mesures et d’ajustements politiques qui ont profondément remodelé le marché mondial des semi-conducteurs avancés.

L’histoire récente commence avec le durcissement progressif des contrôles américains visant à limiter l’accès de la Chine aux composants les plus puissants utilisés pour l’entraînement de modèles d’IA. Les puces de Nvidia, dont les H100 puis les H200, se sont très vite retrouvées au cœur de ces restrictions. Ces mesures avaient pour objectif officiel de protéger l’avance technologique américaine et de réduire les risques d’usages militaires. Elles ont conduit Nvidia à concevoir des versions dégradées spécialement destinées au marché chinois, sans véritable succès commercial face aux exigences locales en matière de performance.

Au fil des mois, la pression économique s’est ajoutée à la pression géopolitique. Les entreprises chinoises ont cherché des alternatives, accélérant leurs propres projets de conception de processeurs, tandis que les industriels américains ont alerté sur les conséquences financières et industrielles d’un découplage trop brutal. Dans ce climat tendu, Washington a fini par ajuster sa ligne. Certaines exportations sont désormais de nouveau envisageables, mais uniquement sous conditions strictes, notamment une taxation à 25 pour cent et un cadre d’autorisation renforcé.

Un dossier sensible, malgré la reprise des exportations

C’est dans ce contexte que s’inscrit la perspective de reprise des livraisons du H200. Selon Reuters, Nvidia a informé des clients chinois qu’elle serait en mesure d’expédier plusieurs milliers de modules à partir de stocks existants, possiblement avant le Nouvel An lunaire. Cette planification reste toutefois dépendante de l’approbation des autorités chinoises. Parallèlement, aux États-Unis, plusieurs élus demandent des garanties supplémentaires et davantage de transparence sur les licences d’exportation, signe que le dossier reste sensible.

Le H200 n’est pas la puce la plus récente de Nvidia, mais il occupe encore une place stratégique pour de nombreux projets d’IA. Son éventuel retour en Chine ne réglerait pas toutes les tensions, mais il révèle une réalité installée. Les États-Unis cherchent un équilibre entre sécurité nationale et maintien d’une dynamique industrielle forte. La Chine, elle, continue de sécuriser ses capacités de calcul tout en renforçant ses propres filières. Entre régulation, dépendances croisées et stratégies d’influence, le feuilleton des GPU confirme que l’IA n’est pas seulement une affaire d’innovation, mais aussi une affaire de puissance.

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